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C. G. JUNG, SON MYTHE EN NOTRE TEMPS

Introduction:.

Jung est le premier à découvrir les propriétés créatrices de l'inconscient. (pour Freud l'inconscient était un phénomène secondaire formé de désirs incestueux refoulés qui pourraient tout aussi bien être conscient.) Parmi les moyens dont il use pour redonner la parole à l'inconscient, il faut noter sa manière de faire revivre le sens originel des mots et de laisser libre cours au sentiment et à l'image.
Jung se sentait engagé à l'égard de l'inconscient. Pour lui une fausse attitude à l'égard de l'inconscient n'entraîne pas seulement la maladie de l'individu, mais aussi celle des peuples. Il s'intéressait au mystère de la psyché qui est à la base de toutes les activités de l'homme. Les lois qui se laissent découvrir dans le domaine de la psyché valent pour l'ensemble des activités humaines. D'une conception "juste" ou "fausse" de cet inconscient dépend le jugement de valeur que notre civilisation porte sur elle-même ...
(Cf. anniversaire de ses 80 ans "Voilà les gens qui poursuivent mon œuvre, les individus qui souffrent et cherchent et qui, pour cette raison, essaient de mettre en pratique mes idées dans leur vie ; ce ne sont pas ceux qui satisfont leur ambition en prêchant ces idées aux autres."
Dans le conflit avec Freud il s'agissait de savoir si l'inconscient n'est qu'un phénomène psychique secondaire et le résultat de refoulements ou s'il constitue le sol maternel autonome et créateur de la vie psychique normale.
L'inconscient est une expression objective moderne pour désigner une expérience immémoriale de l'humanité. Elle embrasse des éléments étrangers et inconnus surgissant de notre montre intérieure, des poussées de force capable de nous changer soudain, des rêves et des idées spontanées qui, nous le sentons, ne sont pas nos propres créations, même montent du fond de nous d'une manière étrange et toute puissante. À d'autres époques ces actions furent attribuées à un fluide divin, un dieu, un démon ou un esprit. Page 19
Jung avait l'intuition de l'existence de phénomènes psychiques objectifs inconscients et pourtant relativement reliés à la personne dont ils ne constituent pas un élément refoulé, mais un devenir nouveau. Toute son œuvre fut consacrée à explorer à fond ce mystère de la qualité créatrice de l' inconscient.
Pour l'intellectuel qui cherche les définitions exactes, le concept d'inconscient est une crux. Il nous est impossible de rien affirmer sur l'essence ultime de ces phénomènes, étant donné que la psyché qui les observe est en même temps ce qui les produit.
Depuis longtemps les esprits scientifiques ont dissipé l'illusion consistant à croire que l'homme puisse parvenir à une connaissance des choses absolue et définitive. "une vérité scientifique est à mes yeux une hypothèse momentanément satisfaisante, mais non un article de foi et éternellement valable." ( Jung )
En conséquence ses propres assertions sont toujours demeurées pour lui "des propositions et des tentatives en vue de la formulation d'une psychologie scientifique nouvelle fondée avant tout sur l'expérience immédiate de l'homme." "Je n'ai instauré ni un système ni une théorie générale, mais j'ai formulé seulement des concepts auxiliaires qui me servent d'outils."
C'est pourquoi il ne peut exister de vérités ayant une valeur absolue mais seulement une expression vraie des données psychiques qui peuvent être communiquées aux autres si elle repose sur un fondement humain universel.
Si l'on prend l'existence de l'inconscient au sérieux, c'est notre image du monde tout entière qui se trouve dédoublée avec des conséquences incalculables que cela entraîne dans toutes les branches de la science. La situation subjective de l'observateur ne peut plus, comme auparavant, être mise entre parenthèses. Les ordinateurs eux-mêmes dépendent des présupposés psychiques de leur programmeur. Cette vision instaure un état dans lequel se trouvait l'homo religiosus des âge très anciens, état dans lequel il se sentait exposé à des influences bonnes et mauvaises et devait apprendre à composer avec ces forces inconscientes.
