Il y a l'inconscient selon Freud, " refoulé, infantile, alogique, sexuel " ; l' inconscient selon Adler qui, pour l'essentiel, ne sait que « vouloir» ,c'est la volonté de puissance. " (Jones)
Le concept d'inconscient pour Jung englobe tous les contenus ou les processus psychiques dont le rapport avec le moi n'est pas perceptible.
L'état dans lequel se trouve ces contenus tant qu'ils ne sont pas rattachés au conscient échappe à notre possibilité de connaissance ; il nous est aussi impossible de fixer l'étendue de la sphère inconsciente et d'établir quels contenus elle englobe.
Néanmoins on peut distinguer différentes "strates" dans l'inconscient ;c'est l'image de l'iceberg: la pointe émergeant de l'eau étant le conscient ; celui-ci repose sur l'inconscient et en descendant "dans l'eau" nous trouvons par "couche" l'inconscient personnel, familial, national, ethnique ..et collectif.
L'inconscient personnel renferme toutes les acquisitions de la vie personnelle:
-les souvenirs oubliés (en perdant sa valeur énergétique -émotionnelle- un contenu conscient devient inconscient)
-les souvenirs refoulés (c'est-à-dire intentionnellement oubliés et ce sans perdre de leur valeur )
-les sensations et les perceptions sensorielles dont l'intensité est insuffisante pour pénétrer dans la conscience, et enfin des contenus qui ne sont pas encore assez mûrs..
Ces contenus sous le seuil de la conscience ne disparaissent pas simplement puisque une circonstance propice peut les fairent émerger de la profondeur.
L'inconscient personnel correspond en grande partie à cette figure qui apparait souvent dans les rêves et que Jung appelle "l'ombre". (sous le terme "d'ombre" il entend la partie "négative" de la personnalité, c'est-à-dire la somme possible des défauts cachés ; des fonctions insuffisamment développées et des contenus
désavantageux ) cf. rêves avec des personnages handicappés, faibles, fragiles.
??? rêve du 14-05-97 de S. L.
Ces contenus personnels ( personnellement acquis) reposent sur d'autres contenus, qui sont innés. C'est ce que Jung appelle l'inconscient dit "Collectif " .
"Collectif parce qu'il est de nature universelle et se retrouve chez tous les individus.
Il constitue un fondement psychique de nature suprapersonnelle présent en chacun."
L'inconscient collectif apparaît comme le résultat de l'expérience humaine vécue depuis des éternités..
Certains traits ont pris au cours des siècles un relief particulier; et constitue alors des dominantes de l'inconscient collectif ; et ce sont ces dominantes que Jung a appelé archétypes.
Jung considère la mythologie, la philosophie, la religion mais aussi nos systèmes socio-politiques comme une sorte de projection de l'inconscient collectif... )
Ainsi, en chaque enfant préexiste une disposition psychique fonctionnelle,adéquate, antérieure à la conscience. (Cerveau archaïque des neuro-biologistes? Mémoire cellulaire de Guillé)
Parce qu'il recèle toutes les formes de vie et de fonctions héritées depuis toujours cet inconscient collectif est, pour Jung, source de connaissance .
Il est aussi celui qui répare ...qui montre le chemin ..l'inconscient collectif est réservoir, inducteur et organisateur.
(C'est en son coeur que réside le Soi, image primordiale (archétype) du centre, du sens et porteur du destin de l'individu..
Pour l'analyste jungien, c'est cet organisateur inconscient qui fait le travail; ce n'est pas l'analyste, ni le moi; mais c'est bien sur le moi qui accueille tout le processus et l'analysant a besoin de la libido de l'analyste et de quelqu'un qui a fait le chemin..)
Il y a entre le processus conscient et le processus inconscient un rapport de compensation. La fonction compensatrice de l'inconscient se manifeste d'autant plus nettement que l'attitude consciente est plus unilatérale. (ceci en vue de produire la totalité)
Cf. rêves de cette jeune femme, dépressive et suicidaire:
-Je tue une femme; elle est petite avec une robe argentée de fête; je la mets dans un sac poubelle et j'essaie de la camoufler avec les ordures. Je monte dans un appartement ; je vois un chat. J'ai peur que l'on retrouve le sac. Je veux aller aux toilettes; il y en a trois très hautes, sales, pseudotoilettes; il n'est pas possible d'aller là.
