Jung remet en question la religion paternelle et découvrir en l'homme un facteur puissant rejettant toute adhésion. Il parle alors de l'Imago Dei comme image intérieure à l'homme psychique.
Toute sa vie , il va privigilégier la connaissance par et dans l'expérience. C'est ainsi qu'il ne sera jamais question pour lui d'un Dieu extérieur. (Il s'inscrit dans la lignée de Schoppenhaeur ,Nietsche..) Jung remplace la foi aveugle par l'expérience de Dieu qu'il appelle « expérience du Soi » et passe par l'expérience personnelle intérieure. Ce qui le rapproche de la tradition orientale.
En reprenant Plutarque: "Le grand Pan est mort" , ainsi que Nietsche : "Dieu est mort" , Jung fait le constat que les dieux ont quitté les lieux et dira que les dieux ne réhabitent pas les demeures qu'ils ont une fois laissées...
Pour lui "le divin" est la pulsion créatrice de la nature, pulsion vivant en chaque être ; alors que les dualistes l'ont placée à l'extérieur .
Dieu, comme l'inconscient, met l'homme à l'épreuve, génère le doute, le conflit pour aller vers la différenciation.
Cette contradiction en soi de l'image de Dieu (création-destruction) il en parlera dans "Réponse à Job" .
En 1914 l'archétype est un centre chargé d'énergie ...Jung cherche à comprendre...
La pulsion donne une image à son action, le pattern c'est l'archétype. Il y a un jeu réciproque entre la pulsion et l'archétype.
Il y a un organisateur maître qui donne le centre (image de centre, de quaternité, mandala, image divine) . Cet organisateur inconscient est le soi; il a une action réparatrice que j'éprouve, il a un role de sens; il intervient dans la conjonction des opposés.
L'archétype, organe psychique, est inscrit dans le corps comme tous les organes d'information de la matière vivante.
L'intuition remplace l'expérience qui n'a pas encore abouti. Le phallus sera un archétype central porteur d'un devenir et symbole du soi.
Le Soi : les symboles de totalité (L'H. s. S. p.196)
Lorsque l'individu a lutté assez sérieusement et avec assez de persévérance contre son anima ou son animus pour ne plus s'identifier avec eux, l'inconscient change d'aspect et apparaît sous une forme symbolique nouvelle, représentant le Soi, le noyau le plus intérieur de la psyché.
Dans les rêves d'une femme, ce noyau est généralement personnifié par un personnage féminin supérieur, prêtresse, magicienne, terre-mère, la déesse de la nature ou de l'amour. Dans le cas d'un homme, il se manifestera sous la forme d'un initiateur ou d'un gardien (le guru des Hindous) d'un vieux sage, d'un esprit de nature, etc.
Le Soi toutefois, n'emprunte pas toujours les apparences d'un vieux sage ou d'une vieille femme. Ces personnifications paradoxales sont les essais d'exprimer une entité qui se situe partiellement hors du temps, à la fois jeune et vieille.
Dans le rêve d'un homme d'âge mûr, nous trouvons le Soi sous les traits d'un jeune homme.
Le jeune homme symbolise le Soi et son renouveau de vie, un élan vital créateur, et une nouvelle orientation spirituelle grâce à laquelle tout déborde de vie et d'initiative. Lorsque l'homme suit les instructions de son inconscient, il peut en recevoir ce don qui permet à sa vie, jusque là ennuyeuse et morne, de se transformer en une aventure intérieure sans fin, pleine de possibilités créatrices.
Chez une femme, le Soi peut se manifester sous la forme d'une jeune fille possédant des dons surnaturels.
Mais la forme humaine - quelque soit son âge - n'est qu'une des multiples apparences empruntées par le Soi. L'âge variable des personnages qui le représentent montre non seulement que le Soi nous accompagne tout au long de notre vie, mais qu'il subsiste par-delà l'écoulement de la vie dont nous prenons conscience et d'où naît notre expérience du temps.
De même que le Soi déborde notre expérience consciente du temps (notre dimension spatio- temporelle) il est généralement omniprésent. De plus, il se manifeste fréquemment sous une forme qui suggère une omniprésence particulière : celle d'un être humain gigantesque qui embrasse et contient le cosmos. Chaque fois que cette image surgit dans un rêve, on peut espérer que l'individu trouvera une solution créatrice à son conflit, parce que le centre psychique vital se trouve activé (en d'autres termes, tout l'être est condensé en une unité) de façon à surmonter la difficulté.
