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LES MODELES ARCHETYPIQUES DANS LES CONTES DE FEES

CHAPITRE I : LA PRINCESSE AUX DOUZE PAIRES DE CHAUSSURES DOREES
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Une histoire n'est correctement interprétée que si l'on en fait, autant qu'il est possible, la « circumambulation », le tour, à l'aide de toutes les fonctions psychiques. Il faut la considérer par la pensée du point de vue de sa structure, et puis sentir de quelle façon elle nous touche du point de vue du sentiment. Est-ce un récit agréable ou désagréable ? Nous transmet-elle quelque chose de salvateur ou nous laisse-t-elle au contraire un sentiment de malaise, d'étrangeté ? Enfin il est, bien entendu, indispensable de tenir compte des interprétations d'un point de vue scientifique : les faits, les faits, et encore les faits ! Il nous faut adhérer au texte sans que s'y glissent nos fantasmes subjectifs. Mais il est également nécessaire d'utiliser, à d'autres moments, l'intuition pour percevoir la structure d'ensemble du récit et trouver les amplifications justes. Pour cela, il est besoin du coup d'oil chanceux de l'intuitif.
Les héros appartiennent .. soit à l'élite, soit aux moins privilégiés. Une troisième catégorie apparaît quelquefois, c'est celle des gens plus ordinaires : un paysan ou un fils de paysan, ou encore un pêcheur ou un chasseur. .
Dans la plupart des cas, ce personnage devient roi en épousant la princesse. Un conte raconte donc l'ascension du héros qui, parti d'une situation très démunie ou encore anonyme et collective, parvient à une position dominante à la cour du roi. Naturellement, cela implique qu'à la mort du vieux roi il lui succédera. . P.21
Dans d'autres cas, une personne socialement défavorisée épouse simplement la fille d'un homme très fortuné. Il devient riche, mais accède pas à la royauté ; malgré tout, cela représente un progrès social très important.
Il est très tentant .. d'identifier le héros du conte à un ego humain. . et l'on peut continuer à interpréter le conte en utilisant les concepts junguiens tels que ceux d'animus, d'anima, d'ombre en les plaquant sur les autres personnages du conte. Et on se sera fourvoyé ! .
Il ne faut jamais perdre de vue que Jung a élaboré ses concepts d'ombre, d'animus, d'anima et de Soi en observant le seul individu .. dans son expérience avec l'inconscient. Mais un conte le fées n'est pas cela : il n'est pas simplement le récit d'une expérience individuelle.
. Certains contes, ont eu pour origine des expériences de type onirique, parapsychologique ou visionnaire de certaines personnes. Celles-ci les répètent encore et encore si bien que ces expériences personnelles s'étendent peu à peu à toute la communauté et se transforment en histoires. Une autre façon dont naissent les contes de fées suit un processus analogue à celle d'une création littéraire. Les contes naissent alors de ce que nous pourrions appeler l'imagination active de certains individus issus du milieu rural. Mais.. que le noyau du conte de fées ait été une vision, un grand rêve ou une expérience parapsychologique, ou qu'il ait eu pour origine un poète paysan, un conteur, il est certain qu'il devait correspondre au besoin psychique de l'ensemble de la collectivité, sinon il n'aurait pas survécu.
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Quand on voit comment les contes naissent et que l'on comprend la façon dont ils se transmettent, on conçoit que tous les éléments personnels . qui pourraient faire dévier le récit du modèle archétypique seront aussitôt corrigés lorsqu'il sera répété car ce qui ne correspond pas à la psychologie de la collectivité ne peut pas survivre. P.25
Ex. de la lecture à une classe d'une nouvelle et d'un conte de fées.. montre bien que le conte de fées possède une structure qui correspond à celle de l'inconscient de chacun, ce qui fait qu'il est retenu facilement. Nous savons maintenant que la mémorisation est en relation avec l'émotion. Plus une chose impressionne émotive- ment et mieux elle s'imprime dans la mémoire. .. le conte de fées exprimant des structures collectives .. touche profondément le domaine émotif et se retienne mieux. .ce qui exprime une structure humaine générale se fixe dans le souvenir et se transmet tandis que ce qui est, d'une façon ou d'une autre, influencé par des complexes et des problèmes individuels ne se répand que dans les milieux qui présentent des troubles analogues.
C'est ainsi que les contes de Hans Andersen, qui avait une personnalité névrotique . (et) souffrait surtout d'un important problème sexuel qu'il ne résolut jamais. se répandirent dans les pays.. dans la mesure où ce problème était celui de l'ensemble de cette société. .
Il existe un autre processus collectif lié à la redite. ils veulent entendre la version connue de façon littérale. C' est comme un rite.
Deux forces sont donc à l'ouvre dans la tradition folklorique. L'une d'elles tend à éliminer ce qui, dans le récit, étant seulement personnel, n'a pas de signification pour l'ensemble des auditeurs et ne les touche pas émotivement. L'autre tend à en préserver la forme « Il ne faut rien y changer et le raconter comme d'habitude ».
C'est la constance de l'archétype qui se manifeste dans ces deux tendances. On pourrait dire d'un archétype qu'il est une « constante naturelle de la psyché humaine ». Il est éminemment conservateur, c'est pourquoi il élimine toujours les impuretés qui ont pu lui être ajoutées par l'expression de problèmes individuels.
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Dans les contes de fées nous rencontrons des éléments du processus d'individuation ou des séquences qui apparaissent clairement comme des parallèles à ce que l'on peut observer de ce même processus chez l'être humain. Mais, dans les contes de fées, se trouve souvent, quelque part, une note insatisfaisante. .
Les contes de fées nous laissent souvent sur une interrogation. .
.. deux éléments peu satisfaisants. Ce sont, d'une part, cette étrange jeune fille en blanc qui se trouve tout simplement oubliée dans le cours du récit et, d'autre part, le manque de figure maternelle. .. Dans une histoire complète, il y a toujours quelque part le père, la mère, le fils et la fille. .
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Les alchimistes expérimentaient en réalité sur les processus de l'inconscient collectif présents en eux-mêmes. Grâce à l'imagination active, ils travaillaient, sous une forme projetée, sur les opérations qu'ils produisaient à l'aide des substances chimiques. On pourrait dire de l'alchimie que c'était un exercice d'imagination active qui n'avait pas comme support la peinture ou l'écriture, mais des substances. . ils essayaient aussi d'élaborer une theoria. d'interpréter et de comprendre ce qu'ils étaient en train de faire.
Toutes les bases des sciences naturelles sont présentes dans l'alchimie, tels que les concepts de matière d'énergie, de processus énergétiques et de particule. Toutes les images intuitives et les modèles de pensée encore utilisés en physique et en chimie modernes existaient déjà dans l'alchimie. . P.31
. Les contes de fées sont semblables aux rêves : ce sont de purs phénomènes naturels de l'inconscient collectif. .. c'est pour cela qu'ils sont éclairants, mais d'une lumière qui surgit puis disparaît à nouveau dans l'inconscient. .. « Changement, changement et transformation, les significations éternelles, les éternelles transformations. » (Faust de Goethe)
Les contes de fées sont un jeu de la nature. Ils sont aussi chargés de sens ou dépourvus de sens que la nature, suivant que nous la regardons ou non. Ils ressemblent aux produits de l'inconscient d'une personne qui n'a pas fait un travail sur ses rêves.
Quelqu'un qui ne suit pas une analyse et ne s'intéresse pas aux manifestations oniriques peut voir les plus merveilleux rêves se répéter pendant de longues années, comme s'ils n'avaient ni commencement ni fin. C'est que ces personnes n'essayent pas d'amener ces rêves dans un dialogue et de les relier à la conscience. Quant aux conteurs, leur rôle dans le folklore est celui de représentants de l'inconscient. .
Nous savons que les rêves ont un effet curatif même quand ils ne sont pas compris. .. les rêves ont une fonction biologique et psychologique de restauration. . Ce que nous faisons, en tant qu'interprètes de rêves, est simplement de renforcer la fonction curative du rêve en lui procurant, en quelque sorte, une caisse de résonance de façon que sa qualité de restauration soit plus forte que si on le laisse à lui-même. .
Par notre interprétation, nous tentons d'amplifier l'effet curatif du rêve. C'est la raison pour laquelle une interprétation ne doit jamais être intellectuelle. Elle ne doit jamais non plus réellement élucider le sens du rêve de façon qu'on en « possède » le sens. Un interprète de rêves ne devrait jamais avoir le sentiment que, maintenant, le rêve est totalement compris, car cela détruirait sa résonance. L'interprétation d'un rêve devrait être une façon de parler « autour » du rêve, de sorte que son message soit mieux entendu. Ce n'est qu'alors qu'il a un effet curatif.
. « Les histoires sont comme le vent », or le vent est le pouvoir guérisseur de l'esprit. .