-Je suis en voiture avec ma mère, c'est elle qui conduit; nous sommes sur une grande chaussée. Ma mère regarde une vitrine et n'arrive pas à détacher son regard: un homme habillé tout de blanc comme un marié montre la direction d'un doigt. Au carrefour suivant, le même homme en noir fait le même geste. Nous descendons, devant nous il y a une boite électrique et deux tombes, ouvertes et vides pour deux personnes (nous). Mais l'homme ne nous indique pas la direction des tombes mais celle de trois jeunes gens qui rient. ( Du point de vue causale l'interprétation du rêve part de la relation à la mère de cette patiente de 30 ans restée très fusionnelle. Et effectivement si elle continue à se laisser conduire par sa mère "les tombes sont ouvertes" . ...
Les contenus de l'inconscient sont amalgamés, indifférenciés; le processus d'individuation permet leur désenchevêtrement et leur différenciation ; mais ce n'est pas que l'apanage du processus d'individuation, c'est le mouvement naturel de la vie d'un homme.
Tout comme les contenus conscients, les contenus inconscient sont animés d'une certaine activité, (par exemple les rêves et les fantaisies)..
Le processus inconscient met à jour des matériaux constellés par l'état du conscient. ( ce n'est pas nous qui créeons le rêve avec notre conscience. Sa reproduction consciente, ou sa perception, le modifiera sensiblement, mais sans supprimer le fait fondamental qu'il doit son origine à la poussée créatrice inconsciente. )
Le conscient nous parait intense; il est accommodé au présent immédiat et ne dispose par nature que des matériaux de l'expérience individuel.
Tous les efforts de l'humanité tendent à sa consolidation et à se protéger contre les dangers de l'inconscient, les fameux « perils of the soul ». Si nous-même avons une teIIe peur des affects incontrôlés, c'est parce qu'au cours de ceux-ci la conscience disparaît trop facilement (= possession).
Dans la conscience, nous avons l'impression d'être nos propres maîtres, c'est à dire que nous pensons être, nous-même les "facteurs" (les dieux ="facteurs" (facere=faire)).
Mais quand nous nous aperçevons que nous sommes en fait "objets de facteurs".. Nous voila déçus de notre propre incapacité et avec une conscience se trouvant dangereusement remise en question ou se sentant menaçée.
(C'est cette menace et cette peur de l'inconscient qui est à l'origine des angoisses imprécises motivant la consultation .)
Le caractère imprévisible, submergeant, de l'inconscient se retrouve dans les rêves de vague, raz de marée, cataclysme etc..
Cf. rêves:
- loin, au bout d'un banc de sable se trouve un monticule blanc, éclatant. Je sais que c'est du sel. La mer a creusé un chenal de sable que je vois de temps en temps immerger par de grosses déferlantes. J'ai besoin d'aller vers ce tas de sel, de le toucher, de me rouler dedans. Je m'avance dans ce chenal pour l'instant à sec (mais au milieu de la mer). Je suis chargée de deux rouleaux de toile de tente (avec piquets) (le vert ligné à gauche, le bleu à droite) C'est encombrant, elles ne peuvent pas être mouillées. Très très loin, derrière moi et à gauche se trouve la plage, les maisons. Je fixe du regard ce tas de sel. Un homme vient à ma rencontre. Il me semble que c'est Louis. Je m'arrête, dépose un moment sur le sable mes affaires et l'écoute. Il me montre la direction ; me parle des difficultés et du danger. L'échange est sans chaleur (indifférent). Quand je relève la tête après avoir repris les rouleaux sous mes bras il est très loin déjà. J'accepte en moi-même la constatation qu'il ne m'aide pas à porter mon fardeau. J'avance, en regardant tantôt la montagne de sel sur ma gauche qui me donne du courage, guêtant d'un autre coté, derrière la montagne de sable sur ma droite, l'arrivée d'une déferlante. J'ai peur de manquer de souffle si elle arrive. Finalement j'en vois une gitantesque. Je me sens à la fois angoissée devant ce mur qui avance et à la fois sereine. C'est comme si je l'attendais, je savais qu'elle devait arriver. Je m'accroupis dans le creux du chenal, serrant ce que je transportais avec moi. Je réalise que ce que je serre dans mes bras c'est un chien (comme un labrador). La vague nous recouvre et ne nous mouille pas, nous sommes à l'abri dans le creux. Mais je sais que nous allons être pris par son tourbillon quand elle va se retirer . Je sens qu'elle ne nous veut aucun mal mais devant sa puissance, je me sens un fétu de paille. Alors je me vois à la fois dans le tourbillon suffocant et à la fois en dehors comme protégée.
Pour Jung (et ), il y a des problèmes que l'on ne peut absolument pas résoudre par notre volonté .