.. cette figure de l'Homme Cosmique apparai(t)sse dans de nombreux mythes et enseignements religieux. On le décrit généralement comme une puissance positive et secourable.
La structure symbolique qui se réfère apparemment au processus d'individuation tend à se fonder sur le motif du nombre quatre, par exemple, les quatre fonctions de la conscience, ou les quatre stades de l'anima ou de l'animus.
Toute la réalité psychique intérieure de l'individu est orientée en dernier lieu vers ce symbole du Soi. Pratiquement, cela signifie que le comportement humain ne pourra jamais être expliqué d'une façon satisfaisante par des instincts isolés ou des mécanismes orientés, tels que la faim, la puissance, la sexualité, la conservation et la perpétuation des espèces. En d'autres termes, le but principal de l'homme n'est pas de manger, de boire, etc. mais d'être humain. Au -dessus de ces pulsions, notre réalité psychique intérieure manifeste un mystère vivant qui peut être exprimé seulement par un symbole ; l'inconscient choisit souvent de l'exprimer par l'image de l'Homme Cosmique.
.. plus les contenus de l'inconscient assimilés au moi sont nombreux et remplis de sens, plus le rnoi s'approche du Soi, bien que cette approximation ne puisse jamais être achevée. Il en résulte inévitablement une inflation du moi lorsqu'une ligne de démarcation critique n'est pas tracée entre le moi et les figures inconscientes. Cette discrimination ne peut toutefois avoir de résultat pratique que si la critique réussit d'une part à doter le moi de limites raisonnables selon les normes humaines générales, et d'autre part à conférer une autonomie et une réalité relatives de nature psychique aux figures de l'inconscient, à savoir le Soi, l'anima et l'animus. Abolir celles-ci en les psychologisant est une opération infructueuse : elle ne fait que renforcer l'inflation du moi. On ne se débarrasse pas des faits en les déclarant irréels. Le facteur créant la projection possède une réalité indéniable. Celui qui le nie devient identique à lui, ce qui n'est pas seulement sujet à caution en soi, mais également dangereux pour la santé de l'individu. .
L'assimilation du moi par le Soi doit être tenue pour une catastrophe psychique. L'image de la totalité demeure alors dans l'inconscient. D'une part elle participe de la nature archaïque de l'inconscient, d'autre part, en tant qu'elle se trouve dans l'inconscient, elle se situe dans le continuum espace-temps psychiquement relatif qui caractérise ce dernier. Ces deux propriétés sont numineuses et exercent par suite une détermination sans limites sur la conscience du moi qui est distincte de l'inconscient et se trouve en outre dans un espace absolu et un temps absolu. .. Si donc le moi passe pour un certain temps sous le contrôle d'un facteur inconscient quelconque, son adaptation est troublée et la porte est ainsi ouverte à toutes sortes d'accidents.
L'ancrage du moi dans le monde conscient et le renforcement de la conscience par une adaptation aussi rigoureuse que possible sont de la plus grande importance. A cette fin des vertus comme l'attention, la délicatesse de conscience, la patience, etc. possèdent une grande valeur sur le plan moral ainsi que, sur le plan intellectuel, une observation exacte des symptômes de l'inconscient et une autocritique objective.