De tels récits sont bénéfiques parce qu'ils sont l'expression des rêves vitaux et des processus de compensation de l'inconscient collectif qui contrebalancent l'unilatéralité, la maladie, les déviations constantes de la conscience humaine. Et ces récits sont efficaces même en l'absence de tentative pour les comprendre. Ils sont simplement «dits » . le désir de compréhension consciente est absent. Ces histoires sont dites pour que les auditeurs puissent en ressentir l'effet rafraîchissant et vivifiant ~ non pour qu'ils y pensent.
Toutefois, si on réunit un grand nombre d'histoires, on voit que chacune d'elles éclaire un processus archétypique particulier de l'inconscient collectif. .. Jung disait que l'étude des contes de fées est un bon moyen pour étudier « l'anatomie comparée » de l'inconscient collectif et les couches les plus profondes de la psyché humaine. P.35
. si l'on considère l'histoire du point de vue du sentiment, les hommes s'identifient au héros et les femmes à la princesse. Mais du point de vue de l'interprétation, ceci n'est pas correct parce que les hommes et les femmes sont des individus pourvus d'un nom et d'une identité personnelle, ce que n'a pas ce jeune homme. Ce simple fait nous montre déjà qu'il ne serait pas juste de l'identifier à un « moi ». . il s'agit de quelque chose de général, de typique. .
La meilleure façon de comprendre une figure de héros est d'observer ce qu'il fait. .. les personnages de contes sont très abstraits. Ils ont très peu de traits personnels. Ainsi, il est très peu question des sentiments de ce jeune homme. .. peur.. ? .. colère.. ? .. heureux.. ? .. Tout ce qui est rapporté est qu'il fit ceci, cela et encore cela. et devint roi. C'est complètement impersonnel. On peut donc dire que ce jeune homme se définit le mieux par ce qu'il fait.
. Il faut en conclure qu'il est « quelque chose », d'archétypique, de collectif, qui cherche aventure et qui possède un zeste de vie, un certain esprit d'entreprise et de l'initiative masculine. . Il a soif de vivre et qu'il est généreux. Alors il part accomplir tout ce qu'il faut d'une manière juste et nécessaire. Il est également intelligent et courageux. . C'est un héros typiquement anonyme et le résultat de ce qu'il fait est qu'il passe de l'état de jeune homme anonyme à celui de roi très puissant, plus puissant même que le roi régnant.
Ce progrès dans le statut social du héros est typique. Comme hypothèse de travail, nous pouvons supposer que le jeune homme représente un élan masculin qui agit de façon à construire le futur par des moyens justes. La royauté est le résultat final.
De façon générale, le roi, dans les sociétés primitives, est l'unique, l'individu doté des pouvoirs magiques dont dépend la vie de la tribu. Il est celui qui se détache sur l'arrière-plan du groupe. Les autres sont, pour ainsi dire, la foule de ceux qui n'ont pas d'âme, tandis que le roi est l'Un. .
.. à l'origine une destinée spirituelle individuelle n'était attribuée qu'au roi. . à l'origine, être un individu, un être plus conscient que les masses n'était la prérogative que de quelqu'un de « choisi », soit par hérédité, soit par élection ou par tout autre moyen. Cependant, cette élection coûtait très cher puisque, dans la plupart des sociétés primitives,.. le roi était mis à mort après un certain laps de temps - cinq, dix ou quinze ans au maximum. Les rois étaient tués rituellement quand ils montraient des signes d'impotence et d'affaiblissement, ou quand les choses allaient mal : grande sécheresse ou maladie du bétail par exemple. Le roi était sacrifié non seulement parce qu'il était l'Un, le seul individu conscient de la tribu, mais aussi parce que le seul à avoir des liens avec les pouvoirs magiques et divins. Dans les sociétés les plus anciennes, il était tout à la fois roi et archiprêtre.
En Europe, les rois étaient rois « par la grâce de Dieu»,et .. on leur prêtait des pouvoirs guérisseurs. ..
Le roi ne tient pas son pouvoir uniquement de sa force physique et de son soutien armé, mais aussi de sa relation avec les puissances de l'au-delà. . (En Chine) on croyait que lorsque l'empereur était en harmonie avec le Tao, le principe spirituel du monde, tout allait bien dans l'Empire. Et si quelque chose allait mal, par exemple si le Yantze débordait, c'était à l'empereur de changer ses habitudes et de faire pénitence pour enrayer le mal. Il était, en quelque sorte, l'axe du monde, l'axe sur lequel l'empire - le monde tout entier, aux yeux des Chinois - tournait. Tout dépendait de son attitude juste ou erronée. Il possédait des pouvoirs divins, il incarnait le pouvoir divin central. Si nous transposons cela en langage psychologique, nous pouvons dire que le roi représente un aspect de l'image divine ou un aspect du Soi devenu un concept qui règne sur une société.
Quoi qu'il en soit, dans les mythes et les contes de fées, les rois sont toujours vieillissants et il y a quelque chose qui ne va pas dans leurs royaumes. .P. 39
. bref, il y a toujours une difficulté, un état de déséquilibre qui rend nécessaire une restauration de l'équilibre perdu au moyen d'un processus de compensation.
. l'inconscient est-il seulement réactif ? Les actions, dans un rêve, sont elles purement compensatrices ou complémentaires d'une attitude consciente erronée ? Ou bien l'inconscient est-il, au contraire, une matrice créatrice qui tend à corriger, de façon spontanée, les prémices de la conscience individuelle ?
. l'inconscient participe des deux : suivant les cas, il se comporte de la première façon (compensatrice) ou de la seconde (créatrice). Il n'est pas possible de ne voir dans les processus inconscients que des réactions à un élément que nous décelons dans le conscient. L'inconscient est également capable de produire, simplement par lui-même, une chose issue, en quelque sorte, d'un « esprit de vie ». Cela apparaît avec beaucoup de clarté dans ce conte. Ce jeune homme représente un contenu surgi spontanément dans la psyché consciente : c'est une initiative masculine inconnue, une énergie puissante. Celle-ci, à travers un certain , nombre d'événements, est heureusement guidée et manouvrée de façon à compenser certaines carences de la psyché consciente. .. cette force issue de l'inconscient est spontanée et .. émerge par elle-même.
. Une des caractéristiques d'une civilisation dans sa phase de développement est qu'en général les différents secteurs de la vie - la loi, la religion, l'ordre politique et social, l'art, etc. - expriment un seul et même symbole : ils sont tous, pourrait- on dire, sur la même longueur d'ondes. P. 41
. C'est ainsi que la chrétienté nouvelle a détruit la médecine antique. . avec la naissance du christianisme toutes les différentes expressions culturelles humaines se sont trouvées, à nouveau, unifiées. Tout se passa comme si, à partir d'un centre, une même lumière éclairait le monde en son entier, lui conférant une unité. 0r, une unification aussi convaincante que celle-ci procure aussi à l'individu le même sentiment d'unité.
Dans les civilisations sur le déclin, au contraire, on peut observer une tendance à la compartimentation. On peut comparer cela au cas d'un homme d'affaires qui se comporterait comme un requin du lundi au vendredi et se rendrait, le dimanche, à l'église. .
Dans une civilisation en déclin, il y a des compartiments, chacun avec son propre chef, ses propres règles de conduite, son propre travail d'équipe, sa propre philosophie de la vie et sa propre hiérarchie de valeurs ultimes. Chaque compartiment est soigneusement maintenu à part des autres. . En d'autres termes, il y a plusieurs rois. Les gens sont cloisonnés. P.43
Semblable situation chez un individu en qui la relation au Soi n'est pas vivante est typique de ce qui conduit la névrose.
. chaque fois que je rêve d'elle(amie), je me suis comportée la veille en quelque manière d'une façon compartimentée, comme si je n'avais jamais entendu parler de psychologie junguienne. . quand elle vient maintenant dans un rêve, je sais ! je me demande : « Hier, qu'ai-je fait ? « Et je découvre toujours que le jour précédent, dans une certaine situation, j'ai pensé en moi-même quelque chose comme : « Eh bien, ceci doit être décidé par la raison. Cela ne vaut pas la peine d'y réfléchir en termes d'inconscient ou de Soi, etc. . »
Cela fait maintenant presque trente ans que je suis dans la psychologie junguienne, et .certaines parties en moi n'en ont encore jamais entendu parler ! . Il y a de petits « royaumes » qui s'organisent eux-mêmes et ont leurs petites règles ; et vous les prenez tellement pour des évidences que vous ne les remarquez même pas.
On peut donc dire que plus profonde et plus grande est la pulsion vers l'individuation ou une conscience plus élevée, plus elle unira de royaumes. Pour le moment, nous pourrions voir dans le héros la représentation d'une poussée issue de l'inconscient vers un degré plus élevé de conscience. Non seulement cela sauve un royaume, le restaure et y fait naître une vie nouvelle, mais cela « attire » d'autres royaumes qui jusqu'alors se contentaient de vivoter par eux-mêmes de façon misérable.