C'est alors que se trouve posé le fondement de l'inconscient collectif; car c'est dans ces profondeurs que l'homme peut puiser des forces pouvant s'éveiller et intervenir.
C'est ce que permet la libibo lorsqu'elle régresse au-delà des stades infantiles pour faire irruption dans les vestiges de la vie ancestrale et consteller et animer des représentations archétypiques
"L' inconscient n'est ni concentré, ni intensif, mais crépusculaire jusqu'à l'obscurité.
Il y gagne une extension immense et il renferme côte à côte, de façon paradoxale, les éléments les plus hétérogènes, disposant d' une masse inassignable de perceptions subliminales, du trésor prodigieux... posées au cours de la vie des ancêtres, qui, par leur seule existence, ont contribué à la différenciation de l'espèce. " von Franz
"Personnifié, l'inconscient prendrait les traits d'un être humain collectif: l'Anthropos. "
Mais il apparaît d'avantage comme un flot infini, un océan d'images et de formes qui émergent à la conscience à l'occasion de rêves ou d'états mentaux .
Le temps de l'inconscient n'est pas un temps chronologique c.à d. linéaire; c'est un temps circulaire. ( cf. image de la spirale..)
Le mystère de l'inconscient, dans sa réalité, ne se dévoile qu'à ceux qui le cherchent avec une naïve curiosité observant une attitude d'écoute, de déférence à son égard et non à ceux qui veulent s'approprier son pouvoir en vue de réussir quelque dessein conscient. cf.rêves nous le rappellant souvent
L'inconscient collectif est une objectivité vaste comme le monde ..là, l'individu est tellement relié au monde qu'il oublie trop facilement qui il est en réalité. (« Perdu en soi-même » ) C'est pourquoi on doit savoir qui l'on est.
A peine l'inconscient nous touche-t-il que nous devenons inconscient de nous- même.
C'est là le danger quand la conscience est encore incertaine et chancelante... encore enfantine.. émergeant à peine des eaux premières.
Une vague de l' inconscient peut facilement le (l'individu) submerger; il oublie alors qui iI était et fait des chôses dans lesquelles il ne se connaît plus lui-même. "
Jung postule le caractère existentiel de ces contenus psychiques dépassant le sujet, autonomes dans une large mesure et soumis au contrôle conscient que de façon très conditionnelle, ou échappant même en majeur partie à ce contrôle.
Inconscient : confrontation avec l'inconscient
La méthode thérapeutique consiste d'une part en un effort pour rendre conscient aussi complètement possible les contenus inconscients constellés et d'autre part dans la synthèse de ces derniers avec la conscience au moyen de l'acte de connaissance.
Comme nous faisons un usage continuel de la dissociation, il n'est pas certain qu'une connaissance sera suivie de l'action correspondante.
Au contraire ... D'ordinaire la connaissance à elle seule n'a pas une telle action ...
Comme les archétypes sont relativement autonomes, ils ne peuvent pas être purement et simplement intégrés sous une forme rationnelle. Ils exigent un traitement dialectique, c'est-à-dire une véritable confrontation que le patient réalise fréquemment sous forme de dialogue, vérifiant ainsi la définition alchimique de la méditation : "colloquium cum angelo bono" , dialogue intérieur avec l'ange gardien
Ce qui importe surtout pour chacun, c'est la différenciation entre le conscient et les contenus de l'inconscient. Sinon ces derniers exercent sur notre vie une véritable tyranie.
Pour celà, il faut isoler ces contenus et la façon la plus facile de le faire est de les personnifier (Jung Philémon, ..) et d'établir un contact avec ces personnages en partant de la conscience .
C'est ainsi qu'on peut leur retirer de la puissance, qu'ils exercent sur le conscient.
Les contenus inconscients possèdent un certain degré d'autonomie; ce qui favorise la personnification et donc la confrontation et la différenciation mais qui ne plait pas toujours au besoin de controle ou de puissance du moi.
"C'est en ce point d'articulation que réside la possibilité même de dialoger avec l' inconscient." Ma Vie
Jung nous dit dans "Ma vie" à quel point s'abandonner au sentier qui conduit dans les profondeurs de l'inconscient est une expérience risquée. "Ce sentier passe pour être celui de l'erreur, de l'ambiguité, de l'incompréhension."
Aussi, il est vital d'avoir un point d'attache dans le monde réel et d'avoir une vie rationelle qui va de soi, comme contrepoids au monde intérieur étranger: ("la famille et la profession prouvait que j'étais réellement un homme existant et banal."
