C'est cette phrase d'Elie, « Réconcilier les frères opposés Christ et Satan » qui m'a connectée au cas clinique dont je vais vous parler à cause de ce dessin.
Je vais reprendre quelques rêves, dont principalement ceux qu'elle a illustrés, et qui retracent une partie du chemin de cette jeune femme ; chemin qui semble aller vers cette réconciliation des opposés mais aussi vers cette quête d'une nouvelle éthique de vie intégrant la part d'ombre.
« concevoir comme le fondement d'une nouvelle éthique, qui pense la rencontre de l'ombre - c'est-à-dire en définitive du « mal » - comme le moteur du développement de la conscience, et non plus comme une souillure morale qu'il faut fuir. » Elie Breyne P.83
Je dois dire que si j'avais eu ce mémoire à l'époque, cela m'aurait beaucoup aidée ; de plus en le lisant, je retrouve réellement une analogie entre les rêves de cette personne et la trame qu'Elie a tracée. C'est ce que je vous propose de découvrir.
Il semble que derrière ce Satan il y ait, pour cette personne, entre autre, l'ombre, le féminin, l'inconscient, la puissance de la nature, l'émotionnel, la mauvaise attitude du conscient .
(Catherine) est mariée, mère de 2 jeunes enfants (8 et 6 ans) ; elle consulte car elle est prise dans une passion qui bouleverse sa vie.
(Elle est ostéopathe) ; en ce qui nous concerne aujourd'hui, elle est marquée par une mère qui « tient bon » (jusqu'à ses 16 ans) et un père dépressif, écrasé par une éducation religieuse avec des crises d'angoisses : la peur de l'enfer, de la punition, du mal. Il exprimait souvent cette question « comment Dieu si bon peut-il laisser le monde dans une telle souffrance aux mains de Satan, si mauvais »
Vers 21 ans, elle s'est intéressée au bouddhisme.
Dès le tout premier rêve qu'elle va noter, se profile l'union des opposés à travers l'intégration du masculin symbolisée par cette relation.
04-07-93
Paysage : végétation douce, cascade, bouleau sur la gauche, sommets de montagnes au loin, une légère bise me caresse le visage. C'est mon sanctuaire. Je vois mon amant en face de moi et je lui dis « tu seras toujours une partie de moi-même quoiqu'il arrive. » A ces mots, il entre tout entier (s'encastre) dans mon corps. Il est en moi. Il est moi.
Dans le rêve suivant la vague est associée à la puissance de la nature, de l'inconscient et de l'émotionnel ; les opposés sont là : la gauche et la droite ; la crainte et le courage ou la force
« Mieux vaut (.) se soumettre aux affects qu'elles [ces expériences] déclenchent, que chercher à échapper à leur puissance par toutes sortes d'opérations intellectuelles ou à s'en dégager, sur le plan des sentiments, par une réaction de fuite. » P.107 E.B ; Réponse à Job
18-11-93
Elle marche sur un banc de sable vers un monticule blanc, éclatant. Je sais que c'est du sel. Menace de grosses déferlantes. « J'ai besoin d'aller vers ce tas de sel, de le toucher, de me rouler dedans. » Elle est d'abord chargée de deux rouleaux de toile de tente (avec piquets) (le vert ligné à gauche, le bleu à droite). Je fixe du regard ce tas de sel. Un homme vient à ma rencontre. C'est son mari. Elle s'arrête, et l'écoute. Il lui parle des difficultés et du danger. L'échange est sans chaleur (indifférent). « J'accepte en moi-même la constatation qu'il ne m'aide pas à porter mon fardeau. » D'un coté la montagne de sel lui donne du courage, et de l'autre coté, il y a la menace d'une déferlante. « J'ai peur de manquer de souffle si elle arrive. » Une gigantesque : « Je me sens à la fois angoissée devant ce mur qui avance et à la fois sereine. » Elle s'accroupit (humilité nécessaire) dans le creux du chenal, serrant ce qu'elle transporte et réalise que c'est un chien ( un labrador) « La vague nous recouvre et ne nous mouille pas, nous sommes à l'abri dans le creux. Mais je sais que nous allons être pris par son tourbillon quand elle va se retirer. Je sens qu'elle ne nous veut aucun mal mais devant sa puissance, je me sens un fétu de paille. Alors je me vois à la fois dans le tourbillon suffocant un peu et à la fois en dehors comme protégée. »
16-12-93
Elle marche le long d'un chemin (à gauche se trouvent) les fondations de la maison de sa sour. « Elles ressemblent plutôt à des ruines. Les murs sont debout, c'est tout ce qui il y a. Autour de la porte d'entrée, une lézarde, colmatée par du ciment à gros graviers qui tranche sur la couleur rouge des briques. Ce n'est pas beau mais que c'était pour voir si l'entrée s'affaissait encore. Effectivement il devait y avoir encore des tremblements de terre à cet endroit car la faille réapparaissait.