Jung dit un jour qu'il est très important que, dans une analyse, le sujet écoute avec sincérité ce qu'on lui dit et les interprétations de rêves, mais qu'il est tout aussi crucial - et le sujet doit aussi y veiller - que ses «autres complexes » écoutent. Il arrive que des personnes entreprennent une analyse avec beaucoup de bonne volonté, généralement parce qu'elles désirent se débarrasser d'un pénible symptôme dont elles souffrent. Mais leur animus, leur anima ou quelque autre complexe s'y refuse. Cela peut se déceler, parfois, dans le regard froid et moqueur qui passe dans leurs yeux. .
C'est pourquoi il est utile d'observer le visage : il frémit parfois visiblement. Dans ces moments-là, il est très difficile de faire quoi que ce soit à propos de cette interférence. Mais si, par la grâce de Dieu, quelque chose de très puissant monte de l'inconscient, tel qu'un rêve profond et chargé d'émotion et que, toujours par la grâce de Dieu, vous réussissiez à l'interpréter d'une manière qui touche le rêveur, ces cloisons et ces barrières tombent. Il se produit une secousse entraînant une unification qui ouvre une nouvelle perspective. P.46
. Il (un patient) me dit : « Je ne comprends pas ce qui se passe. Parfois cela fait mouche, je comprends ce qui m'est dit, et puis cela s'efface à nouveau. J'ai relu mon cahier de rêves pendant les vacances et j'ai découvert que certaines des vues intérieures que je croyais n'avoir découvertes que récemment pour la première fois étaient déjà là il y a trois ans. Je les avais tout simplement oubliées. La première fois, elles n'étaient pas fixées dans ma mémoire. » Il n'y a que les plus profondes expériences qui se retiennent. Quelque chose ne peut se passer que si le Soi est activé, c'est- à- dire quand les couches les plus profondes de la personnalité sont atteintes. Quelquefois, nous semblons incapables de conserver ces intuitions de façon qu'elles produisent leur effet.
Ce problème est très proche de la vieille querelle théologique qui oppose l'action et la grâce. . Traduit en langage psychologique .. : « Une personne guérit-elle par le seul travail honnête avec son thérapeute et sa bonne volonté, ou ne guérit-elle que lorsque le Soi et l'inconscient le décident ? » .
Autant que nous puissions l'observer, il existe toujours un échange entre les ouvres et la grâce. On ne peut se passer ni des unes ni de l'autre, elles sont également nécessaires. Ni l'analyste ni l'analysé ne tient en main tous les éléments d'une situation. .
Dans ce conte, l'accent est mis sur la spontanéité : le fait initial est que le jeune homme éprouve un besoin d'aventure . il est dans la situation d'un jeune homme qui, ayant quitté son foyer, observe le monde et désire faire l'expérience de la vie. Mais il n'est pas tout à fait livré à lui-même, car un vieillard a un oil sur lui, il vient à lui et lui mendie de la nourriture.
. on voit que ce que jung nomme « l'esprit » apparaît dans la mythologie comme le « Vieil homme ». Il peut être le « Vieil homme sage » ou le « Méchant vieil homme », car le phénomène de l'esprit a un double aspect ; généralement il est l'un ou l'autre, mais le plus déconcertant est qu'il est parfois les deux ensemble. Ainsi en est-il de Mercure, le « trickster », en alchimie, qui est à la fois bon et mauvais : il dépend de l'être humain qu'il rencontre lequel des deux il sera. . ex. contes esquimaux. C'est comme si on aidait le héros d'une main et le giflait de l'autre. Sous la forme de vieil homme à la fois bon et mauvais, l'Esprit se présente comme un phénomène de pure nature.
Jung définit « l' esprit-vieillard » comme étant le pouvoir actif de l'inconscient qui invente, arrange ou .donne les images. On peut donc dire que, pour Jung, « l'esprit » est ce qui, au sein de l'inconscient, produit les rêves, le rêve étant une série d'images symboliques arrangées en séquences définies. Nous savons bien que ce n'est pas nous qui les produisons.
Nous pouvons donc définir cet esprit comme l'activité intelligente de l'inconscient. . Cette intelligence ne se montre pas uniquement dans les rêves mais aussi, quelquefois, dans les arrangements les plus inattendus du destin, dans les synchronicités et dans toutes ces expériences où l'on a le sentiment étrange que l'on est manipulé par une intelligence supérieure. Cela peut se manifester sous la forme du méchant « trickster » qui vous fait trébucher ou bien sous une forme secourable, .Comme c'est quelque chose d'actif, c'est représenté par une puissance masculine, comme dans l'archétype du dieu- esprit. Dans les contes de fées, cela peut prendre la forme du vieil homme sage ou celle du petit nain qui se manifeste toujours aux moments où l'on a besoin de lui. Il apparaît généralement, comme le remarque Jung ., dans les circonstances où le héros a un besoin urgent d' intelligence, mais en est dépourvu. . P.49
. l'archétype du « vieillard bienveillant » est activé quand la conscience a grand besoin de conseil et que nous découvrons que nous sommes incapables de le produire par nous-mêmes. Autrement dit, nous recevons cette aide spirituelle de l'inconscient seulement quand nous sommes allés jusqu'au bout de notre effort. Si, par paresse mentale, nous nous contentons de nous asseoir en espérant que l'esprit de l'inconscient nous permettra de manouvrer à travers les difficultés de notre vie, il nous jouera des tours. Mais si nous faisons le maximum d' efforts pour faire face à nos difficultés par nous-mêmes, avec un grand courage et que nous constatons que nous n'y parvenons pas, que nous nous heurtons à un mur et que c'est au-delà de nos capacités, alors, généralement, ces dons bénéfiques émergent de l'inconscient.
Dans notre histoire. Ce destin vient à lui sous la forme du vieil homme qui est une figure inconsciente indépendante. .
Le héros de cette histoire accepte volontiers de partager le peu qu'il a de nourriture avec les puissances de l'inconscient sous l'apparence de ce sage vieillard. Cela illustre une loi fondamentale qu'exprime si bien le Mercure alchimique .. : « Aide-moi, et je t'aiderai. » C'est comme si l'inconscient disait : « Donne-moi ma part, celle à laquelle j'ai droit, et je te donnerai la tienne. » Si nous ne donnons pas à l'inconscient son dû, si nous ne lui offrons pas d'attention, il ne peut rien faire pour nous.
. Avec certaines personnes, c'est sans espoir : elles préfèrent se vautrer, parfois pendant des années, dans leurs symptômes névrotiques. Il leur est demandé de montrer une certaine générosité, de désirer prendre des risques, de donner quelque chose d'elles-mêmes. Il faut être doté un certain esprit d'aventure pour pouvoir dire : « Eh bien, essayons ! Faisons un effort ! Qu'ai-je à perdre ? un effort- juste un effort est en jeu. » Ce genre d'attitude généreuse est nécessaire pour que ces puissances de l'inconscient puissent venir à l'aide. P.51
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A présent, sachant que nous avons volontairement glissé vers cette identification du héros avec un ego humain, il faut nous corriger et dire : « Dans l'inconscient collectif, sont nés une impulsion archétypique, un élan vital, vers un état de conscience plus élevé ». Cet élan vital n'est pas encore relié à une vision intérieure à la sagesse, cependant, dans l'inconscient lui-même i1 est uni à une vision intérieure et à la sagesse.
C'est cela que le partage de la nourriture représente en réalité. Ces mouvements se produisent sans cesse dans l'inconscient : certains contenus s'unissent à d'autres ou ils se repoussent. L'inconscient collectif ou l'homme intérieur - bref, l'inconscient - est semblable à un champ de particules dans lequel certaines particules s'attirent l'une l'autre et d'autres se repoussent. Elles forment des liens, puis se séparent à nouveau. C'est là un jeu éternel qui semble tendre à créer dans l'inconscient une compensation ou une complémentarité de l'état de la conscience.
. Le vieillard, au moyen du bâton et de la balle, donne au jeune homme une direction. Il fait aller vers l'endroit où les choses vont mal, là où il devra rétablir une situation juste. On peut donc dire que, dans l'inconscient collectif, se trouve d'abord simplement un élan vital créateur tendant vers des possibilités nouvelles. En lui-même, il n'a pas encore de direction. Alors il s'unit à la sagesse la plus haute de l'inconscient. Le vieil homme sage est ici un potentiel plus élevé, c'est-à-dire quelque chose de supérieur au jeune homme. Le vieil homme sage est la sagesse de l'inconscient, l'archétype de l'esprit. Il donne à l'élan vital non dirigé du jeune héros - le flux de vie dans l'inconscient - l'occasion de se mouvoir dans la bonne direction, là où il pourra aider à corriger ce qui est erroné dans le conscient collectif. P.53 La sagesse de l'inconscient aide le jeune homme parce qu'il accepte, dans sa générosité, de partager sa nourriture, de donner une certaine énergie au personnage plus âgé que lui.