Sinon c'est notre monde intérieur qui nous possède.cf. Nietzsche
Ne jamais oublier que "c'est ce monde-ci et cette vie-ci..."
Aucun mot, si parfait soit-il, ne saurait remplacer la vie.
Pour parvenir à la libération de la tyrannie des préconditionnements de l'inconscient, il faut deux choses : s'acquitter de ses responsabilités intellectuelles aussi bien que de ses responsabilités morales.
Important au niveau pratique.
Finalement, c'est toujours le conscient qui reste décisif; c'est lui qui doit comprendre les manifestations de l'inconscient, les apprécier, et prendre position vis à vis d'elles.
Inconscient et impulsion créatrice :
L'inconscient n'est pas seulement un système répondeur qui réagit aux situations extérieures, aux pensées ou aux représentations conscientes; il peut produire de lui-même et sans cause extérieure, un fait nouveau: il est créateur, au sens fondamental du terme.
L'individu peut mener une vie sans incidents, où tout semble aller bien; voilà que des rêves bouleversants apparaissent et il a le sentiment que quelque chose dont il ignore la cause se manifeste dans la profondeur.
Et tout a coups il y a une poussée en lui, un mouvement qui monte peu à peu jusqu' à la conscience et qui va apparaître comme une exigence de changement, un élargissement du champ de la conscience, ou encore sous la forme d'une impulsion créatrice.
Dans une vie trop unie, on peut supposer qu'une certaine partie de la libido retombe dans l'inconsient et produit une telle réaction.
Mais ce n'est pas toujours le cas; et l'on voit aussi de telles impulsions créatrices au moment où lindividu est exténué, débordé etc..
"Tout se passe comme s'il y avait réellement un spiritus creator dans l'inconscient qui se manifeste de la sorte, éveillant de nouvelles possibilités." von Franz
Dangers de l'incoscient:
Jung nous dit que ce serait une erreur de croire que l'inconscient est quelque chose d'inoffensif. Il n'est bien sur pas dangereux en toutes circonstances, ni chez tout le monde. Mais une accumulation particulière d'énergie dans l'inconscient forme une charge susceptible d'exploser.
La compensation est parfois tellement forte que nous pouvons rencontrer des sujets d'appence des plus normales et dès qu'on active l'inconscient ( comme dans la technique de l'analyse ) et qu'on l'aide à s'exprimer, cette compensation (ici salutaire) va se détuire et l'inconscient va faire irruption dans la vie consciente sous forme d'imaginations irrépressibles donnant lieu à des états d'excitation qui, dans certaines circonstances, aboutissent à une aliénation mentale durable, à moins qu'elles ne poussent au suicide."
"Quiconque s'occupe d'analyse de l'inconscient est exposé au danger de tomber sur des cas de cette nature .."
Abstraction faite de ces cas, il est possible que le praticien, par maladresse, par des erreurs de conception, par des interprétations arbitraires, fasse échouer des cas qui ne portaient pas en eux-même un dénouement fâcheux.
"En dehors des risques inhérents au traitement, l'inconscient peut devenir dangereux par lui-même."
Bons nombres d'accidents répondent à un conditionnement psychique ; qu'il s'agisse de petits incidents comme trébûcher, se cogner, se bruler , ou de grandes catastrophes, d'accidents d'automobiles, de chutes en montagne; tous ces accidents, petits ou grands, peuvent être causés psychologiquement et se trouvent parfois préparés depuis des semaines ou même des mois.
"Des rêves dénotent bien des semaines à l'avance l'existence d'une tendance à s'endommager soi-même ; tendance qui va s'exprimer de façon symbolique.
Des maladies physiques peuvent être engendrées et entretenues."
Cf.P.C.R.
" Dans tous les cas courants, l'inconscient ne devient défavorable et dangereux que parce que nous sommes en désaccord avec lui, c'est-à-dire en opposition avec des tendances majeures de nous-même."
"L'attitude négative à l'adresse de l'inconscient, sa répudiation par le conscient, sont nuisibles dans la mesure où les dynamismes de l'inconscient sont identiques à l'énergie des instincts.
Par conséquent un manque de contact et de lien avec l'inconscient est synonyme de déracinement et d'instabilité instinctuelle.
Mais si l'on réussit à établir la confrontation avec l'inconscient ( =la fonction transcendante), la désunion avec soi-même cesse et nous pouvons alors bénéficier des apports favorables de l'inconscient .
