Skip to main content

La violence dans le couple de Hirigoyen

Les ressorts de la violence dans le couple de Hirigoyen

La violence psychologique
C'est quand une personne adopte toute une série d'attitudes ou de propos visant à dénigrer et à nier la façon d'être d'une autre personne ; ces gestes ou ces paroles ayant pour but de déstabiliser ou de blesser.
Pour certains, c'est une façon d'être en relation. Nier l'autre, le considérer comme un objet, sont destinés à le soumettre, à le contrôler et à garder le pouvoir. Créer ou mettre l'autre sous tension en le mettant mal à l'aise ou en insécurité apporte une jouissance et est un procédé destiné à mettre l'autre sous emprise.
Certains mots, certaines attitudes tuent tout aussi sûrement que les coups.

Le contrôle se situe d'abord dans le registre de la possession et peut être d'empêcher la femme de progresser professionnellement.

L'isolement progressif, que ce soit social ou professionnel afin que sa vie soit uniquement tournée vers lui amène les femmes à dire qu'elles se sentent prisonnières.
Puis la femme, elle-même, s'isole pour avoir la paix, ne supportant plus la pression que lui fait subir son conjoint.

La jalousie pathologique se traduit par une suspicion constante, une attribution d'intention, fondée sur aucun élément de réalité car elle provient d'une tension interne. Même si la femme se soumet, il y aura toujours une insatisfaction car elle reste « autre » et pour lui c'est insupportable : ce que le conjoint ne supporte pas, c'est l'altérité de la femme.
Le basculement dans la jalousie vient d'un sentiment de dévalorisation et plutôt que de se remettre en question l'homme décharge sa tension interne sur sa partenaire par sa jalousie et refuse la réalité.

Le harcèlement c'est répéter à satiété des messages afin de saturer les capacités critiques et le jugement de l'autre.

Le dénigrement : Par des attitudes dédaigneuses, de mépris, d'indifférence ou de paroles blessantes, le dénigrement atteint l'estime de soi du partenaire. C'est aussi dénier ses idées, ses capacités intellectuelles mais surtout ses émotions. Les attaques peuvent porter sur le « féminin » personnel ou général.
La disqualification peut se faire par des mots qui paraissent sincères et corrects. Il s'agit de manipuler la femme sans qu'elle en prenne conscience, d'attaquer son estime de soi, de l'amener à perdre confiance en elle. Ce dénigrement systématique amène une rupture identitaire et un effondrement intérieur.

Les humiliations : Humilier, rabaisser, ridiculiser est le propre de la violence psychologique. L'autre n'étant que l'exutoire à la rage que l'on porte en soi ; il n'a pas d'existence propre et n'est pas respecter dans son altérité.

Les actes d'intimidation comme claquer les portes pour manifester sa mauvaise humeur, se défouler sur un objet pour faire passer la menace et l'hostilité. Le but est de faire naître la peur.

L'indifférence aux demandes affectives : La violence morale, c'est aussi le refus d'être concerné par l'autre ; se montrer insensible, inattentif ou afficher ostensiblement du mépris ou du rejet. C'est ignorer les besoins, les sentiments ou créer intentionnellement une situation de manque et de frustration chez l'autre pour le maintenir en insécurité ou en dépendance affective. C'est refuser de lui parler ; c'est bouder plusieurs jours sans que l'on sache pourquoi ; c'est aussi ne pas tenir compte de l'état physique ou psychologique de l'autre.

Les menaces : L'anticipation d'un coup fait autant de mal pour le psychisme que le coup porté et maintient un pouvoir sur l'autre.

Tous ces agissements, pris séparément, pourraient s'inscrire dans le cadre d'une scène de ménage classique ; c'est leurs répétitions et leur durée dans le temps ainsi que l'asymétrie dans les échanges qui constituent la violence.
Contrairement à ce qui se passe dans un conflit conjugal où il existe une limite, dans une relation fondée sur la violence psychologique celui qui est violent vise les émotions ou les fragilités émotionnelles de son partenaire et s'en nourrit.
Cette forme de violence est un processus visant à établir ou maintenir une domination sur le partenaire ; elle se répète et se renforce avec le temps. C'est la répétition de ces manques de respect, de ces critiques qui provoque une véritable usure mentale pouvant conduire à la dépression, au suicide ou, au mieux, à la violence de l'autre.
Elle est déniée par l'agresseur qui l'utilise pour rester dans sa position de toute puissance et la justifie par le comportement inapproprié de leur compagne.