Les liens entre des figures archétypiques sont très étranges. .ex. conte de fées russe.. le héros doit sauver une princesse des griffes d'un méchant dragon. ..Mais le vieux dragon qui a jeté un sort sur la princesse le fit parce que lui, le dragon, avait combattu le roi régnant. L'inimitié dans ce conte russe est donc entre le tsar -l'autorité- et le dragon. Quant au héros, il se contente de marcher sur la « voie droite » et d'obéir à l'ordre du roi de tuer ce dragon. .. Le dragon ne se venge pas sur le roi mais plutôt sur la princesse, la fille du roi. Le héros tombe amoureux d'elle. Il n'a lui-même aucune animosité contre le dragon, mais il est obligé de le tuer.
Il existe donc un jeu du destin curieux entre les contenus de l'inconscient. Parfois le processus de guérison n'agit pas directement, mais emprunte des moyens détournés. Tout se passe comme si un désordre en un endroit en engendrait un autre ailleurs. Le processus de guérison doit parfois débuter, de façon indirecte, dans une partie éloignée de la psyché et trouver lentement son chemin vers la zone centrale. C'est comme si la lumière ne prenait pas le chemin le plus court sous la forme de la droite euclidienne, mais plutôt.. suivant la voie de moindre résistance - même si celle-ci se révèle être un sentier des ?1us tortueux.
Le processus de guérison emprunte donc dans la psyché le chemin le mieux adapté possible, ce qui implique parfois un détour. Ce détour est souvent rendu nécessaire par des blocages qu'un processus de guérison « direct » ne pourrait pas surmonter.
Ex. d'un homme se plaignant de son mariage, pensant qu'il doit divorcer et les rêves montrant un problèmes de créativité : Il faut qu'il prenne le risque de faire crédit à l'inconscient. Alors, très probablement, un nouveau processus créateur commencera.
Plus tard, en observant son développement, vous comprendrez que c'était le seul point où l'inconscient pouvait communiquer avec le moi. A partir de là, toutes les autres parties du problème entier se résoudront à leur façon. P.55 ..la solution naît, en fait, dans l'un des endroits où vous vous attendiez le moins à ce que quelque chose d'important se produise ou se constelle. Il faut alors se demander : « Pourquoi donc le rêve ne parle-t-il pas de la difficulté consciente ? » Peut-être sommes-nous tellement habitués à ce que les choses se produisent d'une certaine façon que nous perdons de vue le fait que, parfois, nous devons simplement envisager l'avenir de manière aventureuse. .
Si l'on étudie de tels processus après coup, on voit qu'en réalité ils se meuvent sans aucune perte de temps ou d'énergie, en suivant la ligne la plus droite possible dans chaque situation spécifique. Un détour peut se révéler comme la ligne la plus directe. En fait, je pense souvent que notre vie tout entière se déploie suivant un circuit fait de détours, mais qu'elle suit cependant notre ligne la plus droite. .. C'est un paradoxe.
. le sage vieillard qui est la sagesse de l'inconscient, dirige la pulsion vitale du jeune homme là où l'on a besoin de lui, là où un changement est nécessaire.
Le bâton est probablement le plus ancien instrument que les êtres humains aient jamais utilisé, le premier outil que le règne animal ait inventé. (cf. singes, oiseaux). C'est, en quelque sorte, une extension de notre main et donc de la puissance de notre volonté et de notre intention au-delà de notre corps . P. 57
Dans les anciennes cultures, le bâton est utilisé, le plus souvent, pour conduire les animaux. De là l'usage du bâton évolua en sceptre royal : le roi est le bon berger de son peuple. C'est pourquoi, tel un bon conducteur de bétail, il possède un sceptre-bâton avec lequel il gouverne. Le sceptre devint donc le symbole du pouvoir de gouverner. . la crosse de évêque dans l'Eglise catholique .. représente l'autorité de la doctrine de l'Eglise.
.. un autre aspect du bâton .. les assemblées populaires (Germaines médiévales) pour statuer sur les cas de meurtres et de vols importants. Ceux-ci étaient jugés .. par un groupe d'hommes de la tribu. Avant le jugement, un homme sortait et allait couper et écorcer des branches de noisetier et en donnait une à chaque homme du groupe qui allait juger. .. serment : « Je ne jugerai pas selon ma sympathie ou mon antipathie subjective, mais je jugerai suivant la loi objective. »
Le bâton signifie donc ici une sorte de règle directrice objective qui garantit que le juge n'aura pas une attitude erronée . Le bâton, ici encore, donne à l'homme le sentiment de se trouver en présence d'une autorité qui va au-delà du moi, de ses pensées et de ses sympathies fluctuantes, vers quelque chose d'objectif. . Le bâton est donc en relation avec l'orientation, la direction objectives. Ainsi, il étend le pouvoir de notre volonté et de notre intention vers un but plus grand et plus objectif, au-delà des pulsions momentanées.
Un bâton qui rend invisible est inhabituel ; le plus souvent, c'est une cape ou un manteau. Nous avons donc à séparer les fonctions qui confèrent l'invisibilité de celles indiquant la direction objective. Se rendre invisible doit avoir affaire avec l'annihilation, l'effacement ou la mise à l'arrière-plan de la subjectivité personnelle, des traits concrets individuels. .. Par exemple, si quelqu'un travaille à une tâche importante et qu'au lieu de mettre continuellement en avant son ego il place au contraire son ouvre au premier plan, en ce sens, il « disparaît ». P.59
. cette attitude a été tellement prêchée par le christianisme que, de nos jours, elle est généralement considérée comme une très mauvaise qualité. .. nous devons apprendre aux gens à redevenir visibles, à être eux-mêmes, à être là. Mais, en elle-même, pour quiconque a une grande tâche à accomplir ou un appel à être une personne créatrice, cette attitude est toujours valable : il nous est quelquefois demandé de sacrifier nos désirs personnels du moment. .
Il y a donc toujours des moments où vous avez à supprimer quelque chose que l'ego ou les pulsions naturelles veulent, pour quelque chose de plus important. A de tels moments, cette attitude de « disparaître » a du sens.
Donc, l'une des fonctions du bâton est de représenter une attitude qui met l'ego de côté. Mais .. un bâton est aussi utiliser pour trouver sa direction. Lever le bâton signifie que l'on spiritualise cette direction, que l'on en écarte tout désir personnel.
En d'autres termes, grâce à l'intervention du sage vieillard, l'élan vital qui se sépare de l'inconscient collectif vise un but spirituel et non un but visible ou concret. .
Le bâton est important parce qu'il s'oriente vers quelque chose comme une objectivité de la direction, un projet transpersonnel, un effort vers un but placé au-delà d'une simple intention personnelle temporaire. P.61
C'est pour cela qu'il est aussi le sceptre du roi, le symbole de la souveraineté. .
. pour traverser certaines situations, nous avons à éliminer tout égocentrisme. .. cf. le Yi King.. pour accomplir une grande ouvre, on doit écarter toute gratification superficielle ou personnelle et donc, en quelque sorte, disparaître de la scène. . un but transcendant .. peut vous rendre, aussi, invisible : les autres sont incapables de vous situer. .. N'étant plus capables de vous interpréter psychologiquement, on ne peut pas vous manipuler ni vous interrompre dans votre projet.
Ceci est vrai également en ce qui concerne les processus collectifs, archétypiques. Ex. des premiers chrétiens..
. soulever une chose de terre, la tenir en l'air, signifie qu'on l'élève hors du contact avec la réalité matérielle. P.63 (ex. jeune chrétienté) .
En analyse, il ne faut pas être trop pressé de demander : « Qu'est-ce que cela signifie concrètement ? Quelles conséquences concrètes tirez-vous de cette attitude ? » , car dans certaines situations et avant que le moment soit juste, on ne devrait pas essayer d' « épingler » à terre les messages de l'inconscient.
Ceci est également valable quand on interprète un rêve à des personnes qui ont l'esprit plutôt concret. .. : « Cela a du sens, mais que vais-je faire ? » L'animus des femmes aime particulièrement à poser cette question, aussi Jung disait-il que, si une femme le fait, elle est déjà dans l'animus. Il y a certains rêves dont le symbolisme ne contient, à l'évidence, aucune allusion concrète à ce qu'il faut « faire ». Leur message devrait être compris comme étant d'ordre purement psychologique. Il devrait replonger en nous et nous transformer. Et alors, quand nous sommes devenu une personne différente, nous savons tout naturellement quoi faire ou ne pas faire « extérieurement ». Si vous êtes une personne différente, tous vos problèmes extérieurs vous semblent différents. Mais si vous voulez déduire de chaque rêve : « Qu'est-ce que cela signifie concrètement ? », vous tentez d'utiliser le rêve comme un oracle, ce qui est une attitude infantile envers le rêve et l'inconscient. C'est pourquoi, si un rêve n'indique pas clairement un pas concret à accomplir à l'extérieur, on ne devrait pas l'in- terpréter dans cette direction. .
