CHAPITRE PREMIER : L'AUTONOMIE DE L'INCONSCIENT.
. montrer les rapports.. de la psychologie médicale avec la religion.
La religion est:
- . une des manifestations les plus anciennes et les plus générales de l'âme humaine ;
- . reconnaître que la religion n'est pas uniquement un phénomène social ou historique, mais qu'elle constitue .
- . une importante question personnelle.
- . sans réflexion intégrante toute expérience est impossible.
- . le phénomène dénommé religion recèle un côté psychologique considérable.
- . la plupart des hommes croient tout connaître .
- . en psychologie, car ils pensent que la psychologie n'est rien d'autre que ce qu'eux-mêmes savent d'eux-mêmes. .
- . la psychologie pratique se trouve confrontée avec le problème religieux. .
Mon premier chapitre sera une sorte d'introduction aux problèmes de la psychologie pratique et de ses rapports avec la religion. Le second est consacré aux faits qui démontrent l'existence d'une véritable fonction religieuse au sein de l'inconscient. Le troisième chapitre traite de la symbolique religieuse des processus inconscients.
. (M)on point de vue est exclusivement phénoménologique, ce qui signifie qu'il s'occupe d'événements qui se sont produits, d'observations, d'expériences, en un mot de données. Sa vérité se situe sur le plan des faits et non du jugement. . P.15
. thème de la naissance virginale, la psychologie se borne à constater qu'une telle idée existe, sans se préoccuper de savoir si cette idée est, en un sens quelconque, vraie ou fausse. Psychologiquement une telle idée est vraie, du moment qu'elle existe. Dire d'une idée qu'elle existe psychologiquement entraîne la constatation de son caractère subjectif, puisqu'une idée ne se trouve et ne vit qu'au sein de l'individu ; mais elle est objective pour autant que l'idée est partagée par le consentement collectif d'un groupe d'une certaine importance.
. Un éléphant est vrai du seul fait qu'il existe ; . il est simplement un phénomène. Or, nous sommes tellement habitués à voir dans les phénomènes psychiques des produits de notre libre arbitre, voire même des inventions de l'individu qui les crée, que nous avons une grande difficulté à nous libérer de l'idée préconçue que la psyché et ses contenus ne sont rien d'autre que notre propre invention arbitraire ou un magma plus ou moins illusoire de suppositions et de jugements. Or, c'est un fait que certaines idées se rencontrent en tous lieux et à toutes les époques ; elles peuvent même se former en quelque sorte, par génération spontanée, absolument indépendamment de toute migration et tradition. Ces idées ne sont pas fabriquées par des individus : elles se produisent et surgissent en eux, .. elles s'imposent même.. à la conscience individuelle.
. le mot latin religere, la religion est le fait de prendre en considération, avec conscience et attention, .. le numinosum, c'est-à-dire une existence ou un effet dynamique, qui ne trouve pas sa cause dans un acte arbitraire de la volonté. Au contraire, l'effet saisit et domine le sujet .. qui est toujours bien plus sa victime que son créateur. Le numinosum - quelle qu'en soit la cause - est un conditionnement du sujet qui est indépendant de sa volonté. .. l'enseignement religieux aussi bien que le consensus gentium, en tout lieu et en tout temps, explique que cet état, où le sujet est plongé, doit être attribue à une cause extérieure à l'individu. Le numinosum est ou bien la qualité d'un objet visible, ou bien l'influence d'une présence invisible qui détermine une modification caractéristique de la conscience. . P.17
. Un grand nombre d'actes rituels sont accomplis à seule fin de produire à volonté l'action du numinosum, et ce, au moyen de certaines manipulations, de certains artifices magiques, tels que : invocations, incantations, sacrifices, méditations et autres pratiques du yoga. Mais la croyance religieuse en une cause divine, extérieure et objective, est toujours à la base de ces exercices et les précède. Pourtant, comme cet acte équivaudrait au fond à déterminer, à forcer, la présence de la grâce divine par un procédé indubitablement magique, on argumente.. : personne n'est capable de contraindre la grâce divine à être inhérente à l'acte sacramentel, mais elle n'en est pas moins nécessairement présente, puisque le sacrement est une institution divine et que Dieu ne l'aurait pas établie s'Il n'avait pas eu l'intention de la soutenir par Sa présence.
La religion me semble être une attitude particulière de l'esprit humain,.. : c'est une attitude d'observation attentive et de considération minutieuse de certains facteurs dynamiques, jugés par l'homme comme étant des
« puissances » : esprits, démons, dieux, lois, idées ou idéaux ou tels autres noms que l'homme a pu donner aux facteurs dont il a fait l'expérience dans son univers, et dont il a estimé qu'ils étaient soit suffisamment puissants, dangereux ou secourables pour leur accorder une considération attentive, soit assez grands, beaux et pleins de signification pour les adorer avec piété et les aimer. En anglais, .. quelqu'un qui se passionne.. : he is almost religiously devoted to his cause. un homme de science n'a souvent pas de croyance, mais.. son tempérament est religieux. (W. James)
. par le mot religion, je n'entends pas une profession de foi déterminée. . chaque confession se base, d'une part, à son origine sur une expérience du numinosum, puis d'autre part sur de la pistis, c'est-à-dire, sur de la fidélité (loyauté), sur de la foi et de la confiance à l'égard d'une expérience.. et de la modification de conscience qui en a résulté.
. l'expression « religion » désigne l'attitude particulière d'une conscience qui a été modifiée par l'expérience du numinosum. P.19
Les diverses confessions sont les formes codifiées et dogmatisées d'expériences d'origine religieuses. Les contenus de l'expérience initiale y ont été sanctifiés et.. figés en un édifice mental fort rigide et souvent compliqué.
La pratique et la répétition de l'expérience primordiale se sont métamorphosées en rituel et en une institution immuable. Ceci ne signifie pas nécessairement pétrifications sans vie. . l'Eglise catholique.. reconnaît néanmoins que le dogme est vivant et que, par suite, sa formulation est susceptible dans un certain sens de modifications et d'évolution. Le nombre des dogmes lui-même n'est pas limité et peut être accru au cours du temps. Il en est de même pour le rituel. Cependant, toutes les modifications et tous les développements sont régentés par le cadre des données initialement vécues.
Le psychologue, s'il assume une attitude scientifique, ne doit pas prendre en considération la prétention de chacune des croyances à être la seule et éternelle vérité. Il doit porter son attention sur le côté humain du problème religieux, car il s'occupe de l'expérience religieuse primordiale, indépendamment de ce que les confessions en ont fait.
. mon point de départ n'est pas une quelconque profession de foi, mais la psychologie de l'homo religiosus .. donc de l'homme qui a minutieusement et attentivement observé et considéré certains facteurs qui ont eu de l'influence sur lui et son état général. . P.21
. notre expérience avec les hommes dépend dans une grande mesure de notre manière d'agir avec eux, .
Comme toute névrose est liée à la partie la plus intime de la vie de l'homme, le malade manifestera toujours certaines inhibitions. Mais pourquoi ne serait-il pas capable d'en parler librement ? Pourquoi est-il anxieux ou timide ou prude ? La raison en est « l'attention scrupuleuse » qu'il apporte à certains facteurs extérieurs qui s'appellent opinion publique ou respectabilité ou bonne réputation. Même s'il a confiance en son médecin, s'il a cessé d'avoir honte devant lui, il hésitera, ou même il éprouvera de la crainte à s'avouer à lui-même certaines choses, comme s'il était dangereux de prendre conscience de soi-même. Car on ressent habituellement de la peur à l'adresse des choses qui semblent bouleversantes. Mais, y a-t-il dans l'homme quelque chose qui soit plus fort que lui-même ? . chaque névrose témoigne d'une somme corrélative de démoralisation. Dans la mesure où un homme est névrosé, il a perdu la confiance en soi. Une névrose est une défaite humiliante ; .. ressentie comme telle par tous ceux qui ne sont pas entièrement inconscients de leur propre psychologie. Ce qui met ce sentiment d'humiliation à son comble, c'est qu'on a été vaincu par quelque chose qui est « irréel ». ... plus le malade croit être un malade « imaginaire », plus un sentiment d'infériorité envahit sa personnalité entière. .
. la conception habituelle, matérialiste, que nous avons de la psyché ne soit pas d'un cours dans les cas de névrose. Si encore l'âme était pourvue d'un corps subtil, on pourrait dire, à la rigueur, que ce corps, tout en souffle ou en fumée, souffre d'un cancer réel,. P.23
. qu'est au fond la psyché ? Un préjugé matérialiste en fait .. un produit accessoire des fonctions organiques du cerveau. Tout trouble psychique devrait dépendre d'une causalité organique ou physique, . Les liens indéniables existant entre la psyché et le cerveau donnent à ce point de vue un poids certain, mais pas .. une vérité exclusive. Nous ne savons pas si les névroses sont, oui ou non, accompagnées d'un trouble réel des fonctions organiques du cerveau, et, si vraiment il s'agit de troubles de nature endocrine, il est impossible de dire s'ils ne sont pas d'avantage des effets que des causes.
. Il est.. bien difficile d'admettre qu'une modification organique puisse être guérie en un clin d'oil par une simple confession. .
De telles expériences ne sont nullement exceptionnelles ; elles rendent dorénavant excessivement malaisé de croire que la psyché n'est rien, ou même qu'un fait imaginé soit irréel. La psyché n'est pas là où une intelligence myope la cherche. Elle existe bien, mais pas sous une forme physique. C'est un préjugé presque ridicule que d'admettre que l'existence ne peut être que corporelle. . P.25
. Au contraire, nous pourrions aussi bien dire que l'existence physique n'est qu'une simple déduction, puisque nous ne savons quelque chose de la matière que dans la mesure où nous percevons les images psychiques, qui nous parviennent par intermédiaire des sens.
. Si même la névrose n'avait d'autre origine que l'imagination, elle n'en serait pas moins une chose très réelle. Si un homme s'imaginait que je suis son pire ennemi et me tuait, par suite d'une simple imagination, je n'en serais pas moins mort. Les imaginations existent et peuvent être tout aussi réelles et tout aussi nuisibles et dangereuses que des dispositions physiques. Je crois même que les troubles psychiques sont bien plus dangereux que les épidémies ou les tremblements de terre. .
La psyché est douée d'existence, bien plus, elle est l'existence même.
Que.. répondre à notre malade au carcinome imaginaire ? . « Oui,.. Tu héberges effectivement un mal mortel, mais étant imaginaire il ne tuera pas ton corps. Cependant, en fin de compte, il tuera ton âme. Il a déjà corrompu et empoisonné tes relations humaines et ton bonheur personnel, et il s'étendra de plus en plus, au point d'engloutir ton existence psychique tout entière ; à la fin tu n'auras plus rien d'humain ; tu seras uniquement une tumeur maligne et destructrice. »
Notre patient voit clairement qu'il n'est pas le créateur de son imagination morbide, bien que son entendement théorique lui suggère certainement qu'il est le propriétaire et l'artisan de son imagination. Lorsqu'un malade souffre d'un cancer tissulaire, il ne lui vient jamais à l'esprit qu'il est l'auteur responsable d'un tel mal, bien que le cancer se trouve dans son propre corps. Mais s'il s'agit de la psyché, nous sentons immédiatement une sorte de responsabilité, comme si nous étions les constructeurs de nos états psychiques. . préjugé.. récent.. Il n 'y a pas bien longtemps, .. croyaient que des agents psychiques avaient le pouvoir d'influencer leur intelligence et leurs sentiments : il existait des magiciens et des sorcières, des esprits, des démons et des anges, et même des dieux qui pouvaient provoquer certaines modifications psychologiques dans l'homme. P.27 Autrefois, l'homme au cancer .. aurait sans doute admis que quelqu'un s'était servi contre lui de moyens magiques ou qu'il était possédé. Jamais l'idée ne lui serait venue de se prendre pour l'auteur d'un pareil fantasme.
. Cette idée apparaît comme une formation autonome qui s'implante dans le conscient. De notre conscient on peut dire qu'il est notre propre existence psychique, mais le carcinome a sa propre existence psychique, indépendante de nous-mêmes. . Si nous soumettons un tel cas à l'expérience des associations, nous découvrirons bientôt que ce sujet n'est pas maître dans sa propre maison : ses réactions sont retardées, modifiées, réprimées ou remplacées par des contenus intrus autonomes. Un certain nombre de mots inducteurs ne trouveront pas de réponse attribuable à son intention consciente ; leur réponse proviendra de certains contenus autonomes qui sont même souvent inconscients pour le sujet. . des réponses qui proviennent du complexe psychique, qui se trouve à la racine de l'idée du cancer. Chaque fois qu'un mot inducteur touche à quelque chose qui est en relation avec le complexe caché, la réaction du moi conscient est troublée ou même remplacée par une réponse provenant du complexe. Tout se passe comme si le complexe était un être indépendant capable de troubler les intentions du moi. Les complexes se comportent effectivement comme des personnalités secondaires ou parcellaires qui possèdent une vie mentale propre.
Certains complexes se trouvent purement et simplement séparés du conscient parce que celui-ci a préféré s'en débarrasser par refoulement. Mais il en est d'autres qui, ne s'étant jamais trouvés dans le conscient, n'ont pu en être expulsés par un acte volontaire. Ils naissent de l'inconscient, envahissent et inondent ensuite le conscient avec leurs étranges et inébranlables convictions et avec les impulsions qui en découlent. . Malgré sa culture et son intelligence il (le patient) fut la victime sans défense de quelque chose qui l'obsédait et le possédait. . L'idée obsessionnelle l'envahissait effectivement comme un carcinome. Un jour elle était apparue et depuis elle était demeurée, inébranlable ; .
. explique .. pourquoi les hommes éprouvent la crainte à prendre conscience d'eux-mêmes. P.29
Il pourrait bien y avoir réellement quelque chose derrière le rideau.