Violence cyclique ou perverse ; savoir les distinguer

La violence cyclique concerne souvent des personnalités borderline ; elle s'installe progressivement dans le couple par de la tension et de l'hostilité.
Le cycle se déroule en quatre étapes et de manière répétitives.
-Une phase de tension, d'irritabilité de l'homme, liées selon lui à des soucis ou des problèmes de la vie quotidienne. Pendant cette phase, la violence transparaît à travers les mimiques (silences hostiles, bouderies), les attitudes (regards, indifférence, déni) ou le timbre de la voix (ton irrité) et tout ce que fait la compagne énerve.
Celle-ci, sentant cette tension se bloque, s'efforce d'être gentille, de calmer le jeu pour faire baisser la tension. Pour cela, elle renonce à ses propres désirs et fait en sorte de satisfaire son compagnon. Pendant cette phase, l'homme tend à la rendre responsable des frustrations et du stress de sa vie. Si elle demande ce qui ne va pas, son compagnon répond que tout va bien, que c'est elle qui invente, qu'elle a une perception fausse de la réalité et il tente de la culpabiliser.
-Une phase d'agression verbale, physique. L'éclatement de la violence soulage et libère l'énergie négative accumulée. L'agression amène rarement de la colère chez la femme mais plutôt de la tristesse et un sentiment d'impuissance ; démunie en raison de l'emprise, elle n'a souvent pas d'autres solutions que la soumission.
-Une phase d'excuses où l'homme cherche à annuler ou minimiser son comportement et trop souvent la femme prend pour argent comptant les belles promesses et accorde facilement son pardon.
-Une phase de réconciliation, appelée aussi « lune de miel », où l'homme adopte une attitude agréable, est soudainement attentif, prévenant, se montre amoureux et fait des efforts pour rassurer sa femme.
C'est la peur de l'abandon qui conduit ce changement et c'est cette même peur quoi va leur faire reprendre, plus tard, le contrôle sur leur femme.
Pendant cette phase, la femme reprend espoir car elle retrouve l'homme charmant qui a su la séduire. Elle pense qu'elle va réparer cet homme blessé avec de l'amour. Malheureusement, cela ne fait qu'entretenir l'espoir et augmenter son seuil de tolérance.
Au fur et à mesure que la violence est installée, la période de rémission diminue et le seuil de tolérance de la femme augmente.
Chez l'homme violent, il y a une sorte d'addiction à ce comportement. Lorsque le cycle est initié, il ne peut être rompu que par l'homme lui-même. La femme, quelle que soit son attitude n'a aucun moyen de l'arrêter : le réconforter, le cajoler, l'observer, guetter les signes, tenter de s'expliquer, changer de pièce, fuir. Certaines répondent par la violence et passent elles-mêmes pour violentes. Néanmoins pour certains hommes ce type de réaction marque une limite à ne pas dépasser.

La violence perverse se caractérise par une hostilité constante et insidieuse. De l'extérieur, tout semble se passer normalement ; la femme éblouie par l'homme séduisant est prête à tout donner car elle est fascinée. Mais la tranquillité est vite troublée par la peur qui s'insinue en elle et se transforme progressivement en angoisse. Elle ne comprend pas. Il ne s'est rien passé ou presque. Elle se demande si elle est trop sensible et se le reproche ; d'autant que son partenaire lui dit qu'elle se fait des idées. Et pourtant, par des petites attaques verbales, des regards de mépris et surtout par une distance froide, il semble lui reprocher quelque chose, mais elle ignore quoi. En ne nommant pas ce qui pose problème, il détient un pouvoir sur elle. Il n'est aimable que lorsqu'il a besoin d'elle. Généralement, elle préfère se soumettre, espérant ainsi trouver un abri durable.
La violence perverse est un pur concentré de violence. Elle s'infiltre dans l'esprit de l'autre afin de l'amener à s'autodétruire. Ce mouvement mortifère se poursuit même en dehors de la présence de celui qui l'a mis en place et est même contagieux.