(ex. des séances avec Jung).. je ne me forçais pas à le relier à la réalité. Je me concentrais sur le message émotionnel du rêve. Et, en général, venait un autre rêve, et le suivant et alors, un jour, finalement, venait un rêve qui suggérait un pas dans la réalité. Avant cela, le bâton me guidait : c'était là le but transcendant vers lequel les rêves menaient. Ce but n'était pas encore posé à terre, il était « en l'air ».
Elever en l'air dénote donc toujours une spiritualisation. (ex. le symbolisme de la messe). .
On pourrait dire que le jeune homme de notre conte .., en soulevant le bâton, représente un but transcendant, un mouvement vers un renouveau du conscient collectif. P.65 Parce qu'il va devenir roi, il doit poursuivre un but sous une forme non concrète.
. Partout où quelque chose de nouveau et de créateur émerge dans une culture, cela n'est généralement pas découvert tout de suite. Le public est concerné par tout le reste, mais le Sauveur est toujours né dans une étable en ruine, à un moment où personne ne se préoccupe de ce qui se passe là. Cela semble être une loi de nature, que les impulsions salvatrices nouvelles viennent des recoins où personne ne regarde.
C'est la même chose chez l'individu. (exemple d'un analysé extrêmement intellectuel .. toutes les possibilités de guérison et de rédemption apparaîtront dans le domaine du sentiment. Si l'on rend cela trop visible, l'intellect de la personne s'emparera de ce sentiment et essaiera de l'organiser intellectuellement .. le détruisant du coup. .. Si vous dîtes : « Voyez-vous, ceci est en relation avec le sentiment », il dit : « Oui, oui », parce qu'il ne veut pas admettre qu'il ne comprend pas. Et, par cela même, le processus peut continuer sans dommage.
L'autre cadeau que reçoit le héros est une balle, qui est un symbole du Soi. P.67 Mais .. si l'on parcourt de nombreux contes on y découvre un nombre incalculable de symboles du Soi. Le trésor caché est un symbole du Soi, de même que le trésor impossible à obtenir. Beaucoup d'objets avec lesquels on peut transformer ou racheter des êtres humains, baguettes de fées et autres, sont des symboles du Soi. Les châteaux ou les villes, s'ils présentent une forme de mandala, sont des symboles du Soi. Les forêts de diamant, d'or et d'argent de notre histoire pourraient s'interpréter comme symboles du Soi. On pourrait, en un certain sens, prendre le vieux sage comme un symbole du Soi. « Oui, c'est vrai, mais quel est l'aspect spécifique qui est souligné ? »
Ainsi, dans un anneau, c'est le fait d'être lié négativement ou positivement par une obligation qui est mis en relief. .. une balle.. ne touche le sol que par une très petite surface, si bien qu'il peut surmonter les lois de la gravitation et du frottement. . La balle souligne donc, tout en étant un symbole du Soi, la possibilité d'un mouvement autonome. .
La balle est aussi un symbole de la structure cosmique. .. le cosmos était conçu comme une énorme sphère composée de différentes couches. Elle est aussi, historiquement, un symbole de l'âme. (cf.) Démocrite.. Si nos âmes sont répandues dans notre corps tout entier, c'est parce que l'âme a cette structure sphérique.
La balle est aussi un symbole de la divinité. « Dieu est une sphère infinie dont le centre est partout et la circonférence nulle part ». .C'est.. aussi, quelquefois, le centre le plus intérieur de l'âme humaine.
D'après le contexte de notre conte, nous devons nous limiter surtout au fait que la balle peut rouler d'elle- même. Elle a ici, visiblement, une fonction de guide.La balle qui roule est un thème.. très répandu.. ou une pelote de fil enroulé. Dans ces cas, la balle roulera devant eux, ils n'ont qu'à tenir l'extrémité du fi1 et à le suivre.
Dans notre conte, il y a donc une nuance supplémentaire, en ce que la halle ne commence pas à rouler d'elle-même. Le jeune homme doit d'abord lui donner ne petite poussée, mais, après, il n'a pas à le faire de nouveau -une fois qu'elle a commencé à rouler, elle ne s'arrête plus. Il y a donc ici une situation très différente, parce que l'activité autonome du Soi, le processus d'individuation, ne débute pas sans une poussée initiale.
On sait que c'est souvent ce que les gens doivent faire. Une des manières principales dont le processus d'individuation devient une activité continue, d'une façon plus visible que de noter simplement ses rêves, est l'imagination active. Mais on doit la mettre en route. L'effort de commencer doit être fait par vous. . Et si vous le faites, si vous laissez tomber une imagination active et la laissez parce que vous avez trop à faire pendant quelques semaines, vous constatez que, lorsque vous la reprenez, il y a eu un arrêt total. Vous n'avez pas vraiment vécu pendant cette période. Il faut tout reprendre. (ex. femme prise par son mariage et ses deux enfants) Il semble donc que, dans le domaine de l'inconscient, rien ne s'était passé pendant tout ce temps. P.71 L'imagination active est un processus continu qui se poursuit suivant ses propres lois, mais il est essentiel que la conscience prenne l'initiative du contact.
.. notre héros.. pas l'interpréter comme un ego.est un processus qui, parce qu'il est représenté dans un conte de fées, se déroule entièrement dans 1'inconscient collectif. Figurez-vous l'inconscient collectif comme un champ électromagnétique. On pourrait alors dire que certains points y sont excités, points dans lesquels l'énergie du champ s'est concentrée.. Ces points sont les archétypes. . Le héros initie un mouvement continu et autonome, un flot de vie qu'il suit à présent. Tout se passe comme si, d'abord, dans l'inconscient, l'énergie émergeait et entrait lentement en contact avec d'autres contenus de l'inconscient, à la façon des boules de neige, et parvenait jusqu'à la conscience.
Jung pensait que l'origine d'une augmentation de conscience chez l'être humain . est due au surplus d'énergie instinctive qui n'est pas utilisée dans les occupations de survie.
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Le jeu est certainement le début de toutes les occupations spirituelles et civilisées conscientes. .(ex. des représentations rythmiques avant les peintures rupestres)..
On peut voir cette évolution chez les enfants. La première chose que fait un enfant est de produire des mouvements rythmiques. ..
Les jeux rythmiques que l'on fait avec de très jeunes enfants doivent généralement être répétés vingt ou trente fois. .. c'est comme si l'enfant répétait à un niveau individuel un mode de développement semblable à celui que l'humanité a suivi en tant qu'espèce. .
Le héros de notre histoire représente .. un surplus de vitalité qui n'est pas destiné à être investi dans un quelconque projet vital concret. .. il fait boule de neige en assimilant .. : la sagesse du vieil homme, le bâton et la balle. Cela .. s'amplifie dans l'inconscient jusqu'à ce que, finalement, cela devienne un personnage qui a un but ..et qui est guidé vers le centre du problème.
On voit donc que le nouveau processus de guérison de l'inconscient collectif est mené par des processus de régulation de l'inconscient vers l'endroit du conflit. C'est comme si, chez un individu particulier, qui souffre d'un fort conflit, une nouvelle pulsion de vie jaillissait de l'inconscient, qui ne paraît avoir aucun rapport avec le conflit lui-même. Cependant il arrive que le processus s'enrichisse progressivement et parvienne là où se trouve réellement le conflit dans le conscient. . tout ce processus de préparation dans l'inconscient au cours duquel les rêves parlaient de différents sujets construisait finalement le fondement sur lequel le conflit conscient peut se résoudre.
Notre héros.. peut pénétrer dans le domaine du conscient collectif (c'est-à-dire le royaume) et entreprendre la tâche de mettre en ordre ce qui y va mal .
Dans la plupart des contes de fées .. le roi est mauvais. Il a une attitude ambiguë. Secrètement, il ne veut marier sa fille à personne .. il complote secrètement pour empêcher sa fille de se marier et il se réjouit en réalité, d'exécuter tous ses prétendants parce qu'ainsi il peut demeurer roi. P.75
Notre conte de fées est une exception à cette règle :.. le vieux roi est terriblement malheureux de ce que ce jeu vicieux de sa fille n'ait pas été arrêté. .