Chez la plupart des hommes il existe une sorte de terreur , .. concernant les contenus possibles de l'inconscient. . terreur secrète devant les perils of the soul. . cette crainte n'est aucunement injustifiée ; au contraire, elle n'est que trop fondée. Nous ne sommes jamais sûrs qu'une nouvelle idée ne vienne prendre possession de nous- mêmes ou de notre voisin. . La fascination qui presque, toujours s'attache à de pareilles idées, crée un état de possession, de fanatisme ;.L'homme a effectivement toutes les raisons de redouter ces forces impersonnelles qui siègent dans l'inconscient. . Au sein de la masse, l'homme s'abaisse inconsciemment à un niveau moral et intellectuel inférieur, à ce niveau qui est toujours présent sous le seuil de la conscience, prêt à se déchaîner, dès qu'il est excité et soutenu par la formation d'une foule.
. c'est un malentendu fatal que de considérer la psyché humaine comme une simple affaire personnelle et de l'interpréter exclusivement d'un point de vue individuel. Une telle explication est uniquement applicable à l'individu dans ses occupations et ses relations journalières habituelles. Si cependant il se produit une légère perturbation, mettons sous la forme d'un événement imprévu et quelque peu extraordinaire P.31: immédiatement surgissent des forces instinctives, forces qui semblent complètement inattendues, nouvelles et même fort étranges. .
La modification du caractère qui résulte de l'irruption des forces collectives est étonnante. Un être doux et raisonnable peut devenir un forcené ou une bête sauvage. On est toujours enclin à attribuer la faute à des circonstances extérieures, mais rien ne pourrait exploser en nous si cela ne s'y était trouvé. Effectivement, nous vivons sans cesse sur un volcan, .. il n'existe aucun moyen préventif humain contre une éruption possible, qui détruira tout ce qui se trouve à sa portée. . le fou comme la masse sont menés par des forces bouleversantes, impersonnelles.
.. il ne faut pas plus qu'une névrose pour faire surgir une puissance qui ne pourra être domptée par des moyens raisonnables. .. combien sont impuissantes la raison et la sagacité humaines en face du non-sens le plus manifeste. . prendre un pareil non-sens évident, mais invincible, comme l'expression d'une puissance et d'un sens encore incompris. .. c'est une méthode bien plus efficace de prendre un tel fait au sérieux et d'en rechercher l'explication adéquate. Mais une interprétation n'est suffisante que si elle introduit une hypothèse qui se révèle à la hauteur du phénomène morbide. Notre patient se voit confronté avec une puissance de volonté et une puissance de suggestion telles que son conscient ne trouve rien d'équivalent à leur opposer. Dans cette situation se serait une mauvaise stratégie que de convaincre le malade qu'il est lui-même, d'une manière quelconque, .. à la base de son symptôme qu'il inventerait.. Une telle conception aurait pour effet immédiat de paralyser son esprit de lutte, il en serait démoralisé. Il vaut bien mieux qu'il comprenne que son complexe est une puissance autonome qui s'oppose à sa personnalité consciente. . P.33
Une cause visiblement personnelle existe bien.. mais elle n'est pas intentionnelle. Le malade ne fait que la subir.
. Gilgamesh provoque les dieux par son orgueil démesuré, ils inventent et créent un homme qui égale Gilgamesh en puissance, afin de mettre un terme à l'ambition impie du héros. La même aventure échut à notre patient : il est un penseur, constamment en train d'ordonner le monde au moyen de la force de son intellect et de sa raison. Son ambition est au moins parvenue à forger sa destinée personnelle. Il a tout soumis à l'inflexible loi de la raison, mais de quelque manière la nature a échappé à cette emprise et s'est vengée de lui sous forme du non-sens inattaquable concernant l'idée du carcinome. Ce plan astucieux a été élaboré par son inconscient, pour l'enchaîner. C'était la plus lourde défaite qui pût être infligée à tous ses idéaux raisonnables et surtout à sa croyance en la toute puissance de la volonté humaine. Une telle obsession ne peut survenir que chez un homme qui abuse constamment de la raison et de l'intelligence à des fins égoïstes de puissance.
Gilgamesh cependant échappa à la vengeance des dieux. Il fut averti par des rêves qu'il prit en considération. Ses rêves lui montrèrent comment vaincre son ennemi. .
Le préjugé universel contre les rêves n'est qu'un des symptômes d'une sous-estimation bien plus grave de l'âme humaine en général. . manque de sagesse et d'introspection. . la crainte et l'aversion primitives envers tout ce qui touche à l'inconscient.
La conscience doit dans ses débuts avoir été une chose bien précaire. . P.35.
. Même une émotion toute ordinaire peut provoquer une perte considérable de conscience. .
La vie du primitif est remplie du souci constant des dangers psychiques qui le guettent à chaque instant et nombreux sont les essais et les procédés pour réduire ce risque. La création de zones taboues est une expression concrète de ce fait. Les innombrables tabous sont des zones psychiques délimitées qui sont méticuleusement observées. .
Les rêves sont la voix de l'inconnu qui toujours nous menace de nouvelles intrigues, de nouveaux dangers, de sacrifices, de guerres et autres ennuis. . P.37
II existe d'innombrables rites magiques à l'unique fin de se prémunir contre les tendances dangereuses et imprévisibles de l'inconscient. Que le rêve soit d'une part la voix et le message divins et d'autre part une source inépuisable de misères, voilà une contradiction curieuse que ne trouble pas la mentalité primitive. . Dès l'aube de l'humanité, il exista une tendance marquée à limiter l'influence déréglée et arbitraire du surnaturel par des formules et des lois précises. . (. « Assurément Dieu n'est pas lié à des règles de temps, il n'a pas besoin d'un moment propice pour agir, en effet c'est où il veut, quand il veut, à qui il veut, qu'il inspire des rêves. » .
PÉRIER classe les rêves de la façon suivante : « Beaucoup d'entre eux sont d'origine naturelle, certains d'origine humaine, quelques-uns aussi d'origine divine. »
Il y a quatre causes de rêves :
1° Une maladie physique ;
2° Une passion ou une émotion violente, provoquée par l'amour, l'espoir, la peur ou la haine ;
3° La puissance ou la ruse du démon, c'est-à-dire d'un dieu païen ou du diable chrétien. . « En effet le démon peut connaître ( et les apprendre aux hommes par l'intermédiaire d'un rêve) des effets naturels qui doivent nécessairement se produire à un moment quelconque à la suite de causes bien définies ; il peut connaître ce que lui-même fera plus tard, il peut connaître des choses présentes et passées qui sont cachées à l'homme. »
. « On peut deviner quels rêves sont envoyés par le démon : premièrement si l'on a souvent des rêves qui montrent des choses futures ou cachées, dont la connaissance n'est d'aucune utilité ni pour le rêveur, ni pour les autres, mais qui favorisent une vaine parade d'une science indiscrète, ou qui aident même à faire quelque mal »
4° Les rêves envoyés par Dieu.
« On les reconnaît à la supériorité des choses qui sont signifiées par le rêve : assurément si le rêve fait connaître à l'homme des objets font il ne peut obtenir la connaissance certaine que par une permission et un don de Dieu seul. Appartiennent à ce genre ce que .. on appelle « contingences futures, arcanes des cours » et qui se dissimulent dans les retraits les plus profonds de l'âme, totalement imperceptibles pour l'intelligence des mortels, et enfin les principaux mystères de notre foi, que nul ne peut percevoir à moins que Dieu ne les enseigne.. Ensuite leur caractère divin se manifeste le mieux par quelque illumination et émotion interne de l'âme, par laquelle Dieu éclaire l'esprit, frappe la volonté, instruit l'homme de la véracité et de l'autorité de ce rêve à tel point qu'il reconnaisse avec évidence et juge sans hésitation que Dieu en est l'auteur, si bien qu'il veuille et doive y croire sans aucune hésitation. »
.. « Des hommes instruits savent discerner dans leurs rêves le sens profond et la vraie signification de ce qui est illusoire, si bien qu'ils différencient les révélations valables et justes de celles qui sont fausses ou trompeuses. Car si l'intelligence de l'homme n'était pas sur ses gardes à cet égard, l'esprit trompeur le plonge dans bien des vanités. Celui-ci, parfois, prédit bien des choses vraies, afin de pouvoir enfin prendre l'âme dans ses rets par quelque mensonge » .
PÉRIER n'aborde pas la question dangereuse de savoir si toute conviction inébranlable, née d'un rêve, prouve nécessairement l'origine divine du rêve. . Il en vient à la conclusion qu'il faut tenir compte des rêves importants. . Enfin, il n'est pas d'un esprit superstitieux, mais d'une âme religieuse, sage, qui.. de se demander si des rêves qui nous émeuvent souvent et nous invitent au péché, nous sont suggérés par le démon, et d'un autre côté de chercher à discerner si ce n'est pas Dieu qui nous a envoyé des rêves qui nous incitent au bien » . « Personne en effet ne sait ce qui appartient à Dieu, sinon l'Esprit divin ». P.67)
.effet dissolvant et schismatique de la révélation individuelle. Dès que la barrière dogmatique fut abattue et dès que le rite eut perdu l'autorité de son efficience, l'homme se trouva confronté avec une expérience intérieure sans la protection et le guide d'un rituel et d'un culte.. quintessence incomparable de l'expérience religieuse. P.39
. il vaudrait mieux prendre son obsession au sérieux, plutôt que de la ravaler au rang d'une absurdité morbide. 0r, la prendre au sérieux signifierait l'admettre comme une sorte d'information diagnostique sur le fait que, dans une psyché existant effectivement, s'est introduit un trouble en forme d'excroissance cancéreuse. . « que peut être cette tumeur ? » .. « Je n'en sais rien » .. Bien qu'il s'agisse certainement d'un phénomène compensatoire ou complémentaire inconscient, rien n'est encore connu de sa nature spécifique ou de son contenu. C'est une manifestation spontanée de l'inconscient, qui procède de contenus qui ne peuvent être trouvés dans le conscient. . P.41
. ses rêves nous fournirons toutes les informations nécessaires. Nous devons les admettre comme s'ils provenaient d'une source intelligente, poursuivant un but déterminé et pour ainsi dire personnel. . Nous accordons d'emblée une confiance extraordinaire à une entité peu digne de crédit . c'est dangereux ... Mais lorsqu'on veut guérir une névrose il faut risquer quelque chose. Entreprendre quelque chose sans risque est totalement inefficace, nous ne le savons que trop bien.
. les gens, lorsqu'ils ne sont pas conscients de certains contenus, admettent que ceux-ci n'ont aucune existence. .
Cependant, nous trouvons dans les rêves, déjà sans analyse approfondie, les mêmes conflits et les mêmes complexes que ceux dont la présence peut également être révélée par l'expérience des associations. De plus ces complexes forment une partie intégrante de la névrose existante. . Le symptôme est comme une petite pousse au-dessus du sol, tandis que la plante principale est rhizome, système de racines souterrain très étendu. Ce système de racines constitue le contenu de la névrose ; c'est la matrice du complexes, des symptômes et des rêves. . les rêves reflètent précisément les processus souterrains de la psyché. Et, si nous atteignons ce rhizome, nous atteignons véritablement la racine du mal. P.43 (. Les rêves ont de multiples aspects, ils peuvent donc être considérés dans différentes perspectives.) . Si l'on adopte le point de vue opposé qui confère de l'importance au seul conscient qui n'attribue aucune existence indépendante à l'inconscient, il sera intéressant de rechercher si le rêve fait effectivement découler ses matériaux de contenus conscients, ou non. . de l'autonomie de l'inconscient, .légitime de considérer les rêves comme des sources possibles d'information concernant les tendances religieuses éventuelles de l'inconscient. . P45
Premier rêve. P.46
. une interprétation psychologique des rêves est une entreprise extrêmement scabreuse et risquée. Freud .. explique les rêves comme une simple façade, derrière laquelle quelque chose est intentionnellement caché. Il n'est pas douteux que les névrosés dissimulent des choses désagréables, tout comme le font probablement les gens normaux. . Je doute que nous devions admettre qu'un rêve soit autre chose que ce qu'il paraît être. . le Talmud.. dit que le rêve s'explique par lui-même. En d'autres termes, je prends le rêve pour ce qu'il est. . P.49
. Le rêve est un événement naturel et il n'y a pas de raison discernable pour supposer qu'il soit une invention rusée en vue de nous berner. Le rêve survient quand la conscience et la volonté sont en majeure partie éteintes. . Comme (c)le rêve est cohérent et bien formé, il donne l'impression de comporter une certaine logique et une certaine intention, c'est-à-dire qu'il semble reposer sur une motivation sensée, qui trouve son expression directe dans le contenu du rêve.
. l'Eglise catholique apparaît, .. comme accouplée à un point de vue étrangement païen, incompatible avec une attitude foncièrement chrétienne.
L'incompatibilité effective n'apparaît pas dans le rêve. Elle est masquée par une atmosphère de chaleur et de cordialité au sein de laquelle des antinomies dangereuses sont fondues et voilées. Le point de vue.. d'une relation individuelle avec Dieu est écrasé par une organisation de masses et un sentiment collectif religieux correspondant. L'insistance sur les masses et l'introduction d'un idéal païen sont remarquablement parallèles à ce qui se passe effectivement aujourd'hui en Europe. P.51 . tendances païennes dans l'Allemagne actuelle, parce que personne n'a su interpréter l'expérience dionysiaque de Nietzsche. .. un cas parmi des milliers.. dans l'inconscient desquels se développait, pendant la première guerre mondiale le cousin germanique de Dionysos, à savoir Wotan. .
Il semble n'y avoir dans tout le rêve de mon patient aucune opposition contre le sentiment collectif, contre une religion de masse et le paganisme, abstraction faite de l'ami protestant rapidement réduit au silence. . la femme inconnue qui d'abord soutient la cause du catholicisme et fond tout à coup en larmes en disant : « Alors il ne reste plus rien ». .
Qui est cette femme ? Elle est pour le rêveur une personne incertaine et inconnue.
Comme cette figure joue un grand rôle dans les rêves des êtres masculins, elle porte la désignation technique d'anima en raison du fait que l'homme, .. , a toujours exprimé, dans ses mythes, l'idée de la coexistence d'un principe masculin et d'un principe féminin dans le même corps. .. intuitions psychologiques.. projetées dans la forme de syzygie divine, du couple divin, ou dans l'idée de la nature hermaphrodite du Créateur. . P.53
.