Toutefois il arrive facilement que l'accent mis sur la personnalité individuelle et le monde conscient prenne de telles proportions que les figures de l'inconscient sont psychologisées et qu'ainsi le Soi est assimilé au moi. Bien que ce processus soit exactement l'inverse de celui qui vient d'être décrit, il produit un effet identique, à savoir l'inflation. Le monde conscient doit alors être abaissé au profit de la réalité de l'inconscient. Dans le premier cas, la réalité devait être défendue contre un état de rêve archaïque, « éternel » et « ubiquitaire » ; dans le second par contre, une sphère vitale doit être ménagée au rêve aux dépens du monde de la conscience. Dans le premier cas, la pratique de toutes les vertus possibles est recommandée ; dans le second, la prétention du moi ne peut être endiguée que par une défaite morale. (Cf. rêves de Catherine D. avec le chaman) Un tel passage est indispensable, car il est impossible de parvenir autrement à l'établissement d'un degré médian de modestie nécessaire pour le maintien d'un état d'équilibre. Il ne s'agit pas, contrairement à ce qu'on pourrait croire, d'un relâchement de la moralité en elle-même, mais d'une activité morale dans une autre direction. Ainsi celui qui n'est pas suffisamment consciencieux doit accomplir un effort moral pour satisfaire aux exigences de la situation. Mais pour celui qui, grâce à ses efforts, est suffisamment enraciné dans le monde, ce n'est pas un mince résultat moral que d'infliger une défaite à ses vertus au point d'affaiblir à un certain point de vue sa relation au monde et de réduire ce qu'il avait obtenu dans le domaine de l'adaptation. . P.39
Les vrais problèmes naissent en effet des collisions de devoirs. Quiconque est suffisamment humble ou accommodant peut former sa décision avec aide d'une autorité extérieure. Mais celui qui se fie aussi peu aux autres qu'à lui-même ne parviendrait jamais à une décision, si cette dernière ne se réalisait pas de la manière que la Common Law apelle act of God. L'Oxford Dictionary définit ce dernier concept « operation of uncontrollable natural forces ». Il y a dans tous ces cas une autorité inconsciente qui met fin au doute en créant un fait accompli . On peut désigner cette instance comme la « volonté le Dieu » ou « l'opération de forces naturelles », bien que la manière dont elle est comprise ne soit pas psychologiquement indifférente. L'interprétation rationaliste de l'autorité intérieure comme « forces naturelles » est satisfaisante pour l'intellect moderne, mais elle offre l'inconvénient notable que la décision de l'instinct, victorieuse en apparence, lèse la conscience morale individuelle, si bien qu'on se persuade volontiers que l'affaire a été tranchée uniquement par une décision raisonnable de la volonté. L'homme civilisé nourrit une telle angoisse devant le crimen laesae majestatis humanae (l'accusation de lèse-majesté humaine) qu'il préfère, chaque fois que c'est possible, une telle interprétation rétrospective des événements pour se dissimuler le sentiment l'avoir subi une défaite morale. Il met son orgueil à croire à sa maîtrise de lui-même et à la toute-puissance de sa volonté et à mépriser celui qui se laisse prendre par la pure nature.
Si, par contre , l'autorité intérieure est conçue comme une « volonté de Dieu » (ce qui implique que les « forces naturelles » sont des forces divines), cette attitude offre pour la conscience de soi l'avantage de faire apparaître la décision comme un acte d'obéissance et son résultat comme une situation divine. les tendances instinctuelles se situent la plupart du temps pour ou contre l'intérêt subjectif, avec ou sans l'accord d'une autorité extérieure. L'autorité intérieure n'a pas besoin d'être consultée d'abord, car elle est présente a priori dans la force des tendances qui luttent pour la décision. Dans ce combat l'être humain n'est pas seulement spectateur, mais il y participe plus ou moins « volontairement », et cherche à placer le poids de son sentiment moral de liberté dans la balance de la décision. La question demeure toutefois incertaine de savoir ce qu'il entre de motivation causale éventuellement inconsciente dans sa décision ressentie comme libre. Celle-ci peut fort bien être à la fois un « act of God » et une catastrophe naturelle. Cette question me paraît être sans réponse, car les racines du sentiment moral de liberté sont inconnues et cependant elles existent aussi sûrement que les instincts ressentis comme contraignants.
L'un dans l'autre, il n'est pas seulement plus avantageux, mais aussi plus « juste » d'expliquer les forces de la nature qui apparaissent en nous comme des « volontés de Dieu ». Nous nous trouvons ainsi en effet en accord avec l' habitus de notre vie psychique ancestrale, c'est-à-dire que nous fonctionnons alors comme l'homme a fonctionné partout et de tout temps. L'existence de l'habitus prouve que celui-ci est doté de vitalité, sinon tous ceux qui lui obéissent auraient péri depuis longtemps par suite de leur inadaptation. Mais si quelqu'un est en harmonie avec lui, il a une chance raisonnable de vie. ..
Les vérités psychologiques ne sont pas des assurances métaphysiques, mais bien plutôt des modes de pensée, de sentiment et d'action qui se révèlent à l'expérience comme appropriés et utiles.