En continuité de la maison se dressent quantité de vieilles colonnes en style gothique. Certaines sont superbes, l'une mal en point et une autre de travers.
Le chemin est de plus en plus sombre. Je croise un indou, plutôt agressif, qui exige que je fasse demi-tour. Je réalise que je suis avec mes enfants. Je fais demi-tour et pourtant j'ai l'impression de continuer aussi.
A un certain moment elle se retrouve sur un petit et pédale comme une forcenée « je suis à bout de souffle. » Les enfants devant. Cette fois elle réalise qu'ils fuient quelque chose. C'est comme si on avait dérangé quelqu'un. En tout cas je ne me sens pas à l'aise.
Il y a une porte à franchir et derrière filtre de la lumière. Elle dit aux enfants de regarder droit devant et de ne pas laisser aller le regard partout, de fixer la porte. Sa fille le fait et passe. La porte s'ouvre. Son fils ne l'écoute pas et ne peut s'empêcher de regarder sur les côtés. « Je vois ce qu'il voit. » Il tombe la face contre terre. Je crie dans mes tripes, tend mon bras et je l'empoigne par les cheveux (car je ne peux reculer) je le tire. Son regard à déclencher une espèce d'alarme entre en bruit (voix) et du vent. Elle franchit la porte, débouche dans une grande pièce pleine de monde et va vers l'escalier d'où arrive le monde. Sa fille est déjà bien loin en sécurité. Elle demande à tout le monde de retenir ceux qui vont leur courir après. C'est difficile d'aller à contre-courant. Elle se retourne et apparaît à la porte un être que je perçois comme un démon. Mais nous sommes portés par ceux qui montent. Je suis sauvée.
Le rêve suivant n'est pas illustré mais il peut être éclairant pour le déroulement du processus.
25-01-94
Des gradins à l'extérieur, une grande affiche de la Belle et la Bête. Je m'installe. Le spectacle est organisé par la blanchisserie lumière. Au milieu des gradins un homme me montre une femme, en souriant, et les prospectus qu'ils tiennent dans les bras, qu'ils vont distribuer. Je suis concernée par cette distribution.
[[[05-02-1994
Un roi condamne à mort la voyante qui l'a aidé et sa propre fille. La voyante passe devant lui couchée, nue, décharnée. Je me demande si elle a son bras droit coupé et elle lui dit : "Tu m'as tout prix, je t'ai tout donner pour que tu deviennes roi et parce que je connais ta vie, ton secret, tu me tues." Elle souffre de cette trahison. On met les deux femmes dans un soupirail plein d'eau et on les recouvre de terre. Par un couloir le roi sauve sa fille qui change de nom, de vie et part vers le monde.]]]
20/03/94
Je vois un monde de tensions intérieures et un autre de tensions extérieures ; elles sont présentes sans conflits entre les deux mondes. Pour les relier entre eux je vois une immense oreille.
10/08/00
Vision du Christ et d'une marée noire qui vient lui lécher les pieds.
09-01-01
Une femme, « ma » femme est perdue. Je la cherche dans la forêt. « La seule solution c'est la conjonction » de quoi ? De ta femme antérieure ; du masculin et du féminin.
05-02-01
Je reviens d'un long chemin, j'ai été cherché de l'eau, ( au fond de moi-même.) Je verse cette eau dans les fonds baptismaux. Chacun pourra y trouver un peu d'eau "lustrale".
Entre temps elle a divorcé, rompu avec son amant, rencontré un homme plus âgé, cheminant vers la prêtrise orthodoxe.
Dans ses rêves, nous aurons des thèmes récurrents : l'hydre (3) en associant d'autres monstres archaïques (6) et le grand serpent mythique (3), serpents, lions (3), tigre (5), loups, taureaux (5), chevaux (6), un Roi tueur (7) et une Reine tueuse (5)
Il est intéressant de voir que dans son rêve, il n'y a pas de serpent et pourtant elle en dessine un argenté, aussi j'ai repris 4 rêves qui vont suivre ce dessin mais qu'elle n'a pas illustrés.