L'anima est probablement la figuration de la minorité des gènes féminins dans le corps masculin. Ceci est d'autant plus probable que l'un ne trouve point cette même figure dans l'imagerie de l'inconscient féminin. . une figure correspondante, qui joue un rôle analogue ;. Cette figure masculine .. est désignée comme animus. Une des manifestations typiques des deux figures est ce qu'on nomme depuis longtemps : « animosité ». L'anima suscite des sautes d'humeurs illogiques, l'animus produit des lieux communs irritants et des opinions déraisonnables. Les deux figures sont des images oniriques fréquentes. En règle générale, elles personnifient l'inconscient et c'est cette personnification qui leur confère son caractère singulier, désagréable ou irritant. L'inconscient, en lui-même, n'a pas de telles qualités négatives. Celles-ci n'apparaissent pour l'essentiel que si l'inconscient est personnifié par ces figures et lorsque ces dernières commencent à influencer le conscient. Comme elles ne sont que des personnalités parcellaires, elles ont le caractère d'un homme inférieur ou d'une femme inférieure et c'est de ce fait, de cette infériorité que provient leur influence irritante. Un homme sous l'influence de l'anima est sujet à des humeurs inconsidérées, et une femme possédée par son animus voudra toujours avoir raison et émettra des opinions malencontreuses qui n'ont qu'une apparence de légitimité.
La réaction négative de l'anima dans le rêve de l'Eglise indique que le côté féminin du rêveur, donc son inconscient, n'est pas d'accord avec son attitude. . il nous faut, pour le moment, nous contenter du fait qu'il existe dans le rêve une contradiction et qu'une minorité importante a quitté la scène en protestant avec énergie tout en se désintéressant de la suite des événements.
Nous apprenons donc par ce rêve que la fonction inconsciente du rêveur élabore un compromis .. entre le catholicisme et une « joie de vivre » païenne. Le produit de l'inconscient .. correspond plutôt à l'exposé dramatique d'un acte de réflexion. On pourrait au besoin formuler celui-ci comme suit : « Où en es-tu maintenant en matière de religion ? Tu es catholique, n'est-ce pas, cela n'est il pas assez bien ? Mais l'ascétisme - c'est bel et bien, même l'église doit un peu s'adapter - cinéma, radio, jazz, etc., et pourquoi pas aussi du vin . P.55
Mais pour quelque raison secrète cette femme mystérieuse, désagréable.. paraît elle être profondément déçue et s'en va.
. Visiblement, le compromis est trop pauvre et trop superficiel, mais caractéristique du rêveur et de bien d'autres gens pour lesquels la religion ne signifie pas grand-chose. . C'est comme si l'esprit et la chair, ces deux ennemis éternels dans la conscience chrétienne, avaient fait la paix au prix d'un étrange amoindrissement de leurs natures opposées. .
Si c'était l'accomplissement d'un désir, celui-ci était certainement conscient, car ce thème fut exactement la répétition de ce que le patient avait déjà fait jusqu'à l'excès. .. le vin était un de ses plus dangereux ennemis. Le rêve est au contraire une constatation impartiale de l'état mental du patient. Il fournit l'image d'une religion dégénérée, viciée par la mondanité et les instincts grégaires. C'est une sentimentalité religieuse au lieu du numinosum de l'expérience divine. C'est la marque bien connue d'une religion qui a perdu son vivant mystère. Il est .. compréhensible qu'une telle religion soit incapable de porter secours ou d'avoir une efficacité morale quelconque. P.57
L'aspect général du rêve est certes défavorable, quoique certains autres aspects, de nature plus positive, apparaissent faiblement. Il est rare que des rêves soient exclusivement positifs ou exclusivement négatifs. En règle générale on trouve les deux aspects, mais habituellement l'un est plus marqué que l'autre. . Si faire se peut, je n'interprète jamais un rêve isolément. .. un rêve appartient à une série de rêves. De même que, dans le conscient, il existe une continuité - abstraction faite qu'elle est régulièrement interrompue par le sommeil - de même il existe apparemment une continuité dans la suite des processus inconscients. Cette continuité, dont font preuve les déroulements inconscients, est même peut-être encore plus marquée que dans les phénomènes conscients.
. mon expérience se prononce en faveur de la probabilité que les rêves sont les maillons visibles d'une chaîne d'événements inconscients. Si nous voulons éclaircir la question des sources profondes de notre rêve, il nous faut revenir à la série et voir en quel endroit il se situe dans la longue chaîne des quatre cents rêves.
. entre deux rêves importants de caractère effrayant. .. cérémonie de caractère apparemment magique, dont le but est de « reconstruire le gibbon ». Le rêve suivant se préoccupe.. de la transformation magique d'animaux en des êtres humains.
. texte du deuxième rêve dit.. : « Si on fuit, tout est perdu. » Cette remarque concorde étonnamment avec celle de la femme inconnue : « Mais alors il ne reste plus rien. » . le rêve de l'Eglise était une tentative pour fuir d'autres pensées oniriques d'une signification bien plus profonde. . P.59
CHAPITRE II : LE DOGME ET LES SYMBOLES NATURELS
Le premier de ces rêves .. traite d'une cérémonie par laquelle un singe doit être reconstitué. . le «singe» se rapporte à la personnalité instinctive du rêveur, personnalité que ce dernier avait entièrement négligée au profit d'une attitude purement intellectuelle. L'inévitable conséquence avait été que ses instincts, prenant leur revanche, l'astreignaient à leur domination et de temps en temps l'assaillaient sous forme d'explosions dans le conscient, incontrôlées et irrésistibles.
La reconstruction du singe signifie la restitution de la personnalité instinctive dans le cadre de la hiérarchie du conscient. Une telle restitution n'est possible que si l'attitude consciente subit, elle aussi, des changements importants. . P.73 Le rêve de l'église qui a suivi est une tentative pour trouver un refuge contre cette peur dans la protection d'une religion établie. Le troisième rêve, en traitant de la « transformation d'animaux en êtres humains» reprend le thème du premier, c'est-à-dire que le singe n'est reconstruit qu'en vue de l'être humain en lequel il doit se métamorphoser. . le patient doit accepter un changement important de sa personnalité en y intégrant dorénavant son instinctivité jusque-là dissociée ; cette intégration le transformera en un homme nouveau. . espoir d'une renaissance par l'esprit et d'un renouveau de vie. . tout le passé demeure vivant dans les étages inférieurs du gratte-ciel, auquel on peut comparer notre conscient rationnel.
Privés des couches inférieures, notre esprit reste suspendu dans le vide : rien d'étonnant qu'il devienne nerveux. L'histoire vraie de notre esprit .. est inscrite dans le vivant organisme psychique de chacun.
. deuxième rêve.. P.75
Le patient est profondément impressionné par ce rêve. .. une expérience.. de celles qui déterminèrent un changement profond de son attitude envers la vie et l'humanité.
. cette fois-ci, l'église est devenue une « maison de solennité et de recueillement intérieur ». . des cierges allumés, disposés en figures symboliques dérivant peut-être du rite catholique. Ils forment quatre pyramides ou pointes et préfigurent peut-être ainsi la vision finale de la montagne flamboyante, sous un quadruple aspect. .. le feu « inextinguible » est un attribut connu de la divinité,.. comme allegoria Christi . P.77
Depuis HÉRACLITE la vie a été symbolisée par un feu éternellement vivant.. Le symbole du feu signifiant « la vie » cadre avec le rêve, qui met l'accent sur la « plénitude de l'existence » comme étant la seule source légitime de la religion. .. les quatre pointes de flamme font presque office d'icônes ; celles-ci indiquent la présence de la Divinité ou d'une essence analogue ou équivalente.
Le nombre quatre, .. évoque toujours une idée s'apparentant à la Tetraktis de PYTHAGORE.
Dans le rêve.. la quaternité apparaît comme la manifestation la plus significative du culte religieux créé par l'inconscient.
. Le .. rituel.. semble être une concentration ou méditation, conduisant au phénomène extatique de la voix.
. Elle formule toujours une déclaration autoritaire ou un ordre qui frappent soit par leur bon sens et leur vérité, soit par leurs profondes allusions philosophiques. C'est presque toujours une déclaration précise ; .. en règle générale, elle est si claire et convaincante que le rêveur ne trouve rien a lui répliquer. .. caractère d'une vérité indiscutable, .. elle paraît souvent être le résultat final et pertinent d'une longue délibération inconsciente, au cours de laquelle tous les arguments auraient été soigneusement pesés. Fréquemment la voix provient d'un personnage plein d'autorité. P.79 Quelquefois il n'y a qu'une voix, venue, semble-t-il, de nulle part. . souvent elle ne lui convenait pas du tout et cependant il l'acceptait sans discussion et même dans l'humilité. . représentante importante et même décisive de l'inconscient. . l'inconscient est capable, par moments, de manifester plus d'intelligence et de finalité que n'en est actuellement capable l'introspection consciente. . c'est un phénomène religieux fondamental. Souvent on m'a objecté que les pensées exprimées par la voix ne sont autre chose que les pensées de l'individu lui-même. C'est possible, mais je n'appellerai mienne une idée que si c'est moi qui l'ai pensée. La voix me procure certains contenus mentaux tout comme un ami qui me confierait ses idées. .. ce serait un plagiat, de faire passer ses paroles pour mes propres pensées.
C'est pourquoi je distingue ce que j'ai produit ou acquis par mon propre effort conscient de ce qui, .. provient de l'inconscient.
. en d'autres mots, j'ignore absolument l'origine de la voix. Non seulement je ne puis produire ce phénomène à volonté, mais encore je suis incapable d'anticiper sur le contenu du message. P.81 Dans ces conditions il serait présomptueux d'identifier avec mon inconscient ou avec mon esprit le facteur qui produit la voix. Car le fait d'entendre la voix dans votre propre rêve ne prouve absolument rien : vous percevez aussi les bruits de la rue que vous n'expliqueriez pas comme venant de vous-mêmes.
.. la seule condition qui permettrait de considérer la voix comme un élément de soi-même serait d'admettre que la personnalité consciente est une partie d'un tout, ou un petit cercle contenus dans un cercle plus grand. Un modeste employé de banque qui, faisant visiter la ville à un ami lui montrerait le bâtiment où il travaille en disant « et voici ma banque » userait du même privilège. (cf. déplacement du je)
. 1a personnalité est composée de deux éléments . une partie consciente, susceptible d'être observée, mais elle n'englobe pas certains facteurs inconnus que nous appelons le secteur inconscient de la personnalité. . nous ne les percevons que par leurs effets. . nos contenus psychiques ne sont conscients et perceptibles que dans la mesure où ils sont associés à un moi, le phénomène de la voix avec son caractère personnel marqué, peut, lui aussi, provenir éventuellement d'un centre, qui ne serait cependant pas identique avec le moi conscient. . le moi comme étant subor. Donné ou inhérent à un Soi supérieur, qui serait le centre d'une personnalité psychique totale, illimitée et indéfinissable. . P.83
. chaque expérience, chaque fait ou chaque objet contient un élément d'inconnu. .. le mot « totalité» ne peut se rapporter qu'à la partie consciente de cette expérience. .. sa totalité absolue doit nécessairement comprendre la partie qui n'a pas été expérimentée.
. certains contenus proviennent d'une psyché plus complète que le conscient. Fréquemment ils témoignent d'une puissance d'analyse, d'introspection ou de connaissance que le conscient correspondant n'était pas capable de fournir. . pour désigner ces phénomènes : l'intuition. . on ne fabrique pas à volonté une intuition. Au contraire, c'est l'intuition qui vient vers vous : vous avez une idée, née d'elle-même, et vous ne la saisissez que si vous êtes assez prompt pour l'attraper. En conséquence, j'explique la voix dans le rêve de la maison sacrée comme une manifestation d'une personnalité plus complète, dont le moi conscient du rêveur ne représente qu'une partie, et j'estime que c'est à cause de cela que la voix témoigne d'une intelligence et d'une clarté supérieures à celles du conscient actuel du sujet. C'est cette supériorité qui confère à la voix son incontestable autorité.
Le message de la voix contient une remarquable critique de l'attitude du rêveur. Dans le rêve de l'église il avait fait une tentative pour réconcilier les deux faces de l'existence, au moyen d'un compromis à bon marché. .. l'anima, ne fut pas d'accord et quitta la scène. Dans ce rêve-ci, la voix semble avoir pris la place de l'anima, mais elle ne se contente plus d'une simple protestation sentimentale : elle établit, non sans maîtrise, la distinction entre deux sortes de religions. .. le rêveur serait tenté d'utiliser la religion comme succédané de « l'image de la femme » ... La « femme » correspond à l'anima. . P.85
. religion dont on se servirait comme substitut de « l'autre face de la vie de l'âme ». Cette « autre face » .. c'est l'anima. Elle représente la minorité féminine dissimulée sous le seuil du conscient, autrement dit, l'inconscient. .
En comparant soigneusement ce rêve à d'autres.. ce qu'il faut entendre par « l'autre face ». Le patient a toujours voulu échapper à ses besoins émotifs. Il craignait d'être entraîné par eux dans des désagréments : le mariage par exemple, ou dans d'autres responsabilités telles que l'amour, le dévouement, la fidélité, la confiance, la dépendance sentimentale et l'asservissement général aux besoins de l'âme. Tout cela n'avait rien à voir avec la science ou avec une carrière universitaire. Et en outre, pour lui, le mot « âme» n'était qu'une espèce d'inconvenance intellectuelle à ne pas commettre. (. sujet d'un type psychologique différent dont les exigences évolutives intimes, dont les besoins de l'âme seraient précisément à l'opposé de ceux du malade cité ici : trop d'asservissements aux nécessités pratiques et sentimentales de la vie peuvent déterminer, en retour, un besoin de retrait social, de solitude et de travail intellectuel et scientifique trop longtemps négligé.)