Donc lorsque j'affirme que les impulsions que nous découvrons en nous doivent être entendues comme
«volontés de Dieu », je désire souligner qu'elles ne doivent pas être considérées comme des désirs ou des vouloirs arbitraires, mais comme des données absolues avec lesquelles on doit apprendre à traiter de façon convenable. La volonté ne peut les maîtriser que partiellement. Elle est peut-être capable de les étouffer, mais ce qui est étouffé réapparaît ailleurs et sous une forme modifiée, et, cette fois, chargé d'un ressentiment qui change pour nous en ennemi une pulsion inoffensive de la nature. . que l'on entende le mot « Dieu », dans le sens où Diotime l'emploie lorsqu'elle déclare : « L'amour, cher Socrate, est un grand daïmon ». P.41
Mais il existe également des valeurs objectives, reposant sur un consensus universel, comme par exemple les valeurs morales, esthétiques et religieuses, autrement dit les idéaux généralement reconnus, les idées collectives d' affectivité. Les tonalités affectives subjectives (les « quantités de valeurs ») sont aisément reconnaissables grâce à la nature et au nombre des constellations ou symptômes pathologiques qu'elles provoquent. Les idéaux collectifs n'ont souvent pas de tonalité affective subjective, mais ils possèdent néanmoins leur valeur de sentiment. Celle-ci ne peut par suite être prouvée par des symptômes subjectifs, mais elle est déduite d'une part des attributs de valeurs attachés à de telles représentations collectives, et d' autre part, d'un symbolisme caractéristique, abstraction totalement faite de l'effet de suggestion.
Le problème a un aspect pratique, étant donné que le cas peut se produire fréquemment d'une idée collective qui, bien qu'importante en elle-même, est représentée dans un rêve par un attribut secondaire, par suite du défaut de tonalité affective subjective : ainsi, par exemple, un dieu figuré par son attribut thériomorphe. P.43
Inversement l'idée de la tonalité affective qui lui convient proprement peut être absente de la conscience, et, par suite, elle doit être replacée dans son contexte archétypique -Le premier cas, où l'idée collective est présentée dans le rêve par un aspect déprécié d'elle-même, est le plus fréquent : la « déesse » apparaît comme une chatte noire, et la divinité elle- même comme lapis exilis (pierre grêle). Cf. rêve de Céline avec Magali et Jérôme et rêve de l'animal-femme
. Ces aspects « mythologiques » des choses sont toujours présents, même si, en l'occurrence, ils demeurent inconscients. Lorsque par exemple on est en train de se demander si l'on va peindre la porte du jardin en vert ou en blanc, même si l'on ne pense pas au fait que le vert est la couleur de l'espérance et de la vie, l'aspect symbolique du « vert » est déjà là en filigrane. Ainsi ce qui est de la plus haute importance pour la vie de l'inconscient se trouve à la dernière place dans l'échelle de valeurs du conscient et vice versa. La figure de l'ombre appartient déjà au royaume des schémas sans substance, pour ne pas parler de l'animus et de l'anima qui n'apparaissent en général que comme projection sur des êtres humains. Quant au Soi, il est totalement sorti du domaine personnel ; s'il se présente, c'est seulement comme mythologème religieux, et ses symboles oscillent entre le plus haut et le plus bas. Quiconque s'identifie à la moitié diurne de son existence psychique tiendra par la suite ses rêves nocturnes pour nuls et non avenus, bien que la nuit soit aussi longue que le jour et que toute conscience se fonde manifestement sur l'inconscience, y soit enracinée et s'y éteigne chaque nuit
Ce savoir est la condition indispensable de toute intégration, ce qui veut dire qu'un contenu ne peut être intégré que lorsque son double aspect est devenu conscient, et qu'il n'est pas seulement saisi intellectuellement, mais compris également selon sa valeur de sentiment. Toutefois 1'intellect et le sentiment sont difficiles à atteler ensemble, car ils s'opposent par définition. Celui qui s'identifie à un point de vue intellectuel voit le sentiment se dresser en face de lui en ennemi, sous les traits de l'anima, et, inversement, un animus intellectuel assaille avec violence le point de vue du sentiment. Quiconque veut par conséquent réussir le tour de force d'opérer une réalisation non seulement intellectuelle, mais, de plus, conforme à la valeur affective, doit, bon gré mal gré, se confronter avec l'animus ou l'anima, pour préparer une unification supérieure, une conjunctio oppositorum. Cette dernière constitue une condition indispensable de la totalité.