Le nom de Jung laisse rarement indifférent. Il déclenche une réaction émotive, soit de refus, soit d'enthousiasme, qui repose rarement sur un jugement objectif. Un examen plus attentif montre que la plupart du temps cette attitude s'adresse en définitive à ce dieu ou daemon, l'inconscient, dont beaucoup, aujourd'hui, refusent de reconnaître l'existence. Ils élèvent les objections les plus dérisoires contre lui sans remarquer qu'ils y sont poussés par leurs propres angoisses.
Ce que Jung a dit de Feud qu'il "était un inspiré " vaut également pour lui-même. C'était un inspiré, c'est-à-dire quelqu'un qui était saisi par des expériences intérieures numineuses.
L'inspiré trouve une audience et acquiert une influence historique lorsqu'il exprime quelque chose qui "est dans l'air" et par suite "vient du cœur" pour beaucoup d'autres. "Le sage qui n'est pas écouté est un fou, et le fou qui annonce d'abord et le plus fort la folie générale passe pour un prophète et un guide, un Führer, mais le contraire se produit heureusement aussi. Quant à grand nombre se laissent convaincre, on constate que l'inspiré exprime des représentations et des vues qui ont un rapport compensatoire à l'égard de l'état de détresse psychique générale, représentations qui montent de l'inconscient sous forme d'expériences personnelles qui se trouvent également "constellées" dans l'âme des autres hommes. (compensatoire: ce qui complète une unilatérale consciente en vue de produire la totalité.)
Il existe un inconscient psychoîde, c'est-à-dire un inconscient psychique derrière lequel agit un trans psychique encore inconnaissable.
C'est l'individu lui-même qui est amené au centre du champ de vision.
Les valeurs de notre civilisation se révèle de plus en plus minées ... Et parce que la destruction est allée si loin et si profond, la construction doit également commencer dans la profondeur, dans la couche la plus naturelle, la plus originelle et la plus universelle de l'être.
Les idées et l'attitude de Jung à l'égard de l'inconscient me paraît se ressembler aux états primitifs du phénomène religieux, au chamanisme ou à la religion des Indiens Naskapi qui ne possèdent ni prêtre ni rites et se contentent de suivre leurs rêves qu'ils pensent leur être envoyés par le "grand homme immortel qui est dans le coeur". Il a trouvé le chemin de l'illumination dans la profondeur de son être. C'est là que la jeunesse aujourd'hui le cherche aussi, même si la plupart du temps, c'est à l'aide de drogues et non dans une rencontre consciente immédiate.
Ce qui forme le fond de l'œuvre et de la personne de Jung, ce ne sont pas les traditions et les religions dont le contenu est désormais dans le domaine conscient collectif, mais l'expérience originelle qui se cache derrière, la rencontre de l'individu avec son propre dieu ou daemon, sa lutte avec ce qui monte du fond, chargé de puissance: émotions, affects, fantasmes, inspirations créatrices, blocages aussi. C'est pourquoi seul le comprendra celui pour qui s'est éteinte la lumière des formulations du secret vital répandue sous forme de prédications, de savoir érudit ou de croyances et qui, s'est trouvé contraint, de se pencher sur lui-même sans préjugé, et de rechercher dans la partie la plus méprisée de sa propre psyché inconsciente des instructions le conduisant sur un chemin écarté.