20-02-95
Temps pharaonique. C'est à la morsure du serpent que tout bascule. Il me mord la racine du nez . Vers la mort ? J'arrive devant un juge. Je suis un jeune homme. Le juge m'interroge sur ce qui s'est passé. J'ai trois anneaux d'alliages différents dans le nez. Mon père est fier de ce que j'ai vécu. « C'est à la piqûre du serpent que j'ai franchi le seuil » à la lettre D et E. Suis-je morte oui ou non ?
16-03-95
Une voix « Ishtar, Ishtar, Ishtar » je le vois écrit en lettres d'or. Il sort des profondeurs.
22-03-95
Une voix me parle de la « conjonction », me dit de persévérer et d'avoir confiance. Que le moment venu elle se mettra d'elle-même.
Et le 4ème rêve, je l'ai choisi, pour illustrer l'association faite dans nos esprits entre Satan et le souffre et le fait qu'en alchimie, le soufre est le facteur déclenchant.
25-03-95
Du bas du château sortent deux femmes âgées, l'une est plutôt ronde, l'autre nue et décharnée. Cette dernière m'agrippe avec ses doigts ; je les sens pénétrer mes orifices à la limite de la douleur, elle sent le soufre. Je m'étonne moi-même car je dépasse la nausée et je m'ouvre à elle, je l'accueille car je réalise qu'elle est très malade. Je la prends dans mes bras pour la soigner, elle devient douce et tendre ; l'autre femme est avec nous.
17/06/95
Yi King 55 et 32 ; il est intéressant de remarquer la présence des 2 serpents, car nous allons les retrouver souvent.
L'abondance : il importe de demeurer intérieurement dans la force de la vérité, si puissante en définitive qu'elle agit invisiblement sur le souverain, si bien que tout s'arrange.
La plénitude : La durée est un mouvement refermé sur lui-même et se renouvelant sans cesse ((d'un tout organisé et fortement centré sur lui-même,)) dans lequel toute fin est suivie d'un nouveau commencement. (La fin est atteinte par le mouvement vers l'intérieur, l'inspiration du souffle, la systole, la concentration. Ce mouvement se change en nouveau début dans lequel il est dirigé vers l'extérieur.)
Les saisons se déroulent suivant une loi fixe de changement et de transformation.
((Ainsi, l'homme qui a entendu l'appel incarne une signification durable dans sa manière de vivre et le monde reçoit par là une forme. .))
L'autonomie de l'homme noble ne consiste pas en ce qu'il serait rigide et immobile. Il suit toujours le temps et se transforme avec lui. Ce qui dure est la direction ferme, la loi interne de son être qui détermine toutes ses actions.
A nouveau, ces rêves-ci ne sont pas illustrés mais je le trouve important pour le thème d'aujourd'hui et dans son cheminement :
20-08-95
Je marche dans la gueule du Léviathan, c'est comme une cathédrale.
03-06-97
Je croyais que le chien que l'on entendait pleuré était celui enfermé dans la cave. Je réalise que non que c'est celui qui est glacé de peur car il a croisé (et pourtant il le connaissait) le « grand serpent mythique « . Normalement sous la terre, il traverse de temps en temps les pièces de notre vie pour nous rappeler qu'il existe et peut tout faire basculer ; changer.
[[[10-08-97
Est-ce à l'homme des marais à qui nous allons rendre visite ? ... Image de cet homme assis sur un trône ... À travers le léger écartement du rideau j'aperçois un grand sexe en érection. Je me retourne vers mon compagnon et je lui dis: "tu as vu Priape-Pan?
23-03-98
Un homme "mauvais" arrache le cour de Marie (vivante) elle lui répète " je te hais, je te hais". Je vomis d'horreur. Marie = aimer.]]]
27-03-98
Volutes de fumée qui montent et m'emportent avec elles dans l'espace. Elles disent: "Je suis le Principe du mal." Je pense au léviathan. Je suis effondrée d'être à ce point dans le mal.