Bien que la « totalité » paraisse au premier abord n'être qu'un concept abstrait .. celui-ci est empirique dans la mesure où il est annoncé dans la psyché par des symboles spontanés ou autonomes. Ce sont les symboles de quaternité et les mandalas .
La totalité signifie donc un facteur objectif qui se place en face du sujet de façon indépendante, tout comme l'anima et l'animus et, de même que ces derniers occupent une place hiérarchiquement supérieure à celle de 1'ombre, la totalité revendique une position et une valeur plus hautes que la syzygie. Cette dernière apparaît comme constituant au moins une pièce essentielle, si ce n'est même comme les deux moitiés de la totalité, à savoir le couple royal frère-soeur, et donc aussi comme cette tension d'opposés d'où naît l'enfant divin comme symbole de l'unité.
L'unité et la totalité se tiennent au plus haut degré de l' échelle de valeurs objective, car leurs symboles ne peuvent plus être distingués de l' imago Dei. Toutes les formulations concernant l'image de Dieu s'appliquent donc bel et bien aux symboles empiriques de la totalité. L'expérience montre que les mandalas individuels sont des symboles d'ordre, et que par suite ils apparaissent principalement chez les patients aux époques de désorientation ou de réorientation. Faisant office de cercles magiques, ils arrêtent et conjurent les forces déchaînées du monde obscur et décrivent ou créent un ordre qui change le chaos en cosmos. Le mandala se présente d'abord au conscient comme un point imperceptible et il faut généralement un travail long et approfondi et l'intégration de nombreuses projections pour discerner d'une façon presque complète toute la portée du symbole. Cette vision intérieure pourrait certes être obtenue sans difficulté si elle était simplement intellectuelle,
De là naît habituellement l'illusion que l'on est en possession de la chose. On n'a pourtant rien acquis d'autre que leur nom. Toutefois celui-ci est depuis toujours accompagné du préjugé qu'il représente magiquement la chose et que pour cette raison il suffit d'énoncer le nom pour établir la chose.
C'est l'expérience psychologique qui montre avec toute la clarté désirable que de « concevoir » intellectuellement un fait psychologique n'engendre rien de plus qu'un « concept » de celui-ci et que ce concept ne représente rien d'autre qu'un nom, un flatus vocis. De tels jetons peuvent toutefois être maniés sans peine. Ils passent aisément de main en main, car ils ne possèdent aucune substance. Ils sonnent plein, mais ils sont creux et, alors qu'ils désignent la tâche et l'obligation les plus lourdes, ils n'obligent à rien.
L'ombre, la syzygie et le Soi sont des facteurs psychiques dont on ne peut se faire une idée suffisante que par une expérience.
. ces figures rencontrent de la compréhension chez tous ceux qui possèdent quelque connaissance de la mythologie comparée. Ils reconnaissent sans difficulté dans « 1'ombre » l'adversaire, le représentant du monde chthonien obscur dont l'image revêt des traits universels. La syzygie est immédiatement reconnaissable comme modèle psychique de tous les couples divins. Le Soi enfin se révèle, grâce à ses attributs empiriques, comme l' eidos (l'idée) de toutes les images de totalité et d'unité que contiennent principalement tous les systèmes monothéistes et monistes. .
Le soi est la structure essentielle du psychisme, le fondement. Le soi corps est le soi immunologique repris par les biologistes. La guérison d'une pathologie passe par le soi.
L'âme pour Jung ne correspond pas à l'âme des religions. Elle est aussi corporelle ; c'est le phénomène d'animation de vie.
Le processus corporel est au niveau des infra-rouges ; c'est l'instinct, le pulsionnel. Le processus archétypique correspond à l'ultra-violet ; c'est l'esprit. L'interaction des deux pôles s'effectue dans le champ du conscient.
Il y a clivage entre les deux pôles car le moi n'est pas relié au soi. L'axe moi-soi, rarement existant, se constitue dans l'analyse par le tranfert. Avec cet axe, le spectre lumineux se rétablit.
Leurres et idéalisations de l'âme et du soi tant que l'ombre n'a pas été analysée.