Les images mythiques originelles se trouvant à l'arrière-plan de l'œuvre de Jung et s'étant imposées à lui, assaillent de plus en plus les masses par derrière. Page 27

1)Le Dieu souterrain:

Que veut dire "Dieu est mort" ? (Nietzsche) S'il existe un Dieu indépendant de l'expérience humaine, une telle formule ne peut l'atteindre. Le problème est donc plutôt que notre image de Dieu, où sa définition, est morte pour nous, alors que son nom avait signifié pour les générations passées une réalité des plus vivantes et représentait pour elles la valeur suprême. Mais cette réalité qui vivait dans leur image de Dieu, ce dynamisme psychique qui les amenait dans le saisissement à vénérer leur "Dieu" ne sont pas morts. En réalité, Dieu
n'a jamais été "tenu prisonnier" dans une telle image ou une telle définition ; il peut donc s'en libérer et se "révéler" à nouveau. Il eut été plus juste de dire : "la valeur suprême dispensatrice de vie, pourvoyeuse de sens, est perdue. Dieu a quitté l'image que nous nous faisons de lui, et où le retrouverons-nous ?"
Ce thème de la mort de Dieu occupe la place centrale dans le mystère chrétien ... "Le mythe dit qu'on ne le trouvera pas là où son corps avait été déposé. Le "corps" correspond à la forme extérieure et visible, version valable jusqu'à présent, mais temporaire et passagère, de la valeur suprême." Le mythe chrétien dit en outre que la valeur renait d'une façon merveilleuse, mais transformée.
Le premier rêve conservé dans la mémoire dépeint souvent sous une forme symbolique, l'essence d'une vie toute entière ou d'une première tranche de vie ; il reflète en quelque sorte un élément de "destin intérieur" que l'homme apporte avec lui en venant au monde. cf. rêve de Jung :trône d'or, (phallus) à un œil, c'est l'ogre...
Dans la vision de la Rome antique, le phallus représente le "génie" d'un homme, la source de sa puissance créatrice physique et spirituelle, le dispensateur de toutes les idées "géniales", de l'enjouement et de la joie de vivre et, à ce titre chaque Romain sacrifiait à son "génie" au jour anniversaire de sa naissante. Ce génie devait rayonner de la personnalité de Jung dans l'atmosphère joviale qu'il créait autour de lui ... son extraordinaire vitalité.. mais par-dessus tout, en la soumission qu'il témoigna toute sa vie à l'esprit intérieur de création, qui le poussait sans relâche à de nouvelles recherches et de nouvelles productions. Cet esprit était également la source d'une capacité d'amour d'une ampleur peu commune, enrichissement et fardeau de sa vie. C'était un homme passionné, capable de créer à partir de la pensée séculaire de l'humanité, et doter de cette faculté de s'étonner et de ne rien prendre comme allant de soi qui confère un visage nouveau à toutes choses. Il consacrait à sa famille beaucoup d'affection ... Elle contribua à l'empêcher d' être englouti par les exigeance du daïmon créateur. Le dieu de l'éros créateur se manifesta dans sa vie comme un esprit exigeant, ne lui laissant aucun répit et le contraignant sans relâche à pousser toujours plus loin sa recherche : "J'ai eu du mal à m'affirmer auprès de mes pensées. C'était un daïmon en moi ... Il me dominait, me dépassait... Je ne pouvais jamais m'arrêter au point que j'avais atteinds. Il me fallait pousser plus loin pour rejoindre ma vision.. Il me fallait toujours suivre la loi intérieure ... En tant que personnalité créatrice on est livré, on n'est pas libre, on est enchainé et poussé par le daïmon. <Honteusement une force nous arrache le coeur/ Car chacun des dieux veut des sacrifices/ Et quand on en à négligé un seul/ Rien de bon n'en est jamais résulté> -Holderlin-... Le daïmon et l'élément créateur se sont imposés en moi d'une façon absolue et brutale ..."
Toutefois, l'antique dieu phallique du rêve n'incarnait pas seulement le principe de l'éros et de la création, il était également dans l'antiquité, "Telesphoros ", un compagnon du dieu médecin Asclépios. À l'entrée du temple d'Epidaure, on voit les images d' Eros et Méthé : l'Amour et l'Extase, personnifiant les puissances psychiques de guérison et, près d'Ascépios est placé un jeune Cabire phallique, son jeune double. Le nom de Télesphoros signifie "celui qui apporte l'accomplissement " ; c'est donc un dieu de la transformation.