Je trouve le rêve qui suit intéressant pour plusieurs aspects dont la négativité de certains contenus inconscients par leur tendance à égarer l'individu dans l'action plutôt que la réflexion intérieure. Jung fait l'association entre « machen » = « faire » ; le pouvoir, « Macht »
02-04-98
Pays lunaire. Sur une plate-forme désertique je rencontre un couple. Ils sont Adam et Eve et lui construit une statue gigantesque pour Zeus ("faire" "faire"). Elle me parle et m'accueille. Je regarde la statue et la trouve dure, comme une machine. Son ventre est un jet gravé dans la pierre (eau ? Lumière ?). Elle s'ébranle car il y a une "attaque" et le jet alors s'anime. La femme me dit qu'il faut quitter les lieux car le désert est dangereux ( il brûle, mais aussi il y a des hordes qui circulent et détruisent tout) La vie, la nature est en-dessous, en bas. Elle me conduit aux pieds de la falaise pour sauter. "Mais nous allons -je vais- m'écraser !" Elle me prend la main et me dit : "ne regarde pas, fais-moi confiance et saute. "
Je lui donne ma main et saute, mais je regarde de temps en temps. Je crois d'abord que nous allons nous écraser sur une terrasse, mais non le vide continue, finalement j'aperçois de l'eau. Nous allons tomber dans de l'eau c'est pour cela que nous ne mourrons pas ... Mais là j'ai peur de l'impact, de descendre trop profond et de manquer d'air. Je me prépare à une eau glaciale. Mais quand nous tombons dedans elle est agréable, fluide. Je remonte le plus vite possible car je manque d'air. (Nous sommes à nouveau sur la terre.)
28-03-99
J'ai besoin d'une fontaine jaillissante pour mon âme qui a tellement difficile à trouver Sa Vie, afin que celle-ci ne soit plus ni attente, ni poids.
A nouveau quelques rêves non illustrés.
05-11-99
Un hôpital, un enfant ''démoniaque'' qui sème le mal et la terreur, qui échappe à l'exorcisme ; puis après des péripéties je rencontre cet enfant : c'est une petite fille de plus ou moins 8 ans que je trouve assez mature et pas démoniaque du tout.
Le rêve qui suit peut aider à faire le lien entre le Mal, le féminin et le Soi
14-01-2000
Je marche derrière d'autres personnes. Nous sommes dans la forêt tropicale ? Sur la gauche en levant les yeux je vois quatre arbres qui pourraient être des vestiges des colonnes d'un vieux temple enfoui par le temps dans la végétation. Autour sont lovés quatre anacondas jaunes et noirs. Je préviens les gens mais c'est trop tard ; ils sont étouffés par les serpents. Moi, je fais demi-tour.
Je suis face à un anaconda, sa tête est dressée et arrive à la hauteur de la mienne. Devant ses yeux noirs je me fais toute petite, je tombe à genoux. Alors la peau du serpent se déchire et une femme, comme une prêtresse en sort ; elle me console. Je pleure car je me rends compte de tout ce que j'ai manqué.
Enfin vient ce fameux rêve du Christ et de Satan mais elle ne le dessinera que beaucoup plus tard, avant dessiner l'arbre cour.
12-02-00
J'ai l'impression d'être prise dans un souffle. « C'est la spirale du vent, du chaos » me dit-on. Elle m'entraîne dans un autre âge, face à une pierre tombale, carrée ; debout. Elle ouvre le tombeau et j'y vois le Christ ressucité (lumière) aux cotés de Satan, bien noir, à la queue fourchue comme dans les images d'enfants. Ils ne se donnent pas vraiment la main, mais ils sont côte à côte et on voit bien qu'ils bougent ensemble.
Ma raison intervient et je demande ce que Satan fait là. C'est à ce moment qu'il rit, sourit, me montrant qu'ils bougent et dansent ensemble.
Nouvelle spirale, nouvel espace temps ; j'arrive au temps des « Sirènes et des Ondines » elles me montrent mon aile, une aile blanche, atrophiée que j'ai gardé dans mon bras. Elles me conduisent dans l'eau ; j'y nage.
Elles m'entraînent au fond du lac, il y a un château (cristal ?) je suis agenouillée devant les trônes du roi et de la reine. Ils me disent que c'est mon âme qui a mal ; qu'elle est comme cette aile atrophiée.
03-08-00
(récurrent sur la nuit) Non Philémon et Baucis ne sont pas morts. Philémon et Baucis jouent dans le jardin des dieux.