"Quand, dans les rêves, l'inconscient collectif apparait sous un jour très négatif, ou comme quelque chose de dangereux et de nuisible, celà tient à une vie imaginative surabondante, hypertrophiée et envahissante.... Ces débordements imaginaires deviennent un symptôme morbide en ce sens que la personne s'adonnant trop à ses fantasmes, laisse s'écouler la vie réelle ...
Accentuer ce travers, en augmentant la proportion du mythologique dans son existence, constituerait un danger... Il lui faut d'abord satisfaire à la réalité et aux exigences de la vie.
La plupart des rêves sont de nature compensatrice et mettent en relief l'autre versant, en vue de maintenir l'équilibre psychique(polarité- énantiodromie). Mais l'image d'un rêve n'a pas pour unique but ou utilité de contribuer à réajuster l'humeur du rêveur. Il rectifie également ses conceptions.
C'est le rêve qui donne les indications permettant l'accès à la solution du problème des contraires. (L'élaboration consciente de ces données irrationnelles constitue cette fonction transcendante, qui aboutit grâce à l'apport des archétypes à la formation de conceptions qui concilient les éléments psychologiques en apparence inconciliables. Par " formation de conceptions " je n'entends pas une compréhension simplement intellectuelle, mais une compréhension basée sur l'expérience vécue.)
La compensation inconsciente d'une situation névrotique renferme tous les éléments qui pourraient corriger avec une salutaire efficience l'unilatéralité de la conscience, si ceux-ci étaient consciemment compris, c'est-à-dire intégrés en tant que réalité à l'état conscient.
Il est rare qu'un rêve atteigne une intensité telle que le choc qu'il produit désarçonne la conscience.
En règle générale, les rêves sont trop faibles et trop incompréhensibles pour exercer une efficacité profonde sur la conscience.
Ainsi, les compensations se déroulent dans l'inconscient sans efficacité immédiate exercant cependant un effet, mais indirect : à force d'être continuellement méprisée, l'opposition inconsciente arrange des symptômes et monte de toutes pièces des situations qui, en définitive, paralyseront de façon invincible les intentions de la conscience.
C'est pourqoi le traitement va s'efforcer de comprendre et d'apprécier le mieux possible les rêves et toutes autres manifestations de l'inconscient, pour éviter, d'une part, la formation d'une opposition inconsciente qui avec le temps devient redoutable et, d'autre part, pour utiliser autant que faire se peut ce facteur thérapeutique qu'est la compensation au cour du sujet.
Des rêves marqueront le progrès accompli; dans le cas contraire l'inconscient procédera à des réajustements et à des corrections.
On peut donc dire que le cours du traitement est comparable à un continuel dialogue avec l'inconscient.
Dès que la dissociation entre les divers éléments de soi-même cesse, l'inconscient accorde toutes l'aides et tous les élans qu'une nature bienveillante et prodigue peut accorder à l'homme.
(L'inconscient recèle des possibilités absolument inaccessibles au conscient ; il dispose de tous les contenus de la sagesse conférée par l'expérience d'innombrables millénaires déposée et confiée à ses structures archétypiques.)
L'inconscient est constamment en activité et élabore sans cesse ses matériaux en vue de l'avenir. Il crée des combinaisons prospectives tout aussi bien que le conscient.. C'est pourquoi l'inconscient peut être pour l'homme un guide sans pareil, à la seule condition qu'il sache résister aux séductions.
RRTant que l'inconscient collectif n'est pas distingué de la psyché individuelle, tant qu'il reste embrayé avec cette dernière, aucun progrès ne peut se produire : la frontière ne peut-être franchie.
Le rêve (de l'exemple) et les matériaux caractérisent l'inconscient collectif comme un animal inférieur caché dans la profondeur des eaux,
Le symbole de l'animal met en relief les éléments extrahumain, c'est-à-dire supra-individuel. Car les contenus de l'inconscient collectif ne sont pas seulement des résidus de fonctions archaïques spécifiquement humaines, mais aussi les résidus de fonctions qui ont marqué la ligné d'ancêtres que l'homme possède parmi les animaux. Or cette lignée a eu une durée infiniment plus longue que celle de l'homme ...
De tels résidus -ou engrammes- ont le pouvoir, lorsqu'ils sont actifs, non seulement d'arrêter le progrès du développement mais même de le transformer en une régression jusqu'à ce que la quantité d'énergie qui a réactivé ces éléments dans l'inconscient ait été utilisée.
Cette énergie peut à nouveau être rendue utilisable si une prise de conscience, résultant d'une confrontation de l'inconscient collectif et de la psyché individuelle, permet à cette dernière de récupérer l'énergie investie dans les couches profondes et d'en tenir compte.