Ainsi l'on doit tenir le principe de l'éros, de la compassion médicale et le génie créateur pour les composantes décisives du destin de Jung. Cependant ce rêve contenait un enseignement trance personnel, car il traite également du problème de la mort de Dieu ... Le songe montre l'image d'un phallus funéraire.
Les anciens Etrusques, les Romains et les Grecs avait coutume d'en dresser un semblable sur les tombes d'hommes. Il symbolise la renaissance spirituelle et la promesse de la résurrection du mort. Dans le rêve de Jung le mort est manifestement devenu un roi, qui désormais attend la résurrection. En Égypte le roi-soleil mort était vénéré sous les traits d'Osiris.. dans l'ancienne Grèce, c'était Hermès le messager des dieux, qu'on représentait sous forme de phallus et qui comme Osiris était le conducteur et le roi des morts. Il est aussi un dieu de l'amour et de la fécondité. Il est le dieu des négociateurs de paix, des savants, des interprètes, des cuisiniers et des alchimistes ..autant d'aspects que Jung a réalisés ... Dans la basse antiquité l'image du dieu phallique Hermès s'élargit en homme- dieu cosmique remplissant la nature, d'un anthropos, tel que le connurent les gnostiques. page 39
Cette figure des gnostiques d'antropos était un esprit divin remplissant la nature, un symbole de "l'unification de la matière spirituellement vivante et physiquement mortelle", secret que plus tard les
alchimistes recherchèrent inlassablement dans la nature.
Cette image de Dieu "souterraine", c'est-à-dire cachée dans la profondeur de l'âme, qui lui était apparue dans son premier songe, a imprégné pour toujours les conceptions religieuses de Jung.
Il était persuadé au plus profond de son être de l'existence d'un Dieu puissant, mystérieux, inconnaissable et caché parlant à chacun depuis la profondeur même de son âme et se révélant sous les formes et de la manière qu'il choisit. Ce Dieu vit dans la profondeur de la terre ...La nature représente pour Jung le monde de Dieu..
Ecolier il avait remarqué que le contact avec le collectif le rendait étranger à lui-même. Il se sentait désaccordé d'avec le grand univers et incertain et cela le conduit à sculpter un petit bonhomme en redingote... un Thélesphoros...Page 43
Dans un livre il qualifie le christ d'image primordiale du conscient (collectif) et sa contrepartie secrète de personnification de l'inconscient ou "la divinité telle qu'elle se reflète dans la nature maternelle". Quand le premier est obscurci et meurt, cette dernière image fait son apparition non comment antagoniste, mais comme une forme de transformation du même contenu psychique pendant le temps de latence de ce dernier dans l'inconscient .
Cf. rêve dans l'eau de la foret un animal rond, scintillant de mille couleurs, composé de nombreuses cellules en forme de tentacules :un radiolaire géant...
Il découvrira par ses travaux sur l'alchimie, que cette créature représente une forme de transformation de la même puissance psychique apparue dans le phallus funéraire et dans le bonhomme noir mis par lui en bière. C'est un être que Paracelse aime appelé "la lumière de la nature". La forme ronde et radiante ne symbolise pas seulement une lumière, mais aussi un ordre pour ainsi dire caché dans l'obscurité de la nature. C'est une fois encore l'image de Dieu qui s'est gravée dans la nature maternelle et qui, est sortie de la terre, mais vit toujours cachée dans la foret...Page 46
Dans le symbolisme de l'alchimie l'adepte doit d'abord trouver la matière initiale de l'œuvre et, en elle, l'esprit de la nature. Quand il soumet la matière au processus de transformation, elle tombe dans la nigrédo, le noir de la mort. Puis vient le degré suivant appelé cauda pavonis (queue de paon) qui est un jeu de couleurs irisé. Cette nigredo se reflète dans la conscience de l'enfant-Jung sous forme de doute, de dépression et d'incertitude. Le radiolaire lumineux dans la forêt est une sorte de cauda pavonis, un jeu de couleurs, et signifie selon les alchimistes, le premier signe de la "résurrection" de la matière, un éveil du sentiment.