Le « mystère » de l'anima est son allusion à la religion, une grande énigme pour mon patient. Il savait aussi que la religion pouvait remplacer certaines exigences sentimentales embarrassantes . Les appréhensions de notre rêveur reflètent visiblement les préjugés de notre époque. Par ailleurs, la voix est hétérodoxe, .. non conformiste : elle prend la religion au sérieux, la met au premier rang de la vie, d'une vie qui contient « les deux faces », et renverse ainsi les préjugés intellectuels et rationnels les plus chers. Ce rêve entraîna un tel bouleversement que mon patient eut souvent peur de devenir fou. . Prendre l' « image de la femme », c'est-à-dire.. l'inconscient au sérieux, quelle défaite pour le sens commun « éclairé! »
Il souffrait.. d'une violente réaction à son expérience intérieure, et il aurait préféré échapper à sa propre aventure. Heureusement mon patient avait de la religio, c'est-à-dire qu'il « prêtait une attention déférente à son expérience ». II avait aussi suffisamment de Pistis et de loyauté vis-à-vis de son expérience, ce qui lui permit de persévérer et de la poursuivre. Il avait en outre le grand avantage d'être névrosé, et ainsi, toutes les fois qu'il essayait de manquer de fidélité à son expérience ou de négliger les commandements de la voix, la névrose revenait immédiatement. P.87
Il ne pouvait vraiment pas « éteindre le feu » et .. dut admettre le caractère incompréhensible du numinosum de son expérience. Il dut reconnaître que le feu inextinguible était « sacré ». C'était là la condition sine qua non de sa guérison.
. l'écrasante majorité des gens.. ne possèdent qu'une personnalité fragmentaire et emploient une quantité de succédanés au lieu de biens authentiques. Or pour cet homme, être ainsi fragmenté signifiait une névrose.
Ce qu'on nomme couramment et par habitude la « religion » constitue un succédané à un degré de fréquence si étonnant que je me demande si cette sorte de religion - j'aime mieux l'appeler confession - ne remplit pas une fonction importante dans la société humaine. Manifestement, la substitution tend à remplacer l'expérience immédiate par un choix de symboles appropriés, incorporés dans un dogme et un rituel solidement organisés. . Aussi longtemps que l'efficacité.. demeure, les individus sont protégés avec succès contre une expérience religieuse immédiate. (Les vêtements ne servent pas seulement d'ornement mais encore de protection au prêtre officiant. La « crainte de Dieu » n'est pas une métaphore sans fondement, car derrière elle il y a une phénoménologie correspondante.) (Cf. tablier blanc médical) Et même si quelque chose de ce genre leur arrive, .. ils peuvent s'en référer à l'Eglise, car elle saura décider si l'expérience est venue de Dieu ou du Diable, si elle doit être acceptée ou rejetée.
. l'importance extraordinaire du dogme et du rituel, du moins en tant que méthode d'hygiène mentale. . P.89
.
En tant que médecin, je pourrais .. adopter .. la conception dite « scientifique» qui ne voit dans les contenus d'une névrose que de la sexualité infantile refoulée, ou de la volonté de puissance. En dépréciant ainsi ces contenus psychiques, il serait dans une certaine mesure possible de protéger quelques malades des risques d'une expérience immédiate. Mais je sais que cette théorie n'est que partiellement vraie, .. elle ne tient compte que de certains aspects de la psyché névrosée. .
. je puis abandonner une masse de choses à l'inconnu. Elles ne me troublent pas. Elles commenceraient à me torturer, j'en suis certain, si je me sentais une obligation d'en savoir quelque chose. Si donc un malade était convaincu de l'origine exclusivement sexuelle de sa névrose, je me garderais bien de le troubler dans son opinion, car je sais qu'une telle conviction, surtout si elle est profondément enracinée, constitue un excellent moyen de défense contre l'assaut de la terrible ambiguïté inhérente à toute expérience immédiate. Tant que jouera ce système de défense, je ne le battrai pas en brèche, car je sais qu'il doit y avoir des raisons puissantes pour que la pensée du patient soit obligée de se mouvoir dans un cercle aussi étroit. Mais si ses rêves se mettaient à détruire la théorie protectrice, je devrais soutenir la personnalité plus ample. P.91
D'une manière analogue et pour les mêmes raisons, je soutiens les hypothèses du catholique pratiquant, tant qu'elles travaillent pour lui. Dans les deux cas, je soutiens les moyens de défense contre un risque grave et cela sans poser la question académique de savoir si la défense est plus ou moins une vérité absolue. Je suis satisfait si et aussi longtemps qu'elle agit.
.
Je lui laissais toujours entrevoir que j'étais entièrement du côté de la voix, en laquelle je discernais une part de sa nouvelle et plus vaste personnalité, destinée à le libérer de son unilatéralité excessive.
Pour une certaine médiocrité intellectuelle, .. une théorie scientifique qui simplifie les faits constitue un excellent moyen de défense . une théorie scientifique.. a , je crois, moins de valeur du point de vue de la vérité psychologique que le dogme religieux.. une théorie est nécessairement abstraite et exclusivement rationnelle, tandis que le dogme exprime par l'image une totalité irrationnelle. Ce mode d'expression rend bien mieux compte d'un fait aussi irrationnel que l'existence de 1a psyché. Bien plus, le dogme doit son existence et sa forme d'une part à des expériences immédiates, dites révélées. On s'étonnera.. que je nomme certains dogmes des « expériences immédiates » alors que précisément un dogme est, par définition, la chose qui après coup exclut l'expérience immédiate. Or les images que je viens de citer ( l'Homme- Dieu, la Croix, la Naissance virginale, l'Immaculée Conception, la Trinité, etc.) n'appartiennent pas au christianisme seul. Elles se trouvent.. dans les religions païennes et .. elles peuvent reparaître spontanément en tant que phénomènes psychiques. dans le passé lointain, elles sont issues de visions, de rêves ou de transes. De pareilles idées n'ont jamais été inventées. Elles prirent naissance à une époque où l'humanité n'avait pas encore appris à utiliser l'esprit comme une activité dirigée. P.93 Avant que les hommes apprissent à produire des pensées, la pensée vint vers eux. Ils ne pensaient pas ; ils percevaient leur fonctionnement mental. Le dogme est comparable au rêve : il reflète l'activité spontanée et autonome de la psyché objective, c'est-à-dire de l'inconscient.
Une pareille expression de l'inconscient constitue un moyen de défense bien plus efficace contre de nouvelles expériences immédiates que ne l'est une théorie scientifique. La théorie doit faire abstraction des valeurs émotionnelles de l'expérience. Le dogme, au contraire, est très expressif à cet égard. Une théorie scientifique est bientôt dépassée par une autre. Le dogme dure d'innombrables siècles. .
Le dogme donne de l'âme une image plus complète que les théories scientifiques, car celles-ci n'expriment et ne formulent que le conscient seul. . une théorie ne peut rien de plus que représenter une chose vivante par des notions abstraites ; le dogme, au contraire, exprime d'une façon adéquate le processus vivant de l'inconscient sous forme du drame du péché, du repentir, du sacrifice et de la rédemption. .
Si néanmoins le protestantisme est devenu la religion des aventureuses tribus germaniques, avec la curiosité, l'esprit de conquête et le manque d'égards qui les caractérisent, il se peut que leur tempérament particulier n'ait pu s'accorder avec la paix de l'Eglise catholique, tout au moins pas à la longue. Il semble que ces tribus n'étaient pas encore préparées pour accueillir et supporter l'idée du salut, ni mûres pour la soumission à une déité cristallisée dans l'édifice magnifique de l'Eglise. Il y avait peut-être trop.. de la Pax Romana dans l'Eglise, trop tout au moins pour leurs énergies qui étaient et sont encore insuffisamment domestiquées. Sans doute ces tribus éprouvaient elles le besoin d'une expérience de Dieu plus violente et moins contrôlée, ainsi qu'il arrive souvent aux peuples aventureux et remuants, qui sont trop jeunes pour être conservateurs ou quelque peu résignés. .
En abolissant les remparts protecteurs, le protestant a perdu les images sacrées qui expriment d'importants facteurs inconscients, en même temps que le rituel qui, depuis des temps immémoriaux, était un moyen sûr de traiter avec les forces imprévisibles de l'inconscient. Une grande quantité d'énergie fut ainsi libérée et se précipita vers les anciennes issues de la curiosité et de l'esprit de conquête, et c'est ainsi que l'Europe devint la mère de dragons qui dévorèrent la plus grande partie du monde. P.95
. rapide accroissement de la science et des techniques. La conscience humaine en fut fascinée à tel point qu'elle oublia les puissances imprévisibles de l'inconscient. . désarroi spirituel profond pour que l'on se mît à douter de l'équilibre mental de la race blanche. Avant.. 1914.. nous étions certains que le monde pouvait être remis en ordre par des moyens rationnels. Or nous avons maintenant le spectacle ahurissant d'Etats qui reprennent à leur compte l'antique revendication de la théocratie, c'est-à-dire celle de la « totalité », entraînant .. la suppression de toute liberté d'opinion. . des hommes se coupent mutuellement la gorge dans le seul but de défendre des théories enfantines concernant la manière d'installer le paradis sur terre. . des puissances inférieures - pour ne pas dire infernales - qui avaient auparavant été plus ou moins enchaînées et domestiquées dans un gigantesque édifice mental, sont maintenant en train de créer ou cherchent à créer une nouvelle forme d'esclavage d'Etat ..
. l'homme moderne.. a perdu la protection des remparts ecclésiastiques, si soigneusement élevés et renforcés depuis l'époque romaine, et, du fait de cette perte, l'homme s'est approché de la zone de feu où des mondes se détruisent et se créent. La vie s'est accélérée et intensifiée. Notre monde est ébranlé et envahi par des vagues d'inquiétude et de peur.
. Voyez l'incroyable cruauté qui déferle sur ce monde dit civilisé, elle sort tout entière des êtres humains et de leur condition mentale. Voyez ces moyens diaboliques de destruction ! Ils ont été inventés par des gentlemen parfaitement inoffensifs, raisonnables. Et lorsque le tout explose et provoque un indescriptible enfer de dévastation, personne n'en semble responsable. . et pourtant c'est entièrement l'ouvre de l'homme. P.97
Mais puisque chacun est aveuglément convaincu de n'être rien que sa propre conscience,.. qui remplit scrupuleusement son devoir et gagne raisonnablement sa vie, personne ne remarque que cette foule rationnellement organisée que l'on appelle Etat. est mue par une puissance apparemment impersonnelle, imperceptible mais terrifiante, que rien ni personne ne peut mettre en échec. Ce pouvoir atroce est le plus souvent compris comme étant fait de la crainte d'une nation voisine, que l'on croit possédée d'un mauvais démon. Or, comme personne ne saurait reconnaître en quoi et dans quelle mesure il est lui-même possédé et inconscient, on projette tout simplement sur le voisin son propre état psychique, et ainsi se crée le devoir sacré d'avoir les plus gros canons. Le pis est que chacun a parfaitement raison. Tous les voisins sont gouvernés par une peur incontrôlée et incontrôlable, exactement comme soi-même. Dans les asiles d'aliénés, on sait très bien que les malades sont plus dangereux s'ils souffrent de peur que s'ils sont mus par la colère ou la haine.
.
La conscience - et en particulier la mauvaise conscience - peut devenir un don du ciel, .. si elle est utilisée comme une autocritique supérieure. L'autocritique, en tant qu'activité d'introspection et de discrimination, est indispensable à toute tentative de comprendre sa propre psychologie. Si on a commis quelque chose qui semble incompréhensible et si on se demande ce qui a bien pu inciter à une telle action, il faut l'impulsion d'une mauvaise conscience et de sa faculté correspondante de discrimination pour pouvoir découvrir le véritable mobile de son comportement. C'est alors seulement qu'on est en mesure de voir quels motifs commandent ses actes. . ainsi on peut franchir le seuil de l'inconscient et aborder ces forces impersonnelles qui font de l'individu particulier l'instrument inconscient du meurtrier invétéré et grégaire qui existe en tout homme. . P.99
. comprendre ce que l'expérience de l'inconscient signifiait . il n'existe aucune mesure subjective pour la valeur d'une telle expérience. Nous devons la prendre pour ce qu'elle est et lui conférer la valeur qu'elle représente pour celui qui la fait. . certains rêves d'une futilité si éclatante en apparence puissent signifier quelque chose pour une personne intelligente. Mais, si vous ne pouvez accepter ce qu'elle dit, ni vous mettre à sa place, il faut vous abstenir de juger son cas. Le genius religiosus est un vent qui « souffle où il veut ».
. les rêves. modestes témoins d'une expérience individuelle. . Un dogme est toujours le produit et le fruit de nombreux esprits et de nombreux siècles, purifié de toutes les bizarreries, les insuffisances et les perturbations de l'expérience individuelle. Malgré tout cela, l'expérience individuelle, précisément dans sa pauvreté même, est la vie immédiate ; elle est le sang rouge et chaud qui bat aujourd'hui dans nos veines. Pour un chercheur de vérité, elle est plus convaincante que la meilleure des traditions. Or, la vie immédiate est toujours individuelle, car c'est l'individu qui est le porteur de vie. Tout ce qui émane de l'individu est à certains égards unique, et de ce fait transitoire et imparfait ; spécialement s'il s'agit de phénomènes psychiques spontanés comme les rêves et les manifestations analogues. Personne d'autre n'aura les mêmes rêves bien que plus d'un ait le même problème à résoudre. Mais comme il n'y a pas d'individu différencié au point d'être absolument unique.. P.101
Même les rêves sont constitués en très large proportion de matériaux collectifs, tout comme le folklore et la mythologie.. où certains thèmes se répètent sous une forme presque identique. J'ai donné à ces thèmes le nom d'archétypes.
Ces thèmes archétypiques proviennent probablement des dispositions de l'esprit humain, qui ne se transmettent pas seulement par la tradition et les migrations, mais encore par l'hérédité. .. des images archétypiques.. peuvent apparaître spontanément sans aucune possibilité de tradition directe.
. images primordiales, préconscientes . qu'on appelait antérieurement des idées primordiales ou élémentaires, « catégories » ou « habitudes directrices de la conscience », etc. .