La princesse, au contraire, est mauvaise. .. elle n'est pas méchante en et par elle-même, mais parce qu'elle est ensorcelée. Elle désire que tous ces hommes soient tués et ne veut pas être découverte. Son mal vient du troll. Le roi semble n'y avoir aucune part. Simplement, dans son désespoir, i1 devient cruel. .. il crée une situation dans laquelle épier sa fille devient une question de vie ou de mort : « Ou bien vous trouvez ce qui ne va pas, ou je vous tue ! »
A un niveau primitif, on peut dire que le roi agit ainsi pour renforcer le désir de réussir de ces prétendants. . Par en-dessous, il est lui-même victime d'une montée de désespoir. Il est désespéré et les gens désespérés, .. sont capables de n'importe quoi, ils sont dangereux.
Si nous regardons à présent la chose d'un point de vue psychologique, nous voyons que, dans les théories générales des névroses, on parle de la « pression de la souffrance ». . On constate habituellement que si une personne ne ressent pas cette pression de la souffrance, il n'en sortira pas grand chose. ..
Il semble que nous soyons congénitalement léthargiques. Notre tendance à nous satisfaire de continuer à aller toujours de la même façon est, en tout cas, très forte. En fait, cette sorte d'apathie se retrouve probablement dans toute la nature : c'est une grande force conservatrice qui tente à préserver le statu quo, si bien qu'il nous faut un terrible accès de souffrance pour amener quelque progrès. .. P.77
. les sauts en avant dans l'évolution ont probablement été causés par des situations absolument cruciales où la question se posait ainsi : « Maintenant, change ou disparais de la surface de la terre ! » .
Jung dit un jour que la plus forte passion chez les humains n'est pas la faim, le sexe ou le pouvoir, bien que ces passions soient très fortes : la plus forte passion est la paresse. .
L'un des plus grands problèmes en analyse est que l'on voit souvent des gens traîner avec leurs problèmes et vous avez le sentiment que quelque chose d'affreux va se produire s'ils ne se réveillent pas. Ils sont bons pour un quelconque traitement de choc. Et alors se pose la question de savoir : devez-vous vous-même administrer le traitement de choc ou bien devez-vous en laisser le soin au destin ? .
. ce que le roi doit affronter est une situation qui doit être comprise comme cruciale. Il se tient, d'autre part, dans une certaine relation avec une forme particulière de primitivité, celle, brute, du troll.
Chaque fois qu'une telle primitivité brute, barbare, tente d'émerger de l'inconscient, que ce soit dans une nation ou chez un être humain particulier, une discipline équivalente et stricte de la conscience est nécessaire. P.79
Ex. début civilisation et discipline militaire.., la chevalerie.., la législation des tribus primitives : couper la main d'un voleur etc. .. il faut comprendre ces règles dans leur contexte. Symboliquement, cela concrétise le fait qu'en face de forces brutes une fermeté absolument brute est utile.
. Quand une personne est confrontée au fait, par exemple, de se laisser aller à boire, à des accès de rage ou à la promiscuité, elle peut devenir esclave de ses pulsions primitives. Lui ou elle viendra en analyse avec le désir d'être compris et traité comme étant malade, pitoyable. Mais le moment vient toujours, dans la vie de ces personnes où elles devront affronter un choix brut ; elles doivent se dire : « A présent, tu sais pourquoi tu bois, pourquoi tu prends plaisir à ces accès de rage et tu ne veux pas rendre de décision ; maintenant que tu vois tout le contexte et que c'est bien compris, c'est le moment de faire le dernier pas, de dire non ! » Et ceci doit être une décision absolument ferme. Bien entendu, quand les gens doivent affronter une pareille décision, ils disent toujours : « Mais je ne peux pas. Je le veux mais en suis incapable. Je le désire de toutes mes forces mais, vous voyez, quand je me trouve dans telle ou telle situation, c'est plus fort que moi, cela me submerge. »
Nous avons à peser de tels sentiments très soigneusement parce que c'est souvent vrai que les gens ne peuvent gérer certains besoins ou désirs. Ils sont ensorcelés par un troll, en quelque sorte, et les trolls sont les plus forts. Ils vous possèdent et vous dominent. Pour pouvoir prendre une ferme résolution contre des pulsions primitives, il faut savoir à coup sûr si cela est possible. Et cela est très difficile à évaluer. On peut l'apprendre en partie par les rêves, car ceux-ci vous disent quelquefois que c'est maintenant possible.
Quelquefois, c'est seulement la mauvaise volonté ou la paresse qui fait que l'ensorcellement se prolonge. . C'est le moment où les processus de construction de l'inconscient ont atteint le point où la conscience pourrait changer. P.81
C'est la raison pour laquelle l'individuation doit être comprise comme un problème éthique. Il se produit toujours à nouveau des situations où tout dépend de l'attitude éthique de la conscience.
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Les problèmes inconscients des gens peuvent avoir une telle influence suggestive qu'ils peuvent vous aveugler ou vous endormir. Il y a parfois chez le patient une forte résistance à faire monter une certaine difficulté. Et cette attitude vous contamine. Vous devenez absolument stupide. Il y a un quelque chose qui vous mpêche d'atteindre le problème. . vous vous rendez compte que l'espèce de somnolence dans laquelle vit le patient s'est étendue comme un nuage sur vous. C'est comme si vous aviez été incapable de voir ce qui est juste sous votre nez parce qu'il y avait en quelque sorte une résistance dans l'atmosphère qui empêchait de le voir.
C'est là l'ouvre d'ensorcellement des complexes inconscients. Le patient est ensorcellé. . Il ne ment pas ni ne cache rien .. C'est terriblement contagieux. .. P.83
. J'ai eu une analysée qui avait sur moi un très fort effet de ce genre. C'était une personne très sympathique et amicale. Nous nous entendions très bien, ce qui explique peut-être en partie ce qui se produisit. Elle avait un problème inexplicable : plusieurs fois, plus ou moins en dépit de son jugement et de sa volonté, elle avait couché avec des hommes, était tombée enceinte et avait avorté de l'enfant. Ceci s'était produit en marge du reste de sa vie, pour ainsi dire, comme une action autonome de la main gauche. Quand elle vint me trouver, elle avait des rêves peu nombreux mais plutôt plaisants, tous très clairs. Quelques ombres et autres - .. rien qui indique ces tragédies. Les rêves n 'y touchaient pas, mais ce qui me frappa fut que, après l'heure, j'étais toujours dans un état de somnolence. .Elle alla beaucoup mieux. Elle avait un grave symptôme physique qui disparut complètement, si bien qu'elle se crut déjà guérie. . Mais je ne comprenais toujours pas ce qui s'était produit et pensais : « Cela me rend vraiment folle ! »
Le jour de notre rencontre suivante, .. au moment d'arriver à mon garage, je me dis : « Damnation ! Que se passe-t-il avec elle ? » Distraite, je sortis ouvrir la porte du garage et rentrai dans la voiture. ... Je n'avais pas refermé ma portière et elle était démolie. . Alors, je sentis que j'avais été eue !
Plus tard, je demandai à Jung : « Comment ces choses peuvent-elles être reliées ? » . Il rit et dit : « Ne voyez-vous pas ? L'inconscient vous a fourni le diagnostic. Elle est tombée enceinte et a détruit son corps par pure stupidité. Et c'est ce que vous avez fait avec votre voiture ! C'était aussi pure stupidité. Et l'inconscient vous a amenée à le faire pour que vous compreniez que c'est ainsi que cela lui est arrivé, simplement un moment de complète stupidité. Il n 'y a rien de plus par-derrière. C'est pourquoi l'inconscient ne fait pas de commentaires à ce sujet. » Plus tard, je découvris que le frère de son père était anormal. Elle-même n'était pas retardée du tout, mais quelque part, elle devait en être influencée. Donc, à ce propos, Jung m'apprit que vous devez toujours observer ce que fait votre corps quand vous ne comprenez pas un patient. Votre corps vous dit souvent de quoi il s'agit.
Quand une pareille somnolence se présente, un traitement de choc est nécessaire, mais la question se pose à nouveau de savoir qui, de la nature ou de l'analyste, doit le produire. C'est un problème très délicat car, en le produisant délibérément, on fait montre de pouvoir. Je dirais que vous ne devez le faire que si vous avez un sentiment d'un danger réel imminent. Quelquefois, dans une situation de ce genre, je suis bouleversée et je P.85 dis : « Damnation, vous devez vous réveiller ! » et parfois j'en dis presque trop parce que je désire désespérement réveiller la personne. J'ai un sentiment de panique parce que je me sens concernée. .
Mais il n'est pas question ici de somnolence qui appelle un choc car, dans notre histoire, le héros se réveille de lui-même. La troisième nuit, il fait un réel effort pour rester éveillé et il y réussit. .
La jeune fille en blanc . ne fait qu'apparaître et tester le jeune homme avec l'aiguille d'or, avec laquelle, plus tard, il tue le troll. Elle est aussi celle qui, en route vers le troll, calme chaque fois la princesse en lui disant que personne ne les suit et que ce qu'elle entend n'est que le vent. . Elle est un spectre qui apparaît et disparaît.