C'est seulement quand il découvrit les anciens alchimistes qu'il finit par trouver une forme lui permettant de modeler et de communiquer ses expériences et ses convictions les plus personnelles dans la ligne d'une tradition historique de l'occident. Depuis le haut Moyen Age il se préparait dans la tradition alchimique une transformation de la vision de Dieu et de l'homme; cette nouvelle image complète l'image chrétienne officielle et la rend plus intégrale et plus ample. C'est un processus psychique collectif de transformation qui annonce l'ère du verseau.

2)La lampe-tempête:

L'expérience de Nietzsche où "le un devint deux" et "Zarathoustra passant devant lui" Jung la vécu au cours de ses toutes premières années. Il s'aperçut de l'existence d'une seconde présence psychique pleine de vie, que nous appelons aujourd'hui inconscient et qui lui apparut comme une seconde personnalité à l'intérieur de lui-même. Il décrit ces deux pôle de son être en les dénommant numéros 1 et n°2 . Le premier désigne son moi humain ordinaire, le second, l'inconscient activé et devenu de ce fait perceptible. Le monde du numéro 2 est un domaine "où celui qui entrait se métamorphosait. Subjugué par la vision de l'univers et s'oubliant lui-même, il ne pouvait que s'étonner et admirer. Ici vivait l'Autre, celui qui connaissait Dieu comme un mystère secret, personnel en même temps que Trans personnel. Ici rien ne séparait l'homme de Dieu."
Le numéro 2 "n'était pas en somme un caractère, mais une vita peracta, une vie parachevée; il était né, mort, vivant ... une vision totale de la nature elle-même, d'une clarté impitoyable pour lui-même, mais incapable et peu désireuse, bien qu'il le désirât, de s'exprimer par l'intermédiaire obscure du numéro 1." Le numéro 1 le considérait comme un "ténébreux royaume intérieur", tandis que dans le numéro de 2 lui-même régnait, "une lumière comme dans les vastes pièces d'un palais royal".
La vie d'un grand nombre de créateurs révèle qu'au cours de leur jeunesse ils se tiennent en partie dans un univers second, un "autre monde", ou bien se sentent secrètement identifier à une personnification de cette autre monde, c'est-à-dire l'inconscient.
Une telle proximité par rapport à l'inconscient créé à la fois la sagesse et la folie des adolescents. Mais si quelqu'un y demeure plongé (après l'âge de 25 ans environ), cela conduit à une névrose que l'on peut appeler maladie du puer aeternus, caractérisée par une inadaptation géniale qui conduit souvent à une mort prématurée.
Jung vécut un tournant qui préparera la fin de l'état d'incertitude et de balancement entre les deux mondes. cf. rêve petite flamme
" cette petite flamme c'était ma conscience : c'est la seule lumière que je possède. Ma connaissance propre est mon unique et plus grand trésor ... Je savais maintenant que le n° 1 était le porteur de lumière et que le numéro 2 le suivait comme une ombre. Ma tâche consistait à préserver la flamme, sans regarder en arrière dans la vita peracta qui était évidemment un domaine lumineux interdit, d'une autre sorte ... En tant que numéro 1 je devais avancer dans mes études, dans le gain du pain quotidien, la dépendance, les complications, les désordres, les erreurs, les soumissions, les défaites ... Je reconnus que mon chemin me conduisait irrévocablement vers l'extérieur, avec son obscurité et sa limitation." L'univers lumineux intérieur est, à la lumière de la conscience une ombre gigantesque.