11/08/00
J'emprunte la cage d'escalier pour arriver à la chambre de ma fille. Elle est magnifique, en spirale, rouge, or et bois. C'est très chaud. Je me dis que j'aimerais savoir la dessiner. Mais comment redonner le mouvement et surtout la sensation que je ressens sans l'amputer.
24/06/01
Un arbre, un tronc, puissant, solide, prenant racine à travers la pierre, la roche ; les racines traversent la terre aride pour aller puiser l'eau de la rivière. Eau fluide, fraîche, fontaine de vie. Du tronc les branches ne sont pas encore là. C'est un ouf. Comme si ce potentiel ne pouvait éclore que si la base puise l'eau vitale pour le nourrir.
En dessinant l'arbre et son ouf, en essayant de sentir quel était ce potentiel en gestation, une femme est apparue ; un Phoenix sortant du soleil l'a couronnée de ses ailes.
Après, c'est moins drôle..
07-07-01
Une voiture qui roule, style camionnette ; 2 personnes ; je ne sais pas si c'est moi dedans ou spectateur. Un esprit à visage humain qui plane et dévore sur son passage. « Est-ce le mal ? Est-ce la mort ? » « C'est la sphinx. »
« Le diable est le dévoreur. On peut faire l'analogie avec l'avidité exprimée dans certains rêves par certains animaux ; avidité qui toucherait d'avantages des aspects instinctifs, pulsionnels et affectifs mais il y a aussi cette tendance bien humaine à vouloir tout comprendre et comprehendere, c'est aussi engloutir. La compréhension avale. »
30-07-01
.. flou.. quelque chose que l'on repousse au fond d'un sac. Ca devient plus précis et c'est moi qui finit de « l' emballer ». « C'est l'esprit d'Hitler ». Il s'est initié chez les Bon mais eux, dis-je transformaient le mal en bien. Je me rends compte que je répète ce qu'on m'a dit et qu'en fait je n'en sais rien : je ne connais pas cette tradition.
La jeune fille ? (ce sont des esprits jeunes à mes cotés) essayait de le repousser dans le fond du sac pour qu'il ne revienne pas sur la terre. (Comme Aladin et les Génies)
Je lui dis que même emballé maintenant il se trouvera toujours quelqu'un qui ouvrira ce paquet et le libérera « car l'esprit hitlérien ne mourra jamais ». Nous sommes découragés et tristes.
Je me dis que c'est l'emballage qui porte à confusion : papier et noud rouge ; car c'est l'image d'un cadeau. Et ouvrir ce cadeau c'est « l'enfer ».
(les associations seront la propension humaine à refouler le mal P.101, la diabolisation de l'autre P.145 donc les deux mécanismes de l'âme : refoulement et projection)
Le rêve qui suit ouvre une parenthèse sur une de ses préoccupations.
20/10/01
Une voix dit « Le Graal est le vase ; est la dame précieuse » (et elle ne connaissait pas le Da Vinci code !) Image et sensation d'un vase en terre glaise qui est en moi.
Elle fait alors toute une réflexion sur une image récurrente qu'elle a depuis l'adolescence : elle voyait un vase, un calice se briser quand elle faisait un mouvement vers lui. Puis l'image ayant évolué, elle voyait un homme de l'autre coté de la table où était déposé le vase. Elle fait alors ce dessin avec le soleil et la lune.
Elle se demande : est ce lié à ce mouvement d'extraversion de la conscience, à ce mouvement d'appropriation ? Comme dans la Genèse : « Tu ne mangeras pas du fruit de l'arbre avant de ne l'être devenu »
Perception de la vacuité ; un mouvement d'introversion, d' « être » existence.
Alors ce vase est en moi, au cour, au centre de mon corps et il ne se brise plus, ne se brise pas.
Elle se demande encore : tous ces rêves de rois et de reines terribles, destructeurs, du Léviathan, d'Ishtar ont-ils une reliance avec cette guerre féminin-masculin ; cet écrasement de la déesse perdue, oubliée dans l'En-bas.
Souffrance d'enfant, d'adolescente, incompréhensible à l'époque, de cette nature blessée ; aujourd'hui oubliée pour survivre. Survie d'un fantôme car c'est là que gît mon âme.