Dans le second des rêves .. nous avons rencontré un archétype.. : c'est l'arrangement particulier des cierges allumés, en quatre pointes semblables à des pyramides. . importance symbolique du nombre quatre, en le mettant à la place de l'autel. . La Tetraktys.. se rapporte.. au « recueillement ». Ce symbole apparaît dans d'autres rêves, en général sous forme d'un cercle divisé en quatre ou contenant quatre parties principales. Dans d'autres rêves.. il prend aussi la forme d'un cercle non divisé, d'une fleur, d'une place ou pièce carrée, d'un quadrilatère, d'un globe, d'une horloge, d'un jardin symétrique avec une fontaine au centre, de quatre personnes dans un bateau, dans un avion ou autour d'une table, de quatre chaises autour d'une table, de quatre couleurs, P.103 d'une roue à huit rais, d'une étoile ou d'un soleil à huit rayons, d'un chapeau rond divisé en huit parties, d'un ours avec quatre yeux, d'une cellule de prison carrée, des quatre saisons, d'un bol contenant quatre noix, d'une horloge cosmique dont le cadran comprend : 4 X 8 = 32 divisions, et ainsi de suite.
. J'ai observé quantité de cas où surgit le nombre quatre, et il a toujours une origine inconsciente : c'est-à-dire que le patient le tient d'abord d'un rêve et n'a aucune idée de sa signification, . différent pour le chiffre trois, puisque la Trinité représente un nombre dont le symbolisme est connu et accessible à tous. . le caractère de numineux de la quaternité. elle acquiert un sens qu'il faut qualifier de sacré. Comme le rêveur n'est pas en mesure de rattacher ce caractère particulier à une source consciente, j'emploie une méthode comparative en vue d'élucider le sens de ce symbolisme. .
Puisque de nombreux matériaux inconscients paraissent être des résidus d'états mentaux historiques, il nous suffira de retourner de quelques siècles en arrière pour atteindre ce niveau intellectuel conscient qui se présente comme le parallèle de nos rêves. Dans notre cas nous remonterons d'un peu moins de trois cents. on savait à cette époque que le cercle signifiait Dieu .. (Dieu est une image intellectuelle dont le centre est partout et la circonférence nulle part ). P.105
L'image du cercle, considérée comme la figure la plus parfaite .. fut aussi attribuée à la substance la plus parfaite, à l'or, puis à l'esprit du monde, l'anima mundi (l'âme du monde) ou l'anima media natura (l'âme intérieure à la nature ), ainsi qu'à la première lumière créée. Et comme le macrocosme (le Grand Monde) - a été crée .. (en forme circulaire et sphérique ), la plus petite partie du grand tout, le point, contient aussi cette nature parfaite. . Cette image de la Divinité, dormant cachée dans la matière, était ce que les alchimistes nommaient le chaos originel, ou la terre du paradis, ou encore le poisson rond dans la mer, ou l'ouf, ou simplement le rotundum. Cette chose ronde possédait la clef magique ouvrant les portes fermées de la matière. .. « Seul le Démiurge, l'Etre parfait, a le pouvoir de dissoudre la Tetraktis, l'encerclement des quatre éléments. »
.l'or philosophique - la pierre philosophale si longtemps cherchée - était rond. .
Cette pierre merveilleuse était symbolisée par un être vivant et parfait de nature hermaphrodite, correspondant au sphairos (la sphère) d'Empédocle.
. le cercle ou la sphère contenant le chiffre quatre symbolisait la Divinité pour plus d'un de nos savants ancêtres. P.107
. le démiurge latent, endormi et caché au sein de la matière, est identique à ce qu'on appelle l'homo philosophicus, le second Adam.. l'homme supérieur, spirituel : ..Adam Kadmôn, fréquemment identifié au Christ. Tandis que le premier Adam fut mortel parce que formé des quatre éléments périssables, le second est immortel, car d'essence pure et incorruptible. .
. la substance ronde, recherchée par les philosophes constituait une projection de nature fort semblable à notre symbolisme onirique. . Nos ancêtres, dont la constitution mentale était encore plus naïve que la nôtre, projetaient leurs contenus inconscients directement sur la matière. . entité pratiquement inconnue et incompréhensible. Et toutes les fois que l'homme rencontre une chose très mystérieuse, il projette sur elle ses conceptions subjectives, sans la moindre autocritique. . contentons-nous du fait que l'idée de Dieu, totalement absente du conscient de l'homme moderne, revient dans son inconscient, sous une forme acceptée consciemment il y a trois quatre siècles. . P.109
.
La Monade est une étincelle de lumière.. un atome de la Divinité. Le Monogenes est.. debout sur une Tetrapaza.. pavois supporté par quatre piliers correspondant à la quaternité .. des évangélistes, ou au Tetramorphe, symboles des quatre évangélistes, soit l'ange, l'aigle, le bouf et le lion. .
La division en quatre, la synthèse des quatre, l'apparition miraculeuse des quatre couleurs et les quatre phases du grand ouvre : la nigredo, le dealbatio, le rubefactio et la citrinitas (le noir , le blanc, le rouge, le jaune) sont des préoccupations constantes des anciens philosophes. Le Quatre symbolise les parties, les qualités et les aspects de l'Un. .
Bien que le nombre Quatre soit un symbole dont l'ancienneté se perd dans la nuit des temps, .. et toujours associé à l'idée d'une divinité créant le monde, il est .. rarement compris de cette façon par les modernes auxquels il apparaît de nos jours. . J'ai donc pris soin de ne pas les troubler par mes conceptions personnelles j'ai découvert qu'en règle générale, ces personnes le prenaient pour se symboliser elles-mêmes ou plutôt quelque chose en elles-mêmes. P.111
Elles le ressentaient comme appartenant à leur être le plus intime, comme une sorte d'arrière-plan créateur, un soleil générateur de vie dans les profondeurs de leur inconscient .
. un aveuglement systématique est tout simplement l'effet du préjugé que la divinité est extérieure à l'homme. . des religions .. insistent au contraire.. sur l'identité essentielle de Dieu et de l'homme, soit sous forme d'une identité a priori, soit d'un but à atteindre au moyen de certaines pratiques ou initiations, .
. la quaternité est une représentation plus ou moins directe de Dieu se manifestant dans sa création. . ce symbole.. dans les rêves.. signifie quelque chose d'analogue : le Dieu intérieur. .
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Ce serait une erreur regrettable que de prendre mes observations comme une sorte de preuve de l'existence de Dieu. Elles ne prouvent que l'existence d'une image archétypique de la Divinité, . c'est un archétype d'importance très grande et d'influence très puissante. P.113
Comme l'expérience vécue de cet archétype possède la propriété de « numinosité » souvent même à un degré élevé, elle a droit à prendre rang parmi les expériences religieuses.
. un fait important : tandis que le symbole central du christianisme est une Trinité, la formule de l'inconscient est une quaternité. . i1 manque à la Trinité l'aspect dogmatique du principe du mal, qui mène une existence plus ou moins misérable sous la forme du Diable. . le Diable a une Personnalité et jouit d'une Liberté absolue. . dans le mystère du Dieu en trois personnes s'épanouit une nouvelle liberté divine.. qui rend aussi possible la conception d'un Diable personnel, juxtaposé et opposé à Dieu. » Le Diable, d'après cela, a donc une personnalité autonome, il est en possession de la liberté et de l'éternité, et il partage si bien ces attributs métaphysiques avec la Divinité qu'il peut même exister contre Dieu. .
L'inclusion du Diable dans la quaternité n'est en aucune manière une spéculation moderne, ou une élaboration inédite et renversante de l'inconscient. . Dorneus rompt avec toute la tradition, en adoptant .. le point de vue que le Trois est l'Un, et non le Quatre, celui-ci atteignant son unité dans la Quinte Essence. Selon cet auteur, la quaternité est en vérité « diabolica fraus » ( un brouet diabolique) ( une tromperie du démon). P.115
. le Diable créa le « Double serpent » ( le nombre deux) avec les quatre cornes (le nombre quatre ). .
Si l'idée d'un Dieu identique à l'homme individuel est une conception éminemment complexe frôlant l'hérésie, le « Dieu intérieur » présente de même une difficulté dogmatique. Or la quaternité, telle qu'elle est produite par la psyché moderne, implique non seulement l'idée d'un Dieu intérieur, mais encore celle de l'identité de Dieu et de l'Homme. Contrairement au dogme, il existe non pas trois, mais quatre aspects. On pourrait aisément en conclure que le quatrième représente le Diable. .
. La voix de la nature retentit clairement dans toutes les expériences reliées à la quaterni té et cela éveille les anciennes suspicions contre tout ce qui rappelle même de loin l'inconscient. . Les témoignages symboliques de l'antique alchimie et les images des rêves contemporains sont issus du même inconscient et en eux se révèle de façon analogue la voix de la nature. . P.117
Désornais.. personne ne songerait à chercher Dieu quelque part derrière les galaxies. ..l'âme humaine recèle des mystères puisque, pour un empirique, toute expérience religieuse se ramène à un état particulier de l'âme. .
On pourrait même définir l'expérience religieuse en la caractérisant comme l'expérience à laquelle la plus haute valeur est attribuée, quels qu'en soient les contenus.
.
Les principales images symboliques d'une religion sont toujours l'expression de l'attitude morale et mentale qui lui est inhérente. . P.119
. l'inconscient est fréquemment personnifié par l'anima, une silhouette féminine. Apparemment le symbole de la quaternité vient d'elle. Ainsi elle serait la matrice, la terre nourricière de la qua terni té, une théotokos ou Mater Dei . Mais comme la femme, de même que le Mal, est exclue de la Divinité dans le dogme de la Trinité, l'élément du mal constituerait également une partie du symbole religieux si ce dernier était une quaternité. .
(. la femme et le mal se trouvant tous feux exclus du dogme, cela signifie qu'ils sont bannis du conscient, c'est-à-dire refoulés dans l'inconscient, où se pruduit une contamination de l'un par l'autre : la femme se voit confondue avec le mal et contaminée par lui. D'où la condamnation de la femme et des plans sensuels de l'être. .)
CHAPITRE III : HISTOIRE ET PSYCHOLOGIE D'UN SYMBOLE NATUREL
. Son importance psychologique n'est pas mince, en particulier du point de vue pratique. (le symbole de la quaternité.) . P.133
Déjà, dès le début de notre série de rêves, on voit apparaître le cercle. Il emprunte.. la forme d'un serpent qui décrit un cercle autour du rêveur.. d'une horloge, d'une circonférence, d'une cible de tir, d'un ballon, d'un globe, d'une table ronde, d'une coupe. Le carré apparaît également vers la même époque sous l'aspect d'un square.. d'un jardin avec une fontaine au centre. Un peu plus tard le carré apparaît associé à un mouvement circulaire . Dans d'autres .. le cercle est figuré par une rotation : par exemple quatre enfants portent un « anneau sombre » et marchent en rond. Le cercle apparaît aussi combiné à la quaternité sous forme d'une coupe en argent avec quatre noix aux quatre points cardinaux ; .. une table avec quatre chaises. Le centre.. mis en relief. Il est symbolisé par un ouf au milieu d'un anneau ; par une étoile formée d'une troupe le soldats, par une étoile tournant dans un cercle dont les points cardinaux figurent les quatre saisons ; par le pôle, par une pierre précieuse et ainsi de suite. .
.. peu importe ce qu'est notre impression à ce sujet ou ce que nous en pensons. Seul importe ce qu'en ressent le patient. C'est son expérience et, si elle exerce une influence profondément modificatrice sur son état, point ne sert d'argumenter contre elle. Le psychologue ne peut que prendre acte du fait et, si il se sent à la hauteur de sa tâche, il pourra essayer de comprendre pourquoi une telle vision produit un tel effet sur telle personne. . P.135
XXX
La vision de mon patient est une réponse symbolique à la question des siècles. Telle est probablement la raison profonde pour laquelle l'image de l'horloge du monde donne au sujet l'impression de « la plus sublime harmonie ». Elle était la première allusion à une solution possible du conflit dévastateur entre la matière et l'esprit, entre les désirs du monde et le pur amour de Dieu. Le pauvre compromis inefficace du rêve de l'église est complètement transcendé par cette vision du mandala, P.145 où sont réconciliés tous les antagonismes principiels. .. idée pythagoricienne que l'âme est un carré, le mandala exprimerait la divinité à travers le triple rythme, et l'âme par la quaternité statique, par le cercle divisé en quatre couleurs. Et ainsi la signification intérieure la plus profonde de cette vision ne serait rien moins que l'union de 1'âme avec Dieu.
. la quaternité apparaît comme une condition sine qua non de la naissance de Dieu et de la vie intérieure trinitaire proprement dite. Ainsi le cercle et la quaternité d'une part et le triple rythme d'autre part se pénètrent mutuellement, si bien que l'un est également contenu dans l'autre. .
Les interpénétrations de propriétés et de contenus sont typiques, non seulement pour les symboles en général, mais aussi pour l'affinité essentielle des contenus symboliques. Sans cette affinité de nature, l'interpénétration mutuelle ne serait vraiment pas possible. Par suite, nous la trouvons aussi dans le concept trinitaire chrétien où le Père est contenu dans le Fils, le Fils dans le Père, et le Saint Esprit dans le Père et le Fils, . La progression du Père au Fils et l'apparition de ce dernier à un instant précis représente un élément de temps, tandis que l'élément d'espace serait personnifié par la Mater Dei (Mère de Dieu) (La qualité maternelle était à l'origine attribuée à l'Esprit Saint et .. appelé Sophia-Sapientia, assimilation de Sophia avec Logos . Une telle qualité féminine ne pouvait être entièrement extirpée, elle s'attache encore, .. au symbole du Saint-Esprit, la colombe..) P.147
Mais la Quaternité est complètement absente du dogme, bien qu'elle apparaisse.. dans le symbolisme liturgique. . la croix.. Christ triomphant entouré des quatre évangélistes,.. Dans le symbolisme religieux ultérieur la rosa mystica ( rose spirituelle ), le .. réceptacle d'amour spirituel, la source scellée et le jardin fermé apparaissent comme les attributs de la Mater Dei.. et de la Terre spiritualisée. (Chez les gnostiques la quaternité est nettement féminine.)