Cette intuition et ce tournant ont exercé une influence décisive sur la vie entière de Jung. Ils l'ont préservé d'une crise dans laquelle la quasi majorité de la jeunesse menace de tomber. Familiarisés avec le royaume intérieur de lumière et l'obscurité de leur n° 2 par les hallucinogènes, beaucoup d'entre eux abandonnent leur numéro 1, ce qui les conduit à la catastrophe. Rejetant l'obscurité de l'univers à trois dimensions, ils perdent également la petite lumière qui est la seule à pouvoir accompagner l'homme en avant, vers l'avenir.
Il s'est définitivement écarté de tout identification avec le numéro 2, refusant ainsi de devenir en annonciateur du royaume de la lumière intérieure, pour s'efforcer de décrire, à une certaine distance, le monde intérieur comme un phénomène sui generis. Page 57
Zarathoustra était le numéro 2 de Nietzsche comme Faust celui de Goethe. Quand le moi s'identifie à la figure supérieure du dedans, il en résulte une "inflation du moi et une déflation du Soi" ("Soi" est l'expression que Jung a utilisé par la suite pour désigner le centre du numéro 2.)
A cause de l'identification inflationniste (cf.Hitler), des expériences intérieures normales seront transformées en poison; si bien que le monde a tendance à rejeter toute forme d'expérience intérieure, sans voir que ces phénomènes sont ou non destructifs suivant l'attitude que l'on adopte à leur égard. Or c'est attitude tient précisément dans la conservation intégrale de la petite lumière de la conscience individuelle.
La conséquence d'un pareil manque de différenciation entre le conscient et l'inconscient est que, lorsque le conscient se fait l'annonciateur d'inspirations inconscientes, celles-ci n'ayant pas été auparavant intégrées par la conscience se trouvent contaminées par des insuffisances et des préjugés humains. L'eau de l'esprit inconscient qui s'écoule dans le conscient se trouve troublée par des éléments personnels. Page 59

4)Symétrie en miroir et polarité:

un mois conscient et le domaine ou de l'inconscient hors foi peut une structure quater amère rempli analogue et se reflète petit enveloppé qu'elle se présente le 20 ans rapport à l'autre dans son rapport de projection et que symétrie où il se reflète le lin lot Truc. La projection consiste en ce que nous prêtons causes autres des caractères et des attitude que nous possédons céans les remarquer. Contacté couvrir une telle projection chaque fois qu'il existe de cassation nation émotionnelle des mesures très. La projection qu'elle teint déplacement involontaire et inconscient habitat ou d'un phénomène du psychique terrain objet extérieur peu et le repos ceux-ci eurent pris identité archaïque dans lesquels leurs primitifs, l'enfant et dans une large mesure mènent des honneurs groupe mêlé aux montres qui les entrent au sens distinctives tutrices.) peu (l'identité archaïsme Crépy est une similitude de psychologie occupent à inconscient type... ... Par ces sites IFOP des vingt distinctions primitives entre le sujet est l'objet.) le retrait une projection sécu de stage de morale, du centime ... Il se trouve constituée à partir du moment où un taux de inconscient apparaît sur la justesse de notre attitude, ce qui conduit le plus souvent le inconscient à défendre statistiquement la conception mise en cause. Le douteur et le fanatisme sont des symptômes montrant que le retrait de la projection de manque de pas être fait. Que nous pouvons distinctives 4 de traitante projection. Au stade de l'identité à part qualité type, la projection est comme interception furent propices simple de la réalité. S'il s'élève sans doute conscient ou inconscient et que l'objet de se comporter à part de sa sont conformes à la projection fêtait sur lui, on commence à faire la distinction entre l'objet des images projetées trop au troisième degré de la projection est expliquée comme erreur ou illusion. Quatrième degré où l'on se demande de tout provient cette conception erronée ... Le phénomène de projection est vraisemblablement liée à la relation en miroir qui existe entre le complexe du moins et le centre inconscient. À cette transaction se relier la capacité de réflexion de notre inconscient se prouve vous rompez fonctions