Un mois après cette réflexion, elle fait le rêve suivant :
18/11/01
Image d'un vase translucide en verre opaline bleu clair sur la table, qui devient le point de rencontre de l'homme et de la femme de part et d'autre de la table. Puis c'est ma relation actuelle et ce vase devient un calice « nature » en bois et en mousse verte. Un tout petit serpent aux yeux rouges me fait penser au « diabolon »
La coupe devient fleurie, comme des marguerites, pâquerettes (cours jaunes, pétales blancs) ; puis celles-ci prennent en même temps une forme de cristaux.
21-05-02
Je dois descendre à reculons. Je vois un Saule Pleureur et je suis dans ses bras comme un enfant dans les bras de sa mère, de ma mère ; je pleure mais dans ses branches je me sens bien.
Quelques mois après, elle fait le rêve suivant et elle dira qu'elle n'arrivera pas à la dessiner avant d'avoir fait le dessin du Christ et de Satan.
30-10-02 (suite à une réflexion sur le roi tueur ; la toute puissance du moi conscient, la capacité d'abandon et d'amour
Un arbre, mais c'est un cour palpitant, rouge qui termine le tronc et d'où jaillissent les branches aux feuilles vert tendre ; deux cobras dressés de part et d'autre et à la fois unifiés « comme dans la kundalini »
31-10-02
Un roi amaigri parce qu'il a été malade vient témoigner. Il n'est plus le « despote éclairé » qui règne tout seul ; il convoque l'assemblée de ses sujets. Il s'assied comme d'autres, dans les gradins et dit que sa maladie (lèpre ?) s'est accomplie en lui pour faire entrer le Tao et qu'après c'est le Tao qui s'est accompli en lui. Il prend sa maladie avec lui (ce qu'il en reste?) quand il s'assied (c'est comme des armoiries brodées en or sur son vêtement, à sa poitrine ; d'un coté il y a la tête de mort et les deux fémurs et de l'autre deux sceptres d'or croisés). Plus loin il y a un homme couché d'abord, puis qui devient les parties de la maladie du roi sur son vêtement?
Le roi parle du Tao longuement et tout le monde l'écoute.
Et pour terminer, j'aimerais bien que mon résumé d'aujourd'hui vous soit aussi agréable que le sien
20-01-04 (réhabilitation du monde sensible, de la nature)
Je lis un livre dont je dois faire le résumé. Je choisis déjà des choses pour le résumé : des pâquerettes, des cerises que je mets aux pieds du mannequin-arbre-homme de Christine ; puis des mirabelles aux pieds de celui d'une autre amie.
Puis, je m'arrête devant un petit arbre auquel je fais un greffon à droite qui équilibre les cotés gauche et droit. J'aimerais bien l'emporter pour mon résumé mais il est fixé et pousse sur une petite pierre blanche sertie d'or. Donc je le laisse. Je rassemble les différents objets : fruits, fleurs, pour commencer mon résumé. J'ai chaque fois un moment d'appréhension craignant que mes cerises ou mirabelles aient été utilisées par elles (qu'elles auraient oublié que toutes les mirabelles n'étaient pas pour elles) Mais je retrouve tout. C'est une sorte d'homme (figure) fait de branchage qui est la structure du résumé et sur laquelle je rajoute les fleurs et les fruits. Ma tête me dit que c'est illogique de mettre les fruits aux chevilles. Et pourtant c'est là que je sens que je dois les mettre. Après j'essaye de comprendre pourquoi. Quelque chose fait le lien, en moi, entre cet Homme Arbre et l'Anthropos. Alors il s'anime, il danse et me fait penser à un « daïmon » ; les branches sur sa tête et ses mains reverdissent en se couvrant de petites feuilles vert tendre.
On peut donc le voir comme la tendance à égarer l'individu dans l'action ( « machen » en allemand = « faire » )
Cf. rêve d'adam et Eve
« La hâte vient du diable »
Le démoniaque repose sur le fait qu'il existe des forces inconscientes de négation et de destruction, et sur la réalité du Mal.
Pour Jung, le démoniaque est un contenu inconscient, d'une puissance irrésistible, qui apparaît au seuil de la conscience et s'empare de la personnalité sous forme d'une possession. Ce contenu cherche à « se produire physiquement » et à « forcer le sujet à adopter son caractère »
Son aspect négatif peut être réduit quand la personne résiste aux pressions de ce contenu et cherche à rendre son sens conscient.