Cela ne vaudrait guère la peine de projeter sur toutes ces correspondances une lumière psychologique, si les représentations de la Trinité n'étaient que des spéculations arbitraires de la raison humaine. Mais j'ai toujours adopté le point de vue selon lequel elles appartiennent au type de la révélation. La révélation, en tout premier lieu, est une ouverture, une découverte des profondeurs de l'âme humaine, une « manifestation », donc d'abord un mode psychologique, ce qui.. ne préjuge en rien de ce qu'elle pourrait être par ailleurs. Koepgen .. : « Ainsi la Trinité est non seulement une révélation de Dieu, mais en même temps celle de l'homme. »
XXX
Il est normal pour un homme d'avoir des résistances à l'adresse de son anima, car celle-ci représente .. l'inconscient avec toutes les tendances et les contenus qui avaient été jusqu'alors exclus de la vie consciente. Ils ont été exclus pour nombre de raisons, les unes réelles et qui s'imposaient et les autres qui semblaient le faire. Certains contenus sont réprimés, d'autres refoulés. En règle générale les tendances, qui représentent l'apport des éléments antisociaux dans la structure psychique de l'homme - ce que j'appelle le « criminel statistique » dans chacun - sont réprimées, c'est-à-dire consciemment et délibérément éliminées. Quant aux tendances qui d'emblée sont refoulées, elles sont habituellement de caractère douteux. Elles ne sont pas précisément antisociales, mais ne sont pas très conventionnelles ni socialement acceptables. Le motif qui conduit à leur répression est également douteux. Certains les répriment par pure lâcheté, d'autres pour des raisons de moralité conventionnelle et d'autres encore pour des raisons de réputation. Le refoulement est une manière semi- consciente, semi- intentionnelle de laisser aller les choses dans l'indécision ou une tentative de masquer par du mépris une impuissance à atteindre quelque chose qui est inaccessible, ou bien un refus de voir, permettant de ne pas prendre conscience de ses propres désirs. Freud a découvert que le refoulement est un des principaux mécanismes dans la formation d'une névrose. La répression délibérée, elle, équivaut à une décision morale consciente, tandis que le refoulement répond à un penchant plutôt immoral : on cherche à s'abstraire de la nécessité de prendre des décisions désagréables. La répression peut causer des soucis, des conflits et des souffrances, mais elle produit jamais une névrose. La névrose est toujours un succédané d'une souffrance légitime. Si on fait abstraction du « criminel statistique », il reste dans la nature humaine le vaste domaine P.151 des qualités inférieures et de tendances primitives qui appartiennent à la structure psychique de l'homme, moins idéal et plus primitif que nous ne voudrions l'admettre. Nous avons certaines idées sur la manière dont un homme civilisé, cultivé ou moral devrait se conduire et à l'occasion nous faisons de notre mieux pour satisfaire à ces espoirs ambitieux. Mais comme la nature n'a pas dispensé les mêmes biens à tous ses enfants, les uns sont plus doués, les autres moins. Ainsi, il y a des gens qui arrivent à vivre de manière « juste » et respectable, c'est-à-dire sans qu'on puisse formuler la moindre critique à leur adresse : ou bien ils ne commettent que des péchés mineurs - s'il leur arrive de pécher - ou encore leurs péchés restent ignorés des autres comme d'eux-mêmes. La société est plutôt indulgente pour les pécheurs inconscients de leurs péchés. La nature, elle, cependant, ne partage nullement cette miséricorde pour les pécheurs inconscients : elle les punit tout aussi durement que s'ils avaient commis un délit conscient. Ainsi trouvons-nous, .. que ce sont justement les personnes très pieuses qui, inconscientes de leur « autre face », se signalent par des humeurs particulièrement infernales qui les rendent insupportables à leur entourage. Le renom de sainteté peut porter loin, mais vivre avec un saint peut déclencher un complexe d'infériorité ou même une explosion sauvage d'immoralité chez des individus moralement moins doués. La moralité semble être un don comme l'intelligence. On ne saurait sans danger l'introduire de force dans un système qui ne la contient pas de façon innée.
Malheureusement il n'est pas douteux que l'homme est, dans l'ensemble, moins bon qu'il ne s'imagine ou ne voudrait l'être. Chacun est suivi d'une ombre et moins celle-ci est incorporée dans la vie consciente de l'individu plus elle est noire et dense. Si une infériorité est consciente, on a toujours la chance éventuelle de la corriger. De plus, elle est constamment en contact avec d'autres centres d'intérêts, de sorte qu'elle est toujours soumise à des modifications. Mais si elle est refoulée et isolée de la conscience, elle ne sera jamais corrigée et, en outre, elle sera, constituant un danger latent, susceptible de surgir soudainement dans un instant d'inattention. En tout cas elle forme un obstacle inconscient, qui bloque les efforts les mieux inspirés.
Nous portons notre passé avec nous, à savoir homme primitif et inférieur, avec ses avidités et ses émotions, et c'est seulement par un effort considérable que nous pouvons nous libérer de ce fardeau. Lorsqu'un être arrive à la névrose, nous avons invariablement affaire à une ombre considérablement intensifiée. Et si l'on veut aboutir à la guérison d'un tel cas, il est indispensable de l'aider à trouver une voie selon laquelle sa personnalité consciente et son ombre pourront vivre ensemble. P.153
Cela constitue un très grave problème pour tous ceux qui sont personnellement dans cette situation pénible ou qui doivent aider des malades à se faire une vie normale. Car d'une part, l'oppression pure et simple de l'ombre ne constitue pas plus un remède que la décapitation ne guérit la migraine ; d'autre part, détruire la morale d'un homme ne serait non plus d'aucun secours, car cela tuerait son meilleur moi, sans lequel l'ombre elle-même n'aurait plus de sens. Dès lors la réconciliation de ces contraires est un des problèmes les plus importants qui soient ... Carpocrate, une personnalité du reste légendaire du IIe siècle, philosophe néo-platonicien enseignait que le bien et le mal ne sont que des manières de voir de l'homme, et que les âmes par contre avant la mort, devraient avoir vécu toutes les expériences humainement possibles, jusqu'aux plus extrêmes, si elles ne voulaient pas retomber dans la prison du corps. L'âme, professait cette doctrine, ne peut en quelque sorte se libérer de l'esclavage dans le monde somatique du Démiurge, qu'en payant la rançon de l'accomplissement intégral de toutes les nécessités de la vie. L'existence corporelle présente est une sorte de frère ennemi, dont les exigences doivent être d'abord prises en considération. . Dans la mesure où l'homme enchaîné au soma constitue l' « Adversaire », c'est-à-dire l' « Autre en moi », il est évident que la façon de penser carpocratique aboutit à l'interprétation suivante du texte de Matthieu, v, 22 : « Mais moi je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère ( alias contre soi-même) mérite d'être puni par les juges ; que celui qui dira à son frère (alias à soi-même) : « Raca ! » mérite d'être puni par le sanhédrin ; et que celui qui lui dira : « Insensé ! » mérite d'être puni par le feu de la géhenne. Si donc tu présentes ton offrande à l'autel, et que là tu te souviennes que ton frère ( alias toi) a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant P.155 l'autel, et va d'abord te réconcilier avec ton frère ( alias toi-même) ; puis, viens présenter ton offrande. Accorde-toi promptement avec ton adversaire ( alias toi-même) pendant que tu es en chemin avec lui, de peur qu'il ( alias tu) ne te livre au juge, etc. » Ce problème n'est pas très éloigné de la parole divine non-canonique : « Si tu sais ce que tu fais, tu es heureux ; mais si tu ne sais pas ce que tu fais, tu es damné. » Mais, très proche, se trouve la parabole de 1'économe infidèle (Luc, XVI), qui est une pierre d'achoppement à divers points de vue.
Et laudavit Dominus (Et le Maître félicite son intendant infidèle d'avoir agi en homme avisé) villicum iniquitatis quia prudenter fecisset. Prudenter correspond au phronimos du texte primitif qui veut dire « réfléchi », raisonnable, avisé. Indéniablement, la raison apparaît ici comme un organe de décision éthique. .
C'est un problème vital mais dangereux aussi et moralement épineux pour la civilisation moderne qui ne sait plus ni ne comprend plus pourquoi la vie de l'homme devrait être un sacrifice au sens le plus élevé du mot. L'homme peut réaliser des choses étonnantes, si elles ont un sens pour lui. Mais la difficulté est de créer ce sens. II faut naturellement que ce soit une conviction ; mais il s'avère que les choses les plus convaincantes que l'homme puisse inventer sont toutes coulées dans le même moule et sont trop bon marché pour être capables de le soutenir efficacement contre ses désirs personnels et ses angoisses.
Si les tendances refoulées de l'ombre n'étaient que mauvaises, il n'y aurait pas de problème du tout. Or, l'ombre est en règle générale seulement quelque chose d'inférieur, de primitif, d'inadapté et de malencontreux, mais non d'absolument mauvais. Elle contient même certaines qualités enfantines ou primitives qui pourraient dans une certaine mesure raviver et embellir l'existence humaine ; seulement on se heurte à des règles établies. Le public cultivé, la fleur de notre civilisation actuelle, est séparé de ses racines, et est sur le point de perdre contact avec la terre. Il n'existe à l'heure présente que peu de pays civilisés où les couches inférieures de la population ne se trouvent dans un état d'inquiétude et des conflits d'opinion. Dans plusieurs nations européennes, cette tension latente s'est propagée également dans les couches supérieure. Cette situation des esprits est la démonstration, sur une vaste échelle, de notre problème psychologique. Dans la mesure P.157 où les collectivités sont de simples accumulations d'individus, leurs problèmes sont aussi des accumulations de problèmes individuels. Une partie de la société s'identifie avec l'homme supérieur et ne peut s'abaisser, et l'autre s'identifie avec l'homme inférieur et essaie d'atteindre un niveau plus élevé.
De pareils problèmes ne sont jamais résolus par la législation ou par des tours de passe-passe. Ils ne peuvent être résolus que par un changement général dans l'attitude de l'homme. Et ce changement ne saurait commencer ni par de la propagande ou des meetings monstres, ni par la violence. Il commence par un changement dans les individus. Et il se manifestera par la transformation de leurs penchants, de leurs goûts et dégoûts personnels, de leur conception de la vie et de ses valeurs et seule une accumulation de telles métamorphoses individuelles amènera une solution collective.
L'homme cultivé s'efforce ce réprimer en lui-même l'homme inférieur, sans réaliser que, ce faisant, il contraint celui-ci à devenir révolutionnaire. Il est caractéristique pour mon patient qu'il ait rêvé un jour d'une escouade militaire, qui avait l'intention «d'écraser complètement l'aile gauche ». Quelqu'un fait remarquer que l'aile gauche est déjà très faible, mais les soldats lui répondent que c'est là précisément la raison pour laquelle 1'aile gauche doit être complètement écrasée. Le rêve montre comment mon patient traitait son propre homme inférieur. Manifestement ce n'est pas la bonne méthode. Le rêve de la « maison de recueillement » montre au contraire qu'une attitude religieuse est la bonne réponse à sa question. Le mandala semble être une amplification de ce point particulier. .. le mandala historique servait de symbole pour clarifier sur le plan philosophique la nature de la divinité, ou bien à figurer celle-ci pour l'offrir à l'adoration sous une forme visible, ou encore, comme en Orient, à titre de Yantra pour la pratique du yoga. La plénitude (perfection) du cercle céleste et la forme carrée de la terre qui contient les quatre principes ou éléments ou qualités psychiques ( .. les couleurs sont liées à des qualités psychologiques), expriment la totalité et l'unification. Ainsi le mandala possède la dignité d'un « symbole unificateur ». Dans la mesure où la réconciliation de Dieu avec l'homme est figurée par le symbole du Christ ou de la Croix (La croix a aussi la signification d'une borne entre ciel et enfer, étant érigée au milieu du cosmos et s'étendant de tous les côtés. . Une position centrale analogue cosmique se trouve aussi dans le mandala tibétain. Souvent, exactement jusqu'au milieu, il s'élève du monde terrestre situé sur l'enfer et monte vers le ciel (analogue aux stupas hémisphériques de Sanchi .. J'ai trouvé souvent la même chose dans des mandalas individuels, qui représentent en haut le monde clair, en bas le monde sombre ou émergeant dans ces mondes. Dans « l'oil révulsé» ou « Miroir philosophique» de JAKOB BOEHME (Quarante questions concernant l'âme) se trouve une tentative analogue.), nous pouvons supposer que l'horloge cosmique de notre patient possède une signification unificatrice analogue. Impressionnés par des analogies historiques, nous nous attendrions à voir une divinité occuper le centre du mandala. Or, le centre est vide. Le siège de la divinité est inoccupé, en dépit du fait que si nous analysons le mandala conformément aux analogies historiques, nous aboutissons à la conclusion que le dieu est figuré par le cercle et que la déesse est P.159 symbolisée par le carré. Au lieu de « déesse » nous pourrions dire également « terre » ou « âme ». Contrairement au préjugé historique .. on ne trouve aucune trace de la divinité dans le mandala : au contraire à sa place figure un mécanisme. Nous n'avons pas le droit de passer sous silence un fait aussi important au profit d'une opinion préconçue. Un rêve ou une vision sont exactement ce qu'ils paraissent être. Ils ne sont pas le déguisement d'autre chose. Ils sont un produit de la nature, c'est-à-dire une chose en soi, sans motif extérieur à elle-même. J'ai vu de nombreux mandalas provenant de patients n'ayant subi aucune influence et j'ai observé le même fait dans une majorité écrasante de cas : il n'y avait Jamais une divinité dans le centre. En règle générale on met l'accent sur le centre. Mais ce que nous trouvons ici est un symbole d'une signification d'un genre très différent. C'est par exemple une étoile, un soleil, une fleur, une croix à branches égales, une pierre précieuse, une coupe remplie d'eau ou de vin, un serpent lové ou un être humain, mais jamais un dieu.
Lorsque nous trouvons un Christ triomphant dans la rosace des églises médiévales, nous admettons avec raison que c'est là un symbole central du culte chrétien. De même nous pouvons supposer que toute religion dont les racines plongent dans l'histoire d'un peuple est tout autant l'expression de sa psychologie que la forme du gouvernement par exemple, produite par ce peuple. Si nous appliquons la même méthode aux mandalas modernes que les êtres contemporains ont vus dans des rêves ou des visions au cours de « séances d'imagination active », nous aboutissons à cette conclusion que les mandalas sont l'expression d'une attitude déterminée que nous ne pouvons appeler autrement que « religieuse ». La religion est une relation avec la valeur la plus haute ou la plus forte, que celle-ci soit positive ou négative.