Chapitre IV
SYMÉTRIE EN MIROIR ET POLARITÉ DE LA PSYCHÉ
ON a vu dans le chapitre précédent que le moi conscient, la " petite lumière ", et le domaine de l'inconscient paraissent offrir une structure quaternaire analogue et se présenter l'un par rapport a l'autre dans un rapport de projection et de symétrie où ils se reflètent l'un l'autre '. Le concept de projection a été emprunté par Jung à Freud. Mais Jung lui a donné un sens tout nouveau. Dans la pratique la projection n'est pas difficile à reconnaître : elle consiste en ce que nous prêtons aux autres des caractères et des attitudes que nous possédons sans les remarquer. On peut découvrir une telle projection chaque fois qu'il existe une fascination émotionnelle démesurée, qu'il s'agisse d'amour ou de haine. En d'autres termes, la pro- jection est un déplacement involontaire et inconscient d'un état ou d'un phénomène psychique vers un objet extérieur. La projection repose en dernière analyse sur le
1. Cf. C. G. Jung, Types psychologiques p. 460 : e Projeter signifie transférer un contenu subjectif dans un objet... La projection repose sur l'identité archaïque du sujet et de l'objet; mais elle ne peut s'appelles projection qu'à partir du moment où est apparue la nécessité de faire cesser l'identité à l'objet. Cette nécessité apparaît quand l'iden- tité devient gênante, c'est-à-dire lorsque l'absence du contenu projeté gêne l'adaptation et rend désirable son retour au sujet. " (C'est moi qui souligne.) Jung 4istingue ensuite une projection active et une projection passive; cette dernière signifie un acte de la pénétration intuitive, la première un acte du jugement.


SYMÉTRIE EX MIROIR ET POLARITÉ 95
phénomène universel d'" identité archaïque " dans lequel l'homme primitif, l'enfant et aussi, dans une large mesure, tout adulte demeurent mêlés au monde qui les entoure sans se distinguer de lui. C'est la base de la pénétration intuitive que nous avons vis-à-vis des humains, des ani- maux et même des objets inanimés ~. Avec le concept de projection Jung a créé un instrument grâce auquel de nombreux malentendus entre individus aussi bien qu'entre groupes pourraient se dissiper et le terme a désormais acquis une certaine audience dans cette acception pratique. Le retrait d'une projection constitue une tâche morale, c'est-à-dire une tâche du sentiment, en particulier quand il s'agit de contenus considérés comme " mauvais ", négatifs. Un tel retrait se trouve toujours constellé à partir du moment où un doute inconscient apparaît sur la justesse de notre attitude, ce qui conduit le plus souvent le conscient à défendre fanatiquement la conception mise en cause. Le doute et le fanatisme sont des symptômes montrant que le retrait de la projection demande à être
fRlt.
L'effort moral qu'impose cette opération rend celle-ci impopulaire Si pourtant la conception de Jung trouvait davantage d'écho, les conséquences seraient considérables. Ainsi il deviendrait impossible d'insulter la religion ou la culture vivante d'un autre peuple en la taxant de " superstition " (comme le font encore de nos jours tant de missions religieuses et civilisatrices). Seul ce qu'elle contient de dépassé et de contesté par ces peuples eux- mêmes devrait être désigné comme projection. En outre il ne faudrait pas se contenter de les taxer d'" erreurs ",
2. " L'identité archaïque est une similitude psychologique inconsciente... un résidu de l'indistinction primitive entre le sujet et l'objet. Ce n'est pas une assimilation... Mais l'identité est également la possibilité d'une attitude sociale consciente " (Gesammelte Werke, VI, p. 476). L. Lévy-Brühl a forgé le terme de " participation mystique " pour désigner ces rapports. e Mystique " ne me semble pas heureuse- ment choisi, car ce phénomène n'a rien de mystique pour les primitifs : c'est quelque chose d'entièrement naturel.