Le démoniaque peut ainsi être un aspect créateur qui ne serait pas encore réalisé par le Moi.
s'abandonne sans résistance à un affect
Aussi la force démoniaque et la créativité sont psychologiquement proches. Rien n'est plus destructeur dans la psyché humaine que des pulsions créatrices inconscientes non réalisées.
Beaucoup de démons sont des figures mixtes et expriment quelque chose de surnaturel et par conséquent de spirituel.
d'êtres incarne essentiellement des phantasmes créateurs, moralement neutres, en général plutôt bien disposés à l'égard des humains.
une part essentielle, subjective, attachée à cet esprit. part subjective attire pour ainsi dire le « diable objectif » et dès que la première est intégrée, le second disparaît. P.152
les démons engendrent des projections. P.158
Les démons sont définis P.163 comme des puissances archétypiques, mais l'antiquité tardive différencie les êtres du monde intermédiaire démoniaques et les dieux supérieurs éloignés des hommes, ce qui en somme enlève de l'ombre à l'image archétypique. Il apparaît ainsi que la partie instinctuelle et émotionnelle des archétypes s'est rapprochée des humains, alors que la partie spirituelle, les « dieux », reste projetée dans un espace « métaphysique » transcosmique.
Les démons sont par conséquent des formations archétypiques qui apparaissent dans le champ des projections humaines.
Nous pouvons aussi faire le pont avec la toute puissance.
Dans la tentation du Christ, le diable qui tente le Christ pourrait aussi bien être une volonté de puissance inconsciente se manifestant chez le Christ sous cette figure.
Le mal, sous l'abord du péché est le problème de l'écart par rapport à la volonté des dieux ; donc, au plan psychologique, de l'inconscient.
On rejoint l'aspect Jungien des contenus inconscients ou des archétypes négligés.
Le mal peut venir d'une mauvaise attitude du conscient ; l'inconscient empêché de se manifester et de contribuer au développement de l'individu, ne produit plus que des sentiments de culpabilité et des symptômes névrotiques.
Le mal vient alors, généralement, d'un archétype négligé ou refusé par le conscient. (P.178 « Le Fidèle Jean »)
Certains facteurs ou attitudes de l'individu favorisent sa possession par le mal :
-Le refus de considérer l'existence du mal ou la tendance à le minimiser. (E. B. P.130)
-L'isolement et la solitude ; l'absence de liens affectifs.
-La curiosité
-L'unilatéralité et l'énantiodromie quelle provoque.
-La non-obéissance à la « Loi » de la Nature, (je dirais donc de l'inconscient, de l'archétype ou du numineux)
-L'abaissement du niveau mental, du conscient comme dans la prise de boissons, drogues, médicaments ou même dans le sommeil.
-Le manque de crainte, de déférence et de respect vis à vis des forces numineuses (cf. l'insolence)
-La bravade et l'impertinence (liées au manque de respect ou à l'inconscience)
-L'attitude irresponsable
-L'excès (rejoint l'unilatéralité)
-Le manque de jugement ; le manque d'instinct ( du danger) ; tout comme le manque de réalisme.
-La fascination humaine par la mort comme par le mal.
Les puissances maléfiques dans les contes sont souvent des personnifications des forces de la nature et représentent les dangers de celle-ci.
Ce que l'homme vit comme mauvais est d'abord ce qui met sa vie ou sa sécurité en question, ce qui est désagréable ou dangereux pour lui et le remplit de panique. L'inconscient est la nature et est donc habité par ses puissances numineuses risque d'y être englouti.
le versant dangereux du numineux se manifeste dans sa tendance, inhérente à tout archétype lorsqu'il émerge au seuil de la conscience, de fasciner le moi et de le pousser au passage à l'acte ou à la concrétisation de ce qui est un contenu symbolique. Si l'individu ne réussit pas à contenir les impulsions de sa tête et de son cour, il deviendra possédé et tombera dans l'inflation.
Le fait d'agir concrètement afin de réaliser des contenus archétypiques affIuant à la conscience, constitue le danger par excellence que peut provoquer l'expérience numineuse. Dès lors l'aspect démoniaque du numineux l'emporte sur son côté salutaire. La recherche du sens et la guérison sont perdus. En effet, l'état de possession va toujours de pair avec le fanatisme.
Lors de la conférence Elie a soulevé deux aspects que je voudrais illustrer cliniquement
Importance de la part archaïque comme part irréductible de l'intégrité personnelle de l'individu. P.27