Cette relation peut être aussi bien volontaire qu'involontaire ; autrement dit, l'homme peut soit être fasciné et possédé inconsciemment par une « valeur », c'est-à-dire par un facteur psychique doté d'une énergie considérable, soit l'accepter de façon consciente. La donnée psychologique qui, dans l'homme, possède la plus grande puissance se manifeste comme « « dieu », car c'est toujours le facteur psychique souverain que l'on nomme « dieu ». Dès qu'un dieu cesse d'être un facteur souverain, il n'est plus qu'un simple nom. Son essence est morte, et son pouvoir a disparu. Pourquoi les dieux antiques ont-ils perdu leur prestige et leur influence sur les âmes humaines ? C'est que les dieux de l'Olympe avaient fait leur temps et qu'un nouveau mystère commençait : Dieu devint homme. P.161
Si l'on se permet de chercher à tirer des conclusions des mandalas modernes, on devrait tout d'abord demander aux gens s'ils ont un culte pour les étoiles, les soleils, les fleurs ou les serpents, Mais ils le contesteront et assureront en même temps que les globes, les étoiles, les croix, etc., sont des symboles qui figurent le centre en eux-mêmes. Et si on leur demande ce qu'ils entendent par ce centre, ils seront fort embarrassés et ne sauront que se référer à telle ou telle expérience, d'autres avoueront qu'une vision de cette sorte leur est survenue dans un moment de grande douleur ou de profonde détresse. Pour d'autres encore elle sera le souvenir d'un rêve impressionnant ou d'un instant où des luttes longues et infructueuses prirent fin et où la paix entra en eux. Si nous résumons ce que les hommes peuvent et savent raconter de leur expérience de cette sorte nous pouvons le formuler à peu près ainsi : Ces êtres, à ce moment d'élection, se sentirent devenir conformes à eux-mêmes, purent s'accepter eux-mêmes, furent en mesure de se réconcilier avec eux-mêmes et grâce à cela ils furent aussi réconciliés avec des circonstances cruelles et des événements marqués au cour d'une adversité qui leur semblait inacceptable jusque là. Cela rappelle beaucoup ce qu'on exprimait jadis par ces mots : « Il a fait sa paix avec Dieu, il lui a fait le sacrifice de sa volonté en se soumettant à la volonté de Dieu. »
Un mandala moderne est un aveu involontaire d'un état mental et spirituel particulier. Il n'y a point de divinité dans le mandala, il n'y a pas non plus l'indication d'une soumission à la divinité ni d'une réconciliation avec elle. La place de la divinité semble être prise par la totalité de l'homme.
Quand on parle de l'homme, chacun entend son propre moi - c'est-à-dire sa disposition personnelle, pour autant qu'il en est conscient - et lorsqu'on parle des autres, on admet implicitement qu'ils ont une constitution assez semblable à la sienne propre. Mais .. la conscience individuelle est coulée dans le lit d'une psyché inconsciente, indéfiniment étendue, nous devons nécessairement réviser notre préjugé désuet, selon lequel l'homme- ne serait rien de plus que son conscient. A ce préjugé naïf il faut d'emblée opposer la question critique suivante : la conscience de qui ? De fait ce serait une tâche difficile que de concilier l'image que je me fais de moi-même avec celle que les autres se font de moi. Qui a raison ? Et qui est l'individu réel ? Et lorsqu'on va plus loin et que l'on prend en considération le fait que l'homme est même encore ce que ni lui-même ni d'autres savent de lui - quelque chose d'encore inconnu dont l'existence peut néanmoins être P.163 prouvée - le problème de l'identité devient encore plus difficile. De fait, il est absolument impossible de déterminer l'étendue et le caractère définitif de l'existence psychique. Si dès lors, nous parlons de l'homme, nous entendons un ensemble de lui-même qui reste illimitable, une totalité globale informulable qui ne peut être exprimée que symboliquement. J'ai choisi le mot « Soi » pour désigner la totalité de l'homme, la somme de ses données conscientes et inconscientes. J'ai adopté cette expression conformément à la philosophie orientale, qui depuis des siècles s'occupe de ces problèmes, qui se posent lorsque même le stade de l'incarnation humaine des dieux est dépassé. La philosophie des Upanishads correspond à une psychologie qui depuis longtemps a reconnu la relativité des dieux. On ne doit pas confondre ceci avec une erreur aussi naïve que l'athéisme. Le monde est tel qu'il a toujours été, mais notre conscient subit de singuliers changements. D'abord dans les temps reculés .. l'élément principal de la vie psychique résidait apparemment à l'extérieur dans des objets, humains et non humains : il était projeté, comme nous dirions aujourd'hui. Or dans un état de projection plus ou moins complète il n'y a guère de place pour le conscient. C'est par le retrait des projections que la connaissance consciente s'est lentement développée. Chose curieuse, la science débuta par la découverte des lois astronomiques, donc par le retrait de la projection en quelque sorte la plus lointaine. Ce fut là une première étape hors de l'animisme qui imprégnait l'univers. Un pas suivit l'autre : déjà dans l'Antiquité on retira les dieux des montagnes et des rivières, des arbres et des animaux. Notre science moderne a affiné ses projections jusqu'à un degré presque imperceptible, mais notre vie quotidienne pullule encore de projections. Elles s'étalent dans les journaux, les livres, les faux bruits et les commérages mondains les plus courants. Toutes les lacunes, les trous de la connaissance réelle sont encore et toujours remplis de projections. Nous sommes encore et toujours presque certains de savoir ce que pensent les autres et ce qu'est leur véritable caractère. Nous sommes convaincus que certaines personnes possèdent tous les défauts que nous n'apercevons pas en nous-mêmes, et qu'elles réalisent tous ces vices qui, naturellement, ne sauraient être les nôtres. Nous devons encore et toujours témoigner d'une prudence extrême, afin de ne pas projeter d'une manière trop éhontée notre propre ombre, et nous sommes encore et toujours submergés par des illusions projetées. Imaginez un homme qui soit assez courageux pour retirer, sans exception, toutes ces projections et vous aurez un individu qui aura pris conscience d'une ombre étonnamment épaisse. Un tel homme s'est chargé de nouveaux problèmes et de nouveaux P.165 conflits. Pour lui-même il est devenu une grande tâche, car désormais il ne saurait plus dire que « eux » font ceci ou cela, que « les autres » sont dans l'erreur et qu'il faut « les » combattre. Il vit dans la « maison de la réflexion sur soi-même », du recueillement intérieur. Un tel homme sait que tout ce qui va de travers dans le monde agit aussi en lui-même ; si seulement il apprend à traiter comme il convient avec sa propre ombre, il aura accompli quelque chose de réel pour le monde. Il aura alors réussi à résoudre au moins une partie et ne fût-elle qu'infinitésimale, des gigantesques problèmes irrésolus de notre époque. Ces problèmes sont pour une bonne part si difficiles parce qu'ils sont envenimés par des projections réciproques. Comment aussi pourrait-on y voir clair, sans se voir soi-même, ni ces ténèbres qu'on introduit inconsciemment dans toutes ses actions ?
Le développement de la psychologie moderne conduit à une compréhension bien meilleure des composantes réelles de l'homme. Auréolés d'une puissance et d'une beauté surhumaines, les dieux ont tout d'abord vécu sur les cimes de montagnes couvertes de neige, ou dans les ténèbres de grottes, de forêts, ou dans les profondeurs des mers. Plus tard, ils se sont fondus en un Dieu, et ensuite ce Dieu devint homme. Mais, de nos jours, l'Homme-Dieu lui-même paraît descendre de son trône et se dissoudre dans l'homme quotidien. C'est sans doute pour cela que son siège est vide et c'est sans doute par voie de conséquence, que l'homme moderne souffre d'une démesure, d'une hybridité de sa conscience, qui frôle l'état maladif. A cette disposition psychique de l'individu correspond en gros l'hypertrophie et l'exigence totalitaire de l'idée d'Etat. ( Par un mécanisme de projection, l'individu projetant dans l'état et son concept soit directement, soit par le truchement des politiciens qui servent de vecteur à la projection, ses carences, ses nostalgies, ses structures inconscientes, et en particulier ses exigences de perfection et de totalité humaines.) Comme l'Etat tente de « saisir » l'individu, ainsi l'individu s'imagine aussi avoir « saisi » son âme ; oui, il en fait même une science, en admettant absurdement que l'intellect, qui n'est cependant que partie et fonction de la psyché, suffirait pour saisir la totalité bien plus étendue de l'âme. En réalité c'est la psyché qui est la mère, qui est le sujet et la condition même du conscient. Elle dépasse de si loin les frontières du conscient que celui-ci peut à juste titre être comparé à une île dans l'océan. Tandis que l'île est petite et étroite, l'océan est immensément large et profond et contient une vie qui dépasse de toutes les manières, celle de l'île, en qualité et en quantité. On peut reprocher à cette conception qu'elle laisse sans preuve l'hypothèse selon laquelle le conscient ne serait rien de plus qu'une petite île dans l'océan. Cette preuve, il est vrai, est en soi impossible à fournir, car en face de l'étendue connue du conscient se situe « l'extension » inconnue de l'inconscient, dont nous ne savons au fond rien, sinon qu'il existe et que, par son existence même, il influe, dans un sens restrictif, sur le conscient et sa liberté. Car là où règne l'inconscience, règne P.167 aussi l'astreinte et l'asservissement. L'étendue de l'océan n'est finalement qu'une parabole qui exprime par allégorie le pouvoir de l'inconscient, restreignant et menaçant le conscient. L'rnpirisme sychologique aimait, jusqu'à .ces derniers temps, définir (( j'inconscient» - ainsi que l'indique le mot lui-même - comme pure absence de consci en ce, de même que l'ombre en tant qu'absence de lumière. 1 n seulement toutes les époques antérieures, mais encore l'observation précise actuelle des processus inconscients, confirment que l'inconscient possède une certaine autonomie créatrice, qui ne pourrait jamais lui être attribuée s'il avait seulement la nature d'une ombre. :trus n Hartmann ~t ::hopenhauerid. Dentifient l'inconscient vec le principe créateur de l'univers, ils syntbétisaient de ce fait tous les enseignements du passé ui, fondés sur des expériences intérieures toujours enouvelées ont perçu les efficacités mystérieuses sous forme de dieux personnifiés. L'oubli de la langereuse autonomIe de l'inconscient et sa défini. Tion purement négative comme absence de cons. Ci en ce reflète l'hypertrophie moderne du conscient et exprime l'embarras de son hybridité. Le recours à des dieux ou à des démons invisibles constituerait une formulation psychologiquement plus adéqua te de l'inconscient, bien qu'elle soit une pro. Qua te de l'inconscient, bien qu'elle SOIt une prole développement de la conscience exige le retrait toutes les projections assignables, aucune doc :rine de dieux ne sa urait être maintenue qui leur l ttrwuerait le sens d'une existence non psycho]ogique. Si le processus historique de déspiritualisation de l'Univers - le retrait des projections continue comme par le passé, tout ce qui porte xtérieurement un caractère divin ou démoniaque (oit retourner à l'âme, à l'intérieur de l'homme inconnu, d'où cela est apparemment issu.
.out d'abord l'erreur matérialiste était s !ns foute inévitable. Du fait que le trône de Dieu n'a pas pu être découvelt à l'intérieur des systèmes galactiques, on en a conclu que Dieu n'a jamais existé. La seconde erreur inévitable est le psychologisme : si Dieu, d'une façon quelconque, est, 1 il doit être une illusion, issue de certaines causes telles que, par exemple, la volonté de puissance ou la sexualité refoulée. Ces arguments ne sont pas nouveaux. Des propos semblables furent déjà rais tandis que les premiers missionnaires étaient conscient ! de servir un Dieu nouveau en comba ttant les anciens, nos iconoclastes modernes sont inconscients, en détruisant les anciennes valeurs au nom de auoi ils le font. Nietzsche, il est vrai, se sentait responsable lorsqu'il brisa les tables de l'ancienne loi, et pourtant il succomba à la singulière nécessité de trouver un support dans un Zarathoustra ress118cité, considéré comme une sorte de personnalité seconde, P.169 une sorte d'alter ego avec lequel il s'identifie . Nietzsche n'était pas athée, mais son Dieu était mort. La conséquence de cette mort de Dieu fut que Nietzsche lui-même se dissocia en deux et qu'il se sentit obligé de personnifier l'autre partie de lui-même tantôt en « Zarathoustra », tantôt, à d'autres époques, en « Dionysos ». Durant sa fatale maladie il signa ses lettres « Zagreus », le Dionysos démembré des Thraces. La tragédie de Ainsi parla Zarathoustra est que, son Dieu étant mort, Nietzsche devint un dieu lui-même, et cela advint précisément parce qu'il n'était pas athée. . Celui dont le « Dieu meurt » est guetté par « l'inflation « , dont il va devenir victime. « Dieu » est en réalité la position psychique effectivement la plus forte, exactement dans le sens de l'affirmation paulinienne : « leur Dieu est le ventre. » Le facteur le plus puissant et par conséquent le plus déterminant au sein d'une psyché individuelle, s'assure cette foi ou cette frayeur, cette soumission ou ce dévouement qu'un Dieu pourrait exiger de l'homme. Ce qui prédomine, ce qui est inéluctable est, dans ce sens, « Dieu» et l'est de façon absolue, à moins qu'il ne soit possible à la volonté éthique, issue du libre arbitre humain d'ériger contre cette donnée de la nature, un rempart d'une solidité analogue. Dans la mesure où ce rempart s'avère absolument efficace, il mérite bien d'être nommé Dieu et précisément d'avoir le nom d'un dieu spirituel, parce que cette position psychique provient de la liberté d'une décision éthique, donc foncièrement d'une mentalité. II est proposé à la liberté humaine de choisir si « Dieu » est un « esprit » ou un fait de nature, comme le besoin compulsif d'un morphinomane ; c'est ce qui fera pencher la balance et attribuera à « Dieu » soit la signification d'une puissance bénéfique, soit celle d'une puissance destructrice.