L'emprise

La vulnérabilité psychologique
Le masochisme féminin serait propre à l'être de la femme et en liaison à sa passivité. Or d'après Sacher-Masoch, le sado masochisme n'est pas basé sur la passivité. .

Problématiques psychiques complémentaires à partir desquelles se fait le choix amoureux.
Une femme ayant un fort besoin d'aider, de réparer peut choisir un partenaire qui a besoin qu'on s'occupe de lui. Un homme ayant besoin de dominer choisira une femme soumise et dépendante. Chacun, dans ce choix, maintient son équilibre interne et lutte contre ses angoisses.
Une dépendance au partenaire peut être acceptable s'il existe un échange, une réciprocité, un respect. Mais il faut se méfier des mots à double sens : « s'abandonner » peut signifier se lâcher en toute confiance dans l'acte sexuel mais aussi capituler devant la volonté de l'autre.

Pour des raisons socioculturelles ou familiales, une femme ayant peu d'estime d'elle-même se placera dans la soumission. Elle se montrera trop tolérante, ne sachant pas mettre de limites aux comportements abusifs de leur compagnon. Elle n'arrive pas à dire ce qui est acceptable pour elle ou ne l'est pas. Si elle manque de confiance en elle, elle va chercher à se valoriser dans le regard de l'autre et se sentir exister quand l'autre a besoin d'elle ; elle veut tout donner, en fait trop, se souciant des autres plus que d'elle-même. Elle ne demande rien, comprend et pardonne ; ainsi, à défaut d'un pouvoir officiel, elle se place dans la toute-puissance.
Un équilibre peut être trouvé tant que le partenaire manifeste sa reconnaissance pour tout ce qui est fait pour lui. Mais pour peu qu'il se montre ingrat ou indifférent, la femme trop maternante risque de se sentir rejetée et réclamer plus d'affection. Submergé par cette demande, l'homme peut réagir de manière violente.
Les hommes ont une problématique inverse : à l'impuissance apprise des femmes correspond la puissance apprise ; ils doivent être omnipotents et souffrent de ne pas se sentir à la hauteur.
Les hommes violents savent repérer le coté réparateur d'une femme et s'en servir pour justifier leurs dérapages de comportement.

Comprendre
Une difficile prise de conscience
Les petites attaques se transformant en harcèlement moral diminuent résistance et capacité de réactions; la domination et la jalousie sont d'abord tolérées ou acceptées comme preuve d'amour.
Tant qu'il y a un équilibre entre contrôle, dénigrement et gentillesse, c'est supportable. La femme finit par douter de son ressenti. Et un passage progressif se fait de la domination à la violence.

La mis en place de l'emprise passe par la phase de séduction qui donne l'illusion d'un échange affectif. La femme est accrochée à ce qui ressemble à un amour intense ou love bombing. Cette séduction vise les instincts protecteurs de la femme : l'homme se présente comme une victime d'une enfance ou d'un divorce malheureux. Il ne s'agit pas d'une séduction amoureuse réciproque mais d'une séduction narcissique destinée à fasciner l'autre et en même temps, à le paralyser.
Cette phase de séduction est en même temps, une phase de préparation psychologique à la soumission ou comme l'appelle Racamier de « décervelage ». La femme est déstabilisée et sa liberté s'érode petit à petit suite à des microviolences ou de l'intimidation. Elle est empêchée de discuter ou de résister.
La relation d'emprise bloque la femme et l'empêche d'évoluer et de comprendre. L'homme violent neutralise ses désirs, réduit ou annule son altérité pour la transformer en objet. Il s'attaque à sa pensée, induit le doute et disqualifie ce qu'elle dit ou ressent.
L'emprise l'empêche de se révolter contre l'abus ; « son âme devient esclave de l'autre »
Par ce processus l'homme ne cherche pas au départ à détruire sa compagne mais à la soumettre et à la garder à sa disposition ; la dominer, la contrôler afin qu'elle reste à sa place d'objet. La destruction ne vient qu'après.