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C. G. JUNG
mais aider à montrer qu'il s'agit de vérités psychiques et non purement et simplement concrètes. Le concept de pro- jection recèle encore d'autres énigmes inexpliquées dont l'éclaircissement me paraît être la tâche d'un psychologue à venir. Notre image du monde en effet n'est-elle pas en définitive une projection (au sens où l'entend l'Hindouisme ou dans celui de la " monade close " de Leibnitz) P Que l'on songe aux possibilités ouvertes par l'acte qui fait voir comme intérieur ce qui était auparavant vu comme exté- rieurl Un examen attentif permet de distinguer quatre degrés de projection . Tout d'abord, au ' stade de l'identité archaïque, la projection est vécue comme perception pure et simple de la réalité. Si toutefois il s'élève un doute conscient ou inconscient et que l'objet ne se comporte pas de façon conforme à la projection faite sur lui, on commence à' faire la distinction entre l'object l'image projetée. Au troisième degré la projection est expliquée comme erreur ou illusion; Mais il y a un quatrième degré où l'on se demande d'où provenait cette conception erro- née. Force est alors de reconnaître qu'elle représente un contenu psychique appartenant à la personnalité du sujet (si on ne peut prouver sa présence, de nouveaux facteurs extérieurs entrent en jeu, entraîna'nt le début d'un nou- veau cycle). L'histoire de la chimie et de la physique peut servir à illustrer ces réflexions. Tout d'abord les savants de l'Anti- quité, c'est-à-dire les alchimistes, formulèrent quantité de propositions fantastiques concernant la matière, qu'ils tinrent pour une " vraie " description de celle-ci. Plus tard on s'aperçut qu'une grande partie d'entre elles ne concordait pas avec les faits et l'on inventa de nouveaux modèles de pensée, qui sont les hypothèses scientifiques modernes sur l'essence de la matière. Les propositions précédentes furent rejetées comme erreurs " superstitieuses ". C'est
3. Cf. C. G. Jung, Symbolique des Geistes, Zurich, 1948, p. 81-82, où la notion est illustrée par l'idée d'un Esprit " mauvais ".
SYMÉTRIE EN MIROIR ET POLARITÉ... 97
alors que Jung découvrit dans ces " erreurs " même qu'il s'agissait de propositions portant sur des contenus psy- chiques, qui n'étaient pas exactes si on les appliquait à la matière, mais qui, par contre, traduisaient de façon adéquate certains contenus psychiques de l'inconscient 4. Les vues de Jung n'ont guère été jusqu'à présent prises en considération. Pourtant la recherche scientifique fonda- mentale'actuelle s'en est déjà considérablement rappro- chée. Il est, en effet, désormais admis de façon générale que la connaissance scienti6que repose sur la création d'un " modèle de pensée " chez le chercheur. Malgré cela la préhistoire préconsciente de la naissance d'un tel modèle observable dans les rêves, est la plupart du temps laissée hors du champ d'observation. Par suite, l'aspect de projection que contient tout modèle de pensée est encore ignoré dans une large mesure. Le phénomène de projection est vraisemblablement lié à la relation en miroir qui existe entre le complexe du moi et le centre inconscient. A cette relation se relie la capacité de réponse (I) de notre conscience d'où provient toute conscience supérieure. Les concepts de symétrie et de polarité gouvernent aujourd'hui largement, si ce n'est exclusivement, le domaine de la physique atomique et, partant, de vastes régions de la science, la biologie en particulier ~, et Jung a également, depuis le début, fait l'expérience du champ psychique dans ce sens : d'une part, une polarité entre le moi conscient (n' 1) et l'inconscient (n' 2), d'autre part une polarité entre la matière (base biologique) et l'esprit (les facteurs donnant la forme et l'ordre).
4. Sur l'alchimie, voir chap. XI, XII et XIII. 5. A cause de l'éclatement du principe de parité. Cf. Lothar Wolf, " Symmetrie und Polaritat ", Studium Generale, 2, juillet 1949, p. 221 et sv. Cf. Vihna Fritsch, Links und Recht in Wissenschaft und Leben, Stuttgart, 1964, p. 153 et sv.