Essayons d'amplifier ce thème .. Il n'est pas possible de tirer grand-chose de ce personnage, parce que le contexte ne révèle pas qui elle est, sauf qu'elle appartient au troll, répand l'inconscience et possède l'arme avec laquelle le troll sera finalement tué .
Il y a un conte norvégien qui s'appelle « Les princesses dans le pays blanc ». .
Nous avons ici la même combinaison : le troll est en relation avec le pays de pure blancheur. Il a, ici encore, emprisonné le principe féminin dans ce pays blanc. La blancheur est ici, à l'évidence, une chose négative, associée aux malédictions et aux ensorcellements, comme celle de la jeune fille de notre histoire danoise. La couleur blanche est, en elle-même, comme le noir, une « non-couleur ». En allemand, le mot blank signifie « brillant », c'est la même racine que le mot français « blanc ». Elle donna aussi le mot anglais « black ». On constate donc que, même en sémantique, noir et blanc sont interchangeables. Ajoutons que, partout dans le monde, la couleur du deuil est soit le blanc, soit le noir. . Les couleurs de la mort, blanc et noir, sont donc équivalentes.
En langage psychologique, le blanc et le noir sont en rapport avec les plus lointaines profondeurs de l'inconscient, là où il devient une structure presque abstraite, dénuée de sentiment humain.
Il arrive que, dans des rêves qui vont très profond, on trouve des représentations du Soi, par exemple, sous forme d'une pierre d'une sorte ou de l'autre. Ou bien les gens rêvent d'un espace cosmique froid rempli de structures abstraites curieuses dans un ordre secret. Certaines personnes ont d'étranges rêves mathématiques qui orientent vers de mystérieux paradigmes représentant les niveaux les plus profonds de la psyché, l'inconscient collectif. Mais ils ont tous comme caractère commun de n'avoir pas de relation avec la vie.Nous ne pouvons pas avoir d'empathie envers ces choses. On ne sent pas ce qu'elles signifient. Elles peuvent être très intéressantes et fascinantes, mais elles sont très éloignées de l'expérience humaine.
Si donc le contexte d'une histoire donne une valeur négative au noir ou au blanc, il faut se rappeler leur relation avec la mor. .. le grand Nord est la terre arctique, le pays blanc. Là-bas, la vie animale diminue jusqu'à ne presque plus exister. On ne peut y vivre. C'est un monde de glace et de neige éternelle, un monde dans lequel nous pouvons à peine pénétrer. La couleur blanche est encore associée à la neige dans son aspect négatif de froid et avec l'étrange froideur inhumaine de la psyché inconsciente. Je m'avancerai donc à penser que le troll est un pouvoir secret qui s'est gelé, en quelque sorte, en se séparant de la chaleur humaine.
La jeune fille en blanc a peut-être été la première victime du troll et maintenant elle en est la messagère. Elle pourrait même être son épouse, nous ne le savons pas. Mais il doit exister une quelconque relation vitale entre eux, car elle détient l'arme capable de le tuer. Elle connaît son secret ; elle possède ce dont sa vie dépend. C'est ce personnage-là qui vient chercher la princesse pour la faire descendre dans le royaume du troll. P.89
. au début de l'histoire il n'y a pas de figure maternelle. Le jeune homme n'a ni père ni mère. Dans la forêt, il rencontre le vieil homme, un père spirituel .. Où se trouve l'archétype de la mère ?
En général, quand l'archétype de la mère n'est pas représenté dans le champ du conscient collectif, on trouve son équivalent quelque part dans .. les caractéristiques du domaine inconscient compensaeur, mais je ne peux le trouver dans cette histoire. Il y a bien un thème qui suggère le symbolisme archétypique de la mère .. Mais la plus grande partie de l'histoire est caractérisée par une extrême faiblesse du principe féminin. Je pense qu'en un sens la jeune fille en blanc est justement le symbole de ce manque. Le féminin est presque inexistant. Le troll a pris toute sa vitalité. .. la figure maternelle, l'archétype du maternel, n'a pas pris de forme propre. Elle pourrait cependant se trouver mêlée à celle du troll, parce que les trolls sont des personnages neutres qui peuvent être mâles ou femelles. .
Cette extrême faiblesse du principe féminin est un héritage spécifiquement germanique. .. tendance à montrer une absence de forme de féminité. Bien entendu, on peut dire qu'il y a tout autant de féminité chez eux que chez n'importe quel autre société ou groupe humain, mais cela n'a pas de forme. Cela voudrait dire que les hommes n'y ont pas de culture de l'anima. ..
.. vague sentiment que vous devez vous excuser d'être femme. Les hommes, vous traitent avec .. politesse .. vous tiennent la porte, vous aident à enfiler votre manteau et ainsi de suite. Ce pas qu'ils ne vous traitent pas correctement mais on a le sentiment diffus qu'il manque quelque chose.
Et puis vous allez à Paris et, .. vous vous sentez absolument chatte .ils remarquent que vous êtes une femme. Cela peut se passer à un niveau inférieur ou à un meilleur niveau . vous n'êtes ni un homme, ni neutre. II y a comme une atmosphère d'anima. C'est pourquoi on a tant de plaisir à être en Italie, en France.. Il y existe une certaine culture de l'anima dans laquelle les hommes sont conscients des femmes.
.. vous avez le sentiment que les hommes, .. sont bien plus heureux quand ils se retrouvent . P.91 entre eux : « les dames pourront ainsi bavarder dans :la est dû à un certain type de développet culturel et peut-être, à l'arrière-plan, aux tribus lIes ont conservé leur ordre social patriarcal guerrier alors que d'autres tribus qui s'étaient installées plus tôt, en deveagriculteurs et en se fixant sur les terres, ont développé des qualités féminines et des qualités d'anima.
. une blessure sérieuse est représentée dans ce récit, dans cette étrange « non-présence» du principe féminin. Certaines femmes nordiques sont comme des trolls ou des fées ; elles sont très aimables, jolies et polies, mais vous ne ressentez pas avec elles de contact humain. Elles paraissent vivre dans un rêve. .
Mais le féminin est néanmoins un problème dans les pays germaniques. .. c'est la raison pour laquelle les féministes y sont actuellement si féroces ; c'est parce que les femmes se sentent incertaines de leur propre féminité. Elles ne se sentent pas reconnues et cela est tout aussi vrai de l'anima chez l'homme.
Donc, cette jeune fille en blanc est un personnage froid, mortel, semblable à un spectre, qui attire la princesse chez le troll, mais elle possède aussi l'aiguille en or qui peut le tuer. Il en est toujours ainsi : le facteur de guérison est généralement caché dans cela même qui rend la personne névrotique. La névrose est toujours comme un paquet dont l'emballage est déplaisant, et quand vous ouvrez le paquet, vous y trouvez l'élixir guérisseur. La névrose elle-même contient ce qui guérit. Il est inutile de chercher ailleurs car, .. la névrose est un essai manqué de guérison du déséqui-libre psychique.
La Nature ouvre de deux façons. On peut observer comme la Nature vous veut du bien et produit des remèdes, mais parfois elle va trop loin et vous tue. Ainsi, la fièvre est en elle-même le signe que le processus de guérison est en route. .Mais si elle est trop élevée, vous pouvez en mourir. C'est ainsi que le processus de guérison, dans la nature, peut dévier. .. médecine .. basée .. sur l'idée d'aider et de régulariser les processus de guérison existants dans la nature en les aidant à ne pas se dévoyer. .. vrai aussi en psychothérapie. C'est pourquoi cette jeune fille blanche, froide et cruelle qui pique le héros possède aussi l'aiguille guérisseuse. .
.. lorsque quelque chose de froid dans l'inconscient est envahissant, une attitude d'égale froideur est quelquefois nécessaire pour la vaincre.
C'est une chose que l'on a souvent mal comprise chez Jung. Aussi bien en analyse qu'en dehors de l'analyse P.93 . une froide détermination de façon à balayer une attitude erronée.
Naturellement, il vaut mieux se retenir d'agir ainsi à moins de savoir le faire. Il est préférable de ne pas jouer avec ces aiguilles d'or, en tout cas pas avant de les avoir essayées sur vous-même.
Certaines personnes sont . incapables de s'asseoir et de se regarder et de ramener les choses à leur vraie valeur. Cela est pourtant nécessaire. Il est évident qu'une femme ne doit pas faire cela avec son animus, car cela reviendrait à rabaisser ses propres valeurs et à les détruire. C'est ce que l'animus adore faire - rabaisser les vraies valeurs d'une femme, en lui disant tout ce qu'elle n'est pas .. Ça, c'est le troll. Le troll détruit les vraies valeurs. Pour empêcher le troll de détruire les vraies valeurs, on a parfois besoin d'user d'un sarcasme absolument réducteur contre sa propre ombre et son propre animus. .. sans aucune complaisance sentimentale envers soi-même .. Autrement, on ne peut achever de nettoyer en soi certains recoins sales. Il y a toujours des choses que personne d'autre ne pourra vous dire ; il faut se les dire soi-même. Elles sont tellement négatives qu'on ne supporterait pas de se les entendre énoncer par quelqu'un d'autre, alors il faut avoir l'honnêteté de se les dire.