Le conditionnement des victimes
Le lavage de cerveau ou persuasion coercitive.
- les techniques comportementales qui consiste à isoler la personne, à contrôler l'information qu'elle reçoit, la mettre dans un état de dépendance, la fragiliser.
- Les techniques de type émotionnel correspondent à la manipulation verbale, à une attitude hostile, des gestes d'intimidation ou de représailles, alternant clémence et sévérité afin de placer la personne dans l'incertitude et la confusion.
- Les techniques cognitives en engendrant le doute, l'ébranlement des références intérieures de la personne et son narcissisme. En multipliant les messages contradictoires on peut paralyser l'autre, le laisser dans l'incapacité de penser, d'agir, de s'opposer. Ces messages paradoxaux entraînent un épuisement physiologique, un effondrement de leur capacité critique et un fonctionnement automatique.

La mise en place de l'emprise se fait grâce à la communication perverse. Ce fonctionnement peut donner l'illusion de la communication, n'est pas là pour relier mais pour éloigner et empêcher l'échange.
Les procédés sont stéréotypés :
-Refuser la communication directe : elle se réduit à des sous-entendus, des remarques apparemment anodines mais déstabilisantes ; aucune réponse n'est donnée aux questions posées.
-Déformer le langage : le message est délibérément flou et imprécis. Il vise à désorienter l'autre tout en le culpabilisant. La tonalité implique des reproches non exprimés ou des menaces voilées.
-Mentir : ce peut être répondre à coté ou de façon indirecte, ou par un assemblage de sous-entendus, créer un malentendu pour se déresponsabiliser et mettre en cause l'autre.
-Manier le sarcasme, la dérision, le mépris, le cynisme pour créer une atmosphère désagréable.
-Déstabiliser l'autre par des messages paradoxaux
-Disqualifier
Au fond, il s'agit de faire passer des sentiments hostiles, sans que rien ne soit jamais exprimé, afin d'empêcher l'échange.

L'emprise peut aussi produire des modifications de la conscience, une sorte d'état hypnotique.
L'influence de l'agresseur sur son partenaire diminue sa capacité critique, le fait entrer dans une sorte de transe qui modifie ses perceptions, ses sensations et sa conscience. Il se produit une déconnexion entre le néocortex et le cerveau reptilien induisant une vulnérabilité à la suggestion.

L'impuissance apprise diminue la capacité des femmes à trouver des solutions. Elle se produit lorsque les agressions sont imprévisibles et incontrôlables et qu'il n'y a aucun moyen d'agir pour changer la situation. Les femmes disent qu'elles ne savent jamais quand et pourquoi la tension apparaîtra et constatent que toutes leurs tentatives pour calmer leur partenaire sont vaines parce que, en fait, ça ne dépend pas d'elle.
L'anticipation est impossible, car l'homme violent passe d'un registre de fonctionnement à l'autre. Cela entraîne chez la femme un manque de motivation, un sentiment d'incompétence, de vulnérabilité ou de dépression lié au traumatisme émotionnel. (C'est en cela qu'une réaction de saine colère de la femme devient protectrice pour elle et la relie à j'existe et me fais respectée. Voir Neige Blanche et Rose Rouge)

La soumission au conjoint violent est aussi une stratégie d'adaptation et de survie.

Les mécanismes d'adaptation à la violence
Les effets de la violence varient en fonction du niveau de menace et de la fréquence du comportement violent.
-Quand les violences sont de basse intensité comme dans les microviolences, et surviennent à un moment inattendu, il se produit une réaction de surprise et d'incrédulité.
-Quand les violences sont habituelles et de basse intensité, il se produit une anesthésie.
-Quand les violences sont de forte intensité et inattendues, une réaction d'alerte se produit qui peut être offensive ou défensive, amenant la personne soit à fuir soit à affronter la situation.
-Quand la violence est extrême et qu'il y a un risque mortel, on observe une altération de la conscience, un état de désorientation et une paralysie des réactions. Lorsque la peur est intériorisée, il n'y a plus de réaction apparentes.