L'ÂME
Comment rendre compte de l'âme puisqu'on ne théorise pas?
L'âme appartient à un ordre de réalité échappant au rationnel, tout comme le symbolique. C'est donc le sentiment qui permet de l'appréhender (E. Humbert)
E. Humbert (et d'autres) parle de l'âme comme phénomène d'animation.
Historique :
L'existence de l'âme chez l'homme relève d'une conception confuse. Elle apparait déjà dès le paléolitique.
L' Égypte nous parle du « Bâ » et du « Kâ »: sans son Kâ Cf. série de rêves château du père, Ka, etc. l'être n'est pas vivant ; sans mon âme, je ne serais pas vivant.
Homère parle de l'âme comme psyché, souffle. Pour Pythagore, nous dit Solié, c'est la force vitale. Plutarque et d'autres parlent de l'âme du monde. Pour Aristote c'est la force immanente donnant au corps sa forme.
Pour Platon, l'âme est terrestre et céleste; elle est liaison.
Ainsi en se séparant de l'âme l'être se sépare de la nature, du féminin et de sa capacité de liaison.
Il perd sa fonction psychique de relation des opposés, celle qui relie la vie et la mort, la conscience et l'inconscience ; le rationnel et l'irrationnel.
La libido redéfinie dans la conception énergétique de l'âme est une faculté de relation, de correspondance avec dieu et l'archétype est l'Imago Dei.
Pour Charles Bauduin, la psychologie est éducation de l'âme. « Seul celui qui a la passion de l'âme conduira le processus ... »
L'âme est la partenaire du dialogue.
Serait-elle l'organe manquant dans notre vie actuelle ? Amenant ce sentiment de manque, de vide, dépressif. Elle est le sujet de la psychologie, le centre vivant, d'animation d'où émane la sensation d' être vivant. Concept universel, il ne faut pas confondre l'âme avec la psyché, ce que fait souvent Jung.
La psyché est l'ensemble des processus psychiques; l'âme est une fonction spécifique, plus subjective, propre à l'individu, engageant sa créativité. Dans sa fonction spirituelle elle se présente comme réligieuse c'est-à-dire reliant féminin et masculin, intérieur et extérieur et autres niveaux inconciliables.
La thérapeutique analytique c' est repérer l'âme et la dégagée de la confusion; percevoir sa dynamique afin que cette créativité anime notre vie. Ainsi elle devient réalité vivante, fonction psychique .
Elle est différente de l'anima qui est fonction de l'âme comme structure individuelle.
L'archétype féminin renvoit à une structure collective, cosmique (Hubert Reeves)
Elle est différente du soi qui repose sur l'imago dei, l'âme reposerait sur l'imago dée.
Dans "L'âme et le soi" Jung nous dit que si elle est confondue avec le soi elle perd sa créativité.
L'âme pénètre notre réalité terrestre par le corps et les sens.
Pour Hillman, Jung, Bauduin, l'âme est l'opus, l'oeuvre de l'analyse. Si notre regard intérieur, oeil du coeur, de l'âme n'est pas éveillé, notre vie peut être un continuum sans vie.(Jung)
Rêves du vide, de descente, de manque, de manque d'un organe de vie; c'est l'illusion de vie. Il y a dans la femme en aspect meurtrier de la psyché. C'est le tueur qui ne permet pas à l'âme féminine d' existé. Il nous faut le connaître pour nous réparer de ses ravages. C'est le barbe bleue, l'homme noir, le violeur, le tueur ; la force brute en opposition avec l'instinct.
Cet aspect meurtrier empêche l'éclosion de tout nouveau potentiel. Ce prédateur peut être fait de contenus familiaux, sociaux etc... nous avons à explorer ce que nous avons de pire, voir ce qui doit être vu car l'âme en émèrge.
Ce prédateur peut aussi prendre des formes thériomormphes, comme le taureau qui poursuit, le tigre qui dévore. L'animus est alors placé au pole de la pulsion.
L'animus négatif est très présent chez la femme qui n'a pas d'identité féminine et qui est modelée par le patriarcat.
N.B.Énergie-âme et libido. L'âme est l'ensemble des phénomènes les plus important au niveau énergétique et concerne la progression et la régression de la libido. Voir la théorique matière et information.