Venons-en maintenant à l'aiguille. .. commencer par le plus extérieur, .. les associations prises dans le langage. Vous connaissez tous l' expression « piquer quelqu'un ». Qu'est-ce que c'est que piquer quelqu'un ? Epingler ou piquer une personne a généralement à faire avec le fait d'aiguillonner le complexe de cette personne ; on épingle les gens, .. en faisant des remarques personnelles particulières à leur sujet. Et si l'on veut que les remarques piquantes soient agissantes, il faut les faire à propos d'une chose au sujet de laquelle on sait que cette personne est complexée. .
. si un complexe est touché : on est incapable de répondre, on est dans un état de confusion et l'aiguille de sorcière continue son chemin. L'aiguille dirige un flot d'énergie psychique sur votre complexe.
.. l'efficacité de la sorcellerie archaïque et des malédictions qui rendaient les gens malades étaient dus à ce genre d'activité. . P.95 .. les maladies étaient provoquées soit par des épines semblables à des aiguilles, ou des cailloux pointus ou quoi que ce soit de façonné de façon à pouvoir servir à piquer. .
On retrouve toujours l'idée qu'un projectile a rendu la personne malade. Cela peut venir, .. ,d'un dieu ou d'un être humain, et cela est étroitement lié à des projections négatives. Vous pouvez projeter des choses négatives sur d'autres personnes et ces projections peuvent les atteindre et les rendre malades.
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Il y a donc des aiguilles qui vous rendent malades, des aiguilles qui vous endorment et des aiguilles qui vous épinglent dans un état de confusion d'esprit. .. la personne .. ne peut vous répondre. . Elle est momentanément repoussée dans l'inconscient et devenue vulnérable. L'art d'épingler .. D'aucuns en usent inconsciemment et d'autres consciemment, mais ces remarques piquantes à un certain moment déstabilisent l'adversaire. . ne font qu'utiliser les forces qui jaillissent d'elles-mêmes de l'inconscient.
Dans notre histoire, la jeune fille en blanc se sert de l'aiguille de la manière mauvaise. . (mais tourne en positif donc pas si mauvais que ça)
L'aiguille permet d'assembler des morceaux de tissu, c'est pourquoi elle représente aussi le lien - l'éros - en joignant ce qui ne tiendrait pas ensemble autrement. Dans un contexte psychologique, même si nous épinglons quelqu'un de façon négative, nous lui témoignons au moins de l'intérêt. . P.97 .
. Chaque fois qu'elles veulent éveiller l'intérêt d'une autre personne, elles commencent par faire des remarques personnelles négatives. .. cela leur est égal que l'autre pense positivement ou négativement à leur sujet ; le principal est de faire en sorte que cette personne la remarque. .. c'est le début d'un état de transition dans lequel l'aiguille commence à montrer aussi des aspects positifs qui sont de créer un lien - en reliant sa propre vie à celle de l'autre.
Dans notre conte de fées, l'aiguille est en or. L'or représente toujours la valeur la plus haute et, d'ailleurs, nous découvrons plus tard que c'est l'arme ultime, la eule chose capable de tuer le troll. Il est donc juste l'interpréter l'aiguille comme un objet positif. En dépit du fait qu'elle est elle-même une figure négative, la jeune fille en blanc détient l'instrument de la rédemption.
. Bien que beaucoup de femmes scandinaves aient une féminité non développée et froide due à un manque de déesse dans leur religion, elles ont aussi une certaine authenticité ; il ya une franchise chez elles qui représente un potentiel à partir duquel leur féminité pourrait se développer. . L'aiguille indique aussi cette qualité, cette faculté d'atteindre le fond du mal en soi-même. Sur un plan personnel, cela signifie que les femmes sont capables de voir leur propre animus négatif et de reconnaître leur propre ombre.
La jeune fille blanche plante l'aiguille dans le talon du jeune homme. Nous savons par l'histoire .. d'Achille que le talon est un endroit particulièrement sensible ; il est devenu, de ce fait, le point faible proverbial du héros. Premièrement, le talon est derrière nous ; il signifie par conséquent un endroit où l'on ne peut pas très bien se voir - où l'on est inconscient de soi-même. De tels endroits ne sont pas gardés et sont vulnérables .. Deuxièmement, le talon a affaire avec le pied et se trouve donc en relation avec notre point de vue. L'endroit où le héros est aveugle dans son point de vue est précisément l'endroit où la jeune fille en blanc le frappe. Mais elle ne l'atteint pas parce que le jeune homme reste éveillé et retire l'aiguille pour s'en servir plus tard. En d'autres termes, il est conscient de sa propre faiblesse puisqu'il sait qu'il doit lutter pour rester éveillé.
Après avoir pris l'aiguille, il voit la princesse et la jeune fille en blanc .. découvrir une porte dans le mur. .. elles descendent quelques marches et arrivent à ces forêts d'argent, d'or et de diamant. .. traversent un lac .. Ceci est, à l'évidence, une descente dans des couches plus profondes de l'inconscient.
.. il est commode d'imaginer l'inconscient comme ayant plusieurs niveaux : le plus élevé, le plus proche de la conscience et le plus profond qui en est le plus éloigné. Ces niveaux correspondent aussi, plus ou moins, à l'évolution P.99..historique des civilisations, chacune de ces couches se fondant en une encore plus profonde, plus primitive et correspondant à une étape plus ancienne de l'humanité.
Très souvent, dans les contes de fées, on pénètre dans ces couches plus profondes en tombant dans un puits, dans une faille ou un trou dans le sol. Mais quelque fois le thème est celui d'une porte dérobée derrière laquelle se trouve un escalier qui descend. Quand exise une semblable construction humaine, cela indique le fait que les couches plus profondes de l'inconscient ont été, à une époque, reliées à la conscience, bien qu'elles soient, depuis longtemps, oubliées ou réprimées. Mais la structure permettant de descendre plus profond est toujours là. Il n'est pas nécessaire de tomber, vous pouvez descendre marche après marche. Dans notre conte le voyage de la princesse, de la jeune fille et du jeune homme signifie clairement une descente dans des couches plus profondes de l'inconscient, car ils parviennent dans le domaine de la nature : les bois et le royaume du troll. .
. Dans les pays germaniques . pas plutot commencé à développer une religion polythéiste plus structurée avec un culte, des prêtres et une organisation que cette structure fut brutalement interrompue par la religion chrétienne. Les chênes de Wotan furent abattus, .. et par-dessus s'implanta une religion de haute qualité spirituelle .
C'est pourquoi les peuples germaniques manquent d'une relation pleine et harmonieuse avec les couches plus profondes de l'inconscient que leur offrait la religion préchrétienne. Le résultat de ceci est que ces peuples souffrent d'explosions répétées de primitivité venues de cette couche plus profonde de l'inconscient qui n'est pas organiquement reliée aux couches supérieures de la psyché. C'est justement ce qui se produit dans notre histoire, du fait que le troll s'est emparé de des quatre royaumes, plus une partie du quatrième.
Cependant, .. quelques relations avec les couches plus profondes de l'inconscient, .. récits folkloriques et .. traditions sur les trolls et les esprits de la nature .. comme ces escaliers qui descendent : grâce à eux, les gens ont conservé un moyen de se relier à P.101 l'inconscient, même si ces escaliers sont cachés et devenus invisibles. .
Le trio parvient ensuite à ces étranges forêts d'argent, d'or et de diamant. .. forêts d'un genre tout à fait contraire à la nature, inorganiques ; .. le troll a ensorcelé les gens, les animaux et toutes choses vivantes dans ces trois royaumes, les transformant en matière inerte.
.. thème très étrange parce que, en mythologie, l'argent, l'or et les diamants ont généralement des implications extrêmement positives. .. symbolisme alchimique montrant les étapes du développement de la prima materia. L'or ou le diamant y sont le plus haut achèvement, le but à atteindre. Ici, au contraire, le thème a une connotation complètement négative. .. un état maudit .
.. un conte de fées norvégien qui contient le même thème, appelé « Kari au costume de bois ». .. une princesse .. maltraitée par sa belle-mère et s'enfuit de chez elle avec l'aide d'un Taureau bleu. Ils doivent traverser des forêts d'argent, d'or et de diamant. Le Taureau dit à la jeune fille de ne pas en toucher une seule feuille .., mais dans chaque forêt, elle ne peut s'empêcher de toucher une feuille et, chaque fois, un troll à trois, puis à six et enfin à neuf têtes apparaît. . LeTaureau bleu doit