Face à un conjoint violent, il est difficile de distinguer ce qui est de l'ordre de la contrainte et du compromis car une femme qui a un partenaire abusif finit par s'adapter. Et veille à ne pas lui déplaire. Vivant dans un climat de tensions continuelles, elle s'y habitue car elle doute de ses propres émotions et de sa compréhension de la situation.

La dépendance est une conséquence de l'emprise et de la manipulation. Il se crée une véritable addiction (mécanismes neurobiologiques et psychologiques) au partenaire pour éviter de souffrir et obtenir un certain apaisement.
Dans la violence conjugale cyclique où l'emprise n'est pas au premier plan, l'alternance de phases d'agression et d'accalmie ou même de réconciliation crée un système. Chaque fois que l'homme est allé trop loin et que la femme pourrait partir, elle est « raccrochée » par un peu de gentillesse ou d'attention. Induisant une confusion entre amour et sexualité, la réconciliation se fait sur l'oreiller.

L'inversion de la culpabilité. Les femmes pensent que c'est parce qu'elles n'ont pas su le combler, ni s'y prendre avec lui ou ont un comportement inadapté.
La femme porte la culpabilité que son partenaire n'éprouve pas. En fait, la culpabilité s'inverse parce qu'elle ne parvient pas à formuler ce qu'elle subit et en faire le reproche à son homme. Les fautes qui ne sont pas nommées sont « portées » par celui qui les subit en attendant qu'elles soient reconnues par leur auteur. (voir Lévitique 17) Il s'agit d'une double blessure ; la culpabilité masque l'agressivité que ces femmes ne réussissent pas à éprouver.

Le stress post-traumatique.

Qui sont les individus violents

Les pires tyrans sont ceux qui savent se faire aimer. Spinoza

Les personnes violentes ont souvent une personnalité borderline ou antisociale. Une enfance difficile ou des manques affectifs font souvent le lit de la violence chez les hommes. Néanmoins le malaise ne doit pas être une excuse pour détruire la partenaire mais plutôt une raison d'entreprendre une psychothérapie.
Certains hommes attendent de leur relation de couple, une satisfaction immédiate, sans chercher à s'investir et à résoudre les difficultés ou les conflits autrement que par la violence.
Il arrive aux femmes ayant subi des maltraitances ou des abus dans l'enfance d'avoir recours à la violence mais le plus souvent elles ont perdu leurs limites et sont plus vulnérables, plus perméables à une agression.


La fragilité des hommes
La déresponsabilisation
Tous les hommes violents ont tendance à minimiser leurs gestes et à se trouver des causes externes, notamment la conjointe ; contrairement à la femme victime qui cherchera une explication interne à l'apparition de la violence de leur partenaire.
Contrairement à ce que l'homme prétend, ce n'est pas un comportement précis de sa compagne qui provoque son agressivité mais il se sert de se prétexte pour justifier son comportement. Ils deviennent irritables sans raison apparente ( poussées d'Anima chez Jung), cherchent une occasion pour justifier leur irritabilité et leur tension augmente en intensité.
Les causes extérieures invoquées sont stéréotypées : stress professionnel, soucis d'argent, provocation de la partenaire.
Il semble que polariser leurs difficultés dans le cadre du couple leur permet de préserver leur vie sociale ou professionnelle.

Les failles narcissiques ( problèmes d'estime de soi) constituent la base de ces comportements qui sont une réaction au sentiment d'impuissance intérieure et de fragilité.
L'homme attend de la femme qu'elle allège le poids de sa tension (comme le fait une bonne mère dans l'enfance) ; comme elle n'y arrive pas, elle devient l'ennemie et est tenue pour responsable. Craignant une angoisse d'anéantissement, l'acte violent agit comme une protection de leur intégrité physique. Le contrôle sur l'autre, à l'extérieur, vient suppléer le manque de contrôle de la tension interne.
La violence est donc un palliatif pour échapper à l'angoisse, à la peur, à la peur d'affronter les affects de l'autre et de soi-même.

