11- Réflexions pour conclure:
La psychologie, spécialité baptisée d'après Psyché, a des obligations envers l'âme. (Favorise-t-elle
l'émergence de l'âme? Vibre-t-elle de joie et de passion, devenant ainsi un lieu de réalisation de l'âme ?)
Le psychologue devrait être le gardien de la grande réserve naturelle de la mémoire et de ses innombrables trésors (l'inconscient collectif).
L'archaïque, le naturel et le mythique ont été dévastés tant dans le monde extérieur que dans le monde intérieur. Après avoir empoisonné notre propre potentiel imaginal avec ce langage (psychopathologique), nous nous plaignons d'un désert culturel et de la perte d'âme.
Psyché réclame du psychologue de ne pas oublier sa vocation..
Le langage doit être mythique, métaphorique, remplit d'ambiguïtés, suggestif.. et cependant ni fixé, ni générateur de dictionnaire,.. Un discours qui tend à la participation.. avec et dans la chose évoquée.. un discours fait de récits et d'intuitions ... possédant des "similitudes corporelles" à savoir des images du corps, parlant à partir du corps imaginal et y aboutissant afin de provoquer les mouvements de l'âme.
Il doit opérer comme "agent imaginatif " et éveiller les fantaisies. L'effet d'un tel discours provient de ce qu'il contient le corps ... Son but sera toujours la réalisation de l'âme.
Insister sur la réalisation de l'âme et non pas sur celle du soi nous permet de rester dans la tradition du langage opérant comme agent imaginatif. "Ame" conserve des attaches corporelles. Son immanence dans mon corps ou dans mon milieu ambiant fait écho au sens substantiel primitif de l'âme comme pouvoir vital. Elle est ressentie comme force vivante ayant une localisation physique et détenant un impact émotionnel.
Nous ne pouvons parler de l'âme sans évoquer les notions de valeurs et d'importance, l'amour, et l'angoisse radicale devant la possibilité de sa perte ou de sa destruction. C'est une question de vie ou de mort.
L'âme est l'archétype de la vie, le soi est l'archétype du sens.
Les différences entre le "soi" et l'"âme" sont comparables aux distinctions établies entre créativité spirituelle et psychologique. La première tend vers la transcendance et l'abstraction ; la seconde impose un engagement. Le mythe engage l'âme parce que sa dynamique est personnifiée. Ses métaphores de la vie sont physiques et émotionnelles...
Les confusions et douleurs de l'âme ont besoin de mots qui les reflètent au moyen de l'imagination.
La conscience analytique comme instrument de l'intellect pratique, procède en distinguant : positif-négatif. Mais dans l'art de la mémoire, il y a place pour les sept péchés capitaux et pour les sept dieux planétaires, et les séparer n'est pas chose facile. Les états psychiques sont toujours confus ; la psyché intervient entre le ciel et le monde souterrain ; c'est une harmonie... on imaginait sa localisation physique près du diaphragme, du phrenes et du thymos.
Les archétypes que la psyché transmet à notre conscience sont aussi des dei ambigui, figures non divisées en positif et négatif. Ces pôles sont des inventions nécessaires au moi cartésien... En utilisant ce partage entre les opposés, le moi garde sa lame tranchante pour opérer des coupes chirurgicales dans notre substance psychique .
En dépit de sa préférence pour les ambiguïtés, la psyché n'est pas hostile à la précision, ni à l'exactitude rigoureuse. Elle montre une certaine clarté, et les images qu'elle produit sont précises. L'affinité que présente la psyché avec la précision exprime son affinité avec l'esprit. (flèche d'Eros) Le moi imaginal, même si il naît de la memoria, peut posséder des vertus aussi claires et distinctes que le moi cartésien.
{Par-delà mais moins contre que le domaine imagine car se présentent avec détester il exigeait une précision qualitative dans son maniement.} à vérifier.. Cette précision doit être considérée comme une qualité religieuse, car elle est la manifestation de l'attention - attention envers nos sentiments, nos actes et nos paroles. En même temps elle ne s'éloigne jamais du paradoxe ; elle conserve ainsi l'ambiguïté présente dans tous les événements psychologiques et symboliques.
La science a confondu précision et mesure, prenant un de ses instruments pour la qualité elle-même. Elle voudrait réduire le langage en faisant tomber toutes les ambiguïtés, toutes les nuances émotionnelles, toutes les associations historiques, afin que chaque terme signifie une chose et une seule.
Les mots ont, dans notre esprit, perdu corps et âme.
La destruction du discours masque une offensive contre l'âme, contre la faculté inqualifiable de l'imaginal qui, comme l'esprit, ne peut jamais être entièrement mesurée, entièrement contrôlée par l'entendement et la volonté.