Aussi indubitables et compréhensibles que soient ces événements psychiques ou ces décisions, ils nous induisent cependant aisément dans l'erreur antipsychologique selon laquelle l'homme en quelque sorte posséderait la liberté de se créer ou non un « dieu ». Or, de cela il n'est pas question ; car chacun se trouve aux prises avec une disposition psychique qui limite considérablement sa liberté, oui, la rend presque illusoire. Non seulement la « liberté de la volonté » est un problème insoluble sur le plan philosophique, mais encore il l'est sur le plan pratique, en ce sens qu'on rencontre rarement quelqu'un qui ne soit plus ou moins dominé, voire obnubilé par des penchants, des habitudes, des pulsions, des préjugés, des ressentiments et toutes les sortes de complexes possibles. Toutes ces forces de la nature agissent comme le ferait un Olympe plein de dieux désireux d'être rendus P.171 propices, d'être servis, craints et adorés, non seulement par le possesseur individuel de cette troupe divine, mais encore par son entourage personnel. L'asservissement et la possession sont synonymes. C'est pourquoi il y a toujours dans l'âme quelque chose qui prend le dessus, qui limite ou mate la liberté morale. Pour se dissimuler ce fait réel, mais fort désagréable, et pour se donner par ailleurs le courage d'être libre, on s'est habitué à employer le langage apotropéique suivant : « J'ai tel penchant, ou telle habitude, ou tel ressentiment », alors qu'on devrait sincèrement constater : « Tel penchant, ou telle habitude, ou tel ressentiment me possède et m'incite à . » Mais s'exprimer ainsi nous coûterait encore, il est vrai, l'illusion de la liberté. Toutefois je me demande si, dans un sens plus élevé, ceci ne vaudrait pas mieux que de se complaire dans un langage qui vous fait perdre la juste appréciation des choses. En fait et en vérité, nous ne jouissons pas d'une liberté souveraine : nous sommes continuellement menacés par certains facteurs psychiques qui en tant que « forces de la nature » peuvent nous prendre en leur possession. Le retrait prononcé de certaines projections métaphysiques nous expose presque sans défense à une telle éventualité, en ce sens que nous nous identifions immédiatement à chaque impulsion, au lieu de lui attribuer le nom d'un « Autre », nom grâce auquel elle serait au moins tenue à bout de bras, et ne pourrait immédiatement s'emparer de la citadelle du moi. Les « puissances » et les « forces » sont toujours là, nous ne pouvons et nous n'avons pas besoin de les créer. Tout ce qui est en notre pouvoir c'est de choisir le Seigneur que nous voulons servir, afin que son service nous protège contre la domination des « Autres» que nous n'avons pas élus. « Dieu » n'est pas créé mais élu.
Notre choix désigne et définit « Dieu ». Mais notre choix est ouvre humaine et par suite la définition ainsi donnée est limitée et imparfaite. (L'idée de perfection, elle non plus, ne comporte pas, ne crée pas la perfection.) La définition n'est qu'une image qui ne saurait hausser l'état de fait ainsi désigné mais inconnu jusqu'à la sphère de la compréhension, sinon l'on serait en droit de dire que l'on a créé un dieu. Le « Seigneur » que nous avons élu n'est pas identique à l'image que nous en avons esquissée dans le temps et dans l'espace. Avant comme après, il agit comme une grandeur indiscernable et inappréciable dans les profondeurs de l'âme. Nous ne connaissons même pas l'essence d'une pensée simple, et par conséquent encore bien moins celle des principes ultimes du psychisme. Ainsi, nous n'avons en aucune manière la libre disposition de la vie intérieure de l'âme. Or, comme cette dernière est soustraite à notre intention et à notre arbitraire et qu'elle agit librement à notre égard, il peut se produire que l'entité vivante, désignée par la définition, s'échappe contre notre gré hors du cadre de l'image P.173 construite par des mains humaines. On serait alors peut-être en droit de dire avec Nietzsche : « Dieu est mort. » Mais il serait plus exact de dire : « Il s'est dépouillé de notre image, de l'image que nous lui avions conférée : et où allons-nous le retrouver ? » L'interrègne est plein de dangers, car les données, les forces implicites de la nature formuleront leurs revendications, sous la forme des différents « - ismes ». De ceux-ci rien ne peut naître qu'anarchie et destruction, car, par suite de l'inflation, l'hybridité de la conscience humaine élit le moi, en dépit de son dénuement ridicule et de sa pauvreté, comme Seigneur de l'Univers. Ce fut le cas de Nietzsche, signe avant-coureur mais incompris de toute une époque.
Chaque moi humain est bien trop petit, et son cerveau bien trop débile pour pouvoir s'incorporer à soi-même, en totalité, les projections retirées du monde. Le moi comme le cerveau en éclate en morceaux. . Ce n'est pas parce qu'il (Nietzsche) énonçait ce fait que les peuples ont été influencés, mais parce que sa constatation n'était que la formulation d'un état de fait psychologique généralisé. Les conséquences en apparurent sans tarder : l'obscurcissement et l'obnubilation Jar les -ismes et la catastrophe. Personne ne sut tirer une conclusion de la prophétie de Nietzsche. Ne sonne-t-el1e pas comme l'antique « le grand Pan est mort », qui constatait la fin des dieux de la nature ?
La vie du Christ est comprise par l'Eglise à la fois comme un mystère historique et en même temps éternellement persistant, ainsi qu'il ressort en particulier du sacrifice de la messe. D'un point de vue psychologique, cette conception se laisserait traduire comme suit : le Christ vécut une vie concrète, personnelle et unique, mais qui en même temps possède dans ses traits essentiels, un caractère d'archétype. Ce caractère sera reconnu grâce aux multiples relations existant entre les détails biographiques et les motifs mythiques les plus répandus. Ces rapports indéniables constituent la raison pour laquelle les historiens de la vie de Jésus ont tant de mal à décortiquer, à extraire des récits évangéliques une vie individuelle, dépouillée de tout mythe. .. les récits de faits réels, les légendes et le mythe sont entre tissés, constituant un tout qui donne justement aux Evangiles leur sens ; tout qui perd immédiatement son caractère de totalité, dès que l'on tente de séparer, au moyen du scalpel de la critique, l'individuel de l'archétypique. . L'homme de tous les jours lui aussi, réalise dans P.175 la vie, de manière inconsciente, des formes archétypiques ; ce n'est qu'en fonction de l'ignorance psychologique généralement répandue qu'elles passent inaperçues. Même les manifestations fuyantes des rêves laissent souvent nettement percevoir une structure archétypique.
Au fond, tout processus psychique est basé sur l'archétype et s'enchevêtre avec lui, à un tel point qu'il faut, dans chaque cas, un effort critique considérable pour distinguer avec sûreté le typique de l'accidentel. En fin de compte, chaque vie individuelle incarne en même temps la vie de l'éternité de l'espèce. L'individuel est toujours « historique », parce que strictement lié au temps ; la relation du type avec le temps est, par contre, indifférente. Dans la mesure où la vie du Christ est archétypique, .. elle représente dans une égale mesure, la vie même de l'archétype. Mais comme ce dernier est le préconditionnement inconscient de toute vie humaine, à travers la vie révélée du Christ s'exprime, dans son sens profond, la vie secrète et inconsciente de chacun ; autrement dit, tout ce qui survient dans la vie du Christ se produit toujours et partout. En d'autres termes, on peut dire que dans l'archétype chrétien . la question de la mort de Dieu .. s'y trouve exprimée, comme par anticipation et en une forme accomplie : le Christ est, lui-même, le type du Dieu qui meurt et se métamorphose.
Notre situation psychologique, qui nous a servi de point de départ, correspond à ce quid quaeritis viventem cum mortuis ? Non est hic. (Pourquoi venez-vous chercher un vivant parmi les morts ? II n'est pas ici.) Mais où retrouverons-nous le ressuscité ?
. Je ne m'adresse pas du tout d'ailleurs aux bienheureux possesseurs de la foi, mais à tous ces nombreux chercheurs, pour lesquels la lumière est éteinte, le mystère englouti et Dieu mort. Pour la plupart il n'y a pas de retour, et qui saurait d'ailleurs dire si le chemin du retour en arrière est le meilleur ? Pour la compréhension des choses religieuses, il n'existe guère aujourd'hui que la voie d'accès psychologique ; c'est pour cela que je m'efforce de refondre les formes de pensée que l'Histoire a figées, et d'en faire couler la substance dans les vases conceptuels de l'expérience immédiate. C'est certainement une entreprise difficile que de retrouver, de rétablir ce pont qui relie la façon de voir du dogme à l'expérience immédiate des archétypes psychologiques, mais l'exploration des symboles naturels de l'inconscient nous fournit les matériaux nécessaires à sa construction. P.177
La mort de Dieu ou sa disparition n'est en aucune manière un symbole uniquement chrétien. La quête consécutive à la mort se répète encore aujourd'hui après le décès d'un dalaï lama, de même qu'elle fut fêtée chaque année, lors de la « recherche de Corée » . Cette vaste expansion d'un même symbole plaide en faveur de la présence généralisée de ce processus typiquement psychique : la valeur suprême, vivifiante, celle qui donne son sens à la vie, et la vie elle-même, s'est perdue. Ce processus est une expérience vécue, typique, c'est-à-dire fréquemment renouvelée, et c'est bien pourquoi il est exprimé à une place centrale dans le mystère chrétien. Cette mort, cette perte, doit se répéter et se reproduire toujours à nouveau ; le Christ meurt toujours, de même qu'il renaît toujours ; car la vie psychique de l'archétype est intemporelle en comparaison de notre conditionnement individuel du temps. Selon quelles lois c'est tantôt l'un, tantôt l'autre des aspects de l'archétype qui se manifeste efficacement, je l'ignore. Je sais seulement qu'actuellement nous sommes à l'époque de la mort et de la disparition de Dieu. Le mythe dit : on ne le retrouvera plus là où son corps a été déposé. Le « corps » correspond à la forme extérieure et visible, version passée et actuelle, mais temporaire et passagère de la valeur suprême. Le mythe, continuant son cours, nous rapporte que cette valeur renaît à nouveau d'une façon miraculeuse, mais transformée. Cela nous semble être un prodige, car, lorsqu'une valeur disparaît, elle semble perdue à tout jamais. Il est donc inattendu à l'extrême qu'elle puisse revenir. La descente du Christ aux enfers qui a lieu pendant les trois jours de la mort, décrit l'engloutissement de la valeur disparue dans l'inconscient où, par la victoire sur les puissances des ténèbres, il rétablit un nouvel ordre et d'où il remonte jusqu'au haut des cieux, c'est-à-dire jusqu'à la clarté suprême du conscient. Qu'il n'y ait que peu d'hommes à voir le Ressuscité, cela signifie que les difficultés ne sont pas minces qui empêchent de retrouver et de reconnaître la valeur transformée.
Nconscient produit un tymbole na turel, q le j'ai désigné techniquement signification fonctionnelle d'une réconciliation des contraires, donc d'une média lion, 179 e ce Médiateur qui est la pierre miraculeuse, EpiJ 1 s'agit ici d'un Salo vator qui ne vient pas du ciel, mais des profondeurs de la terre, c'est-à-dire de ce qui gît sous le conscient. Là-bas, ces (( philosophes » supposaient ; « philosophes ) supposaient la présence d'un spiritus enfermé dans le réci. Pient de la matière, une « colombe blanche» :omparable au Nous divin dans !e cratère d'Hermès, duquel on dit : « Plonge-toi dans ce cratère, si tu le peux, en reconnaissant à quelle fin tu as été créé 44, et en croyant que tu monteras vers Lui, qui a envoyé le cratère sur terre 45. »
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L'expérience formulée dans le mandala moderne est typique pour les êtres qui ne peuvent plus continuer à projeter l'image divine. Par suite du retrait et de l'introjection de cette image, ils se trouvent dans un réel danger d'inflation et de dissolution de leur personnalité. Les enceintes rondes ou carrées autour du centre ont pour but de créer des murs protecteurs ou un vas hermeticum ( un vase hermétique) afin de prévenir et d'empêcher une explosion ou un écroulement. Ainsi le mandala est la représentation et en même temps le support d'une concentration exclusive sur le centre, alias le Soi. Cet état est tout autre chose que de l'égocentrisme. Il constitue, au contraire, une concentration sur soi et une limitation à soi, hautement nécessaire, dans le but d'éviter l'inflation et la dissociation.
L'enceinte .. a aussi l'importance de ce qu'on appelle en grec, témenos, le parvis d'un temple ou de n'importe quel lieu isolé mais sacré. Dans ce cas, le cercle protège ou isole un contenu intérieur qui ne doit pas être mêlé aux choses de l'extérieur. . l'habitant du témenos était le dieu. Mais le prisonnier, ou l'habitant bien protégé du mandala, ne semble pas être un dieu, pour autant que les symboles employés, par exemple les étoiles, les croix, les globes et ainsi de suite, n'ont pas la signification d'un dieu, mais plutôt d'une partie apparemment importante de la personnalité humaine. On pourrait dire que c'est l'homme même, ou son âme la plus intime, qui est le prisonnier ou l'occupant protégé du mandala. . dans le mandala moderne c'est en quelque sorte l'homme, c'est-à-dire le tréfonds du Soi qui non pas remplace, mais symbolise, la déité.
C'est un fait remarquable que cette symbolisation soit le fruit d'un phénomène naturel et spontané, et qu'elle soit toujours essentiellement une création issue de l'inconscient, comme le montre nettement notre rêve. Si nous désirons savoir ce qui adviendra dans le cas où l'idée de dieu n'est désormais plus projetée comme une entité autonome, voici la réponse de la psyché inconsciente :
L'inconscient élabore l'idée d'un homme déifié ou divinisé, qui est emprisonné, caché, protégé, généralement dépersonnalisé et qui est exprimé par un symbole abstrait. Les symboles contiennent souvent des allusions à la conception médiévale du microcosme, ainsi qu'on le voit, par exemple, dans l'horloge cosmique de mon patient. . P.187