L'angoisse d'abandon et la dépendance
Leur tension interne est liée aussi à leur peur infantile d'être abandonnés et toute situation évoquant une séparation suscite des sentiments de peur et de colère. Ombrageux, irritables et jaloux, ils rendent leur femme responsable de leur malaise interne (projection de l'image maternelle négative chez Jung) L'angoisse d'abandon n'est contenue que par un contrôle sur la partenaire et peut éclater par une crise de jalousie.
Or, cela constitue un cercle vicieux, car en déchargeant leur tension sur leur partenaire, ils créent les conditions du rejet. Puis ils tentent de se faire pardonner et induisent chez leur compagne un comportement réparateur.
Les hommes ont plus que les femmes la crainte de l'abandon. Aussi après une séparation, ils font en sorte de retrouver rapidement une autre femme alors que la femme luttera pour acquérir sont indépendance.

La relation fusionnelle
Beaucoup d'hommes ne connaissent pas la bonne distance qui permet une relation saine et recherchent la fusion. Par la crainte de l'abandon, ils établissent une relation où les deux ne font qu'un, sans espace pour respirer, sans position de recul.
Il vit sa femme alternativement comme inexistante et ne la prend pas en considération ou comme trop envahissante, et dans ce cas la rabaisse ou la critique.
Pris entre la peur de la proximité, de l'intimité et la peur d'être abandonnés, ils éprouvent en eux-mêmes un sentiment d'impuissance qui les conduit à exercer leur pouvoir ou un contrôle sur leur compagne.
Tout est un problème de distance et il faut qu'ils contrôlent à quelle distance d'eux leur compagne doit se tenir. Ils confondent amour et possession. Or l'amour est échange et partage.
Dans une relation fusionnelle où les partenaires se vivent comme un tout, le moindre changement chez l'un met en péril le couple et le partenaire fragilisé s'efforce de rétablir l'équilibre compromis, au besoin, par la violence.

La puissance apprise
Pour beaucoup, la masculinité c'est la capacité à s'imposer, à défendre ses droits et cela se passe sur le terrain du pouvoir, de la domination, de la possession et du contrôle. Ils censurent l'expression de leur vulnérabilité et de leur fragilité.
Certains se sentent en insécurité dans des relations plus égalitaires et la prise d'autonomie de la femme peut être vécue comme une dépossession ou une perte de pouvoir mais aussi comme une perte de valeur personnelle et d'estime de soi.
Or les femmes, pour combler leur insécurité intérieure, en font souvent de trop !
L'addiction est un moyen d'éviter les conflits en les remplaçant par des comportements compulsifs.
Dans les personnalités narcissiques, le moi, fragilisé et déstructuré par l'absence de repères éducatifs ou de valeurs morales, utilise la violence comme caricature de l'affirmation de soi.

Il est important de différencier la violence impulsive due à un mauvais contrôle des colères et des émotions de la violence instrumentale où les conduites agressives sont exécuter froidement dans le but de blesser.

Cycles de violence
- La phase de la montée de tension : l'homme peut se sentir déprimé, irritable ou un malaise intérieur qu'il ne sait pas formuler. La prise d'alcool, de drogues ou l'hyperactivité peut calmer cette tension. Généralement, il rejette sa partenaire car il imagine qu'elle ne le comprend pas.
- La phase d'explosion de la violence est un moyen de décharger cette angoisse interne et n'est pas directement contre l'autre ; c'est pour lui une soupape ou un système régulateur. Pendant cette crise il présente un état dissociatif.
- Durant la phase de rémission du cycle de la violence ils sont capables de manifester une fragilité, d'émouvoir la partenaire qui reprend son rôle de soutien et de réparation de leur blessure ou fragilité. C'est par cette attitude, dans la phase « lune de miel », que la partenaire est retenue et reprend espoir.

Les changements émotionnels rapides induisent chez l'autre des réactions intenses de compassion ou d'exaspération, d'attirance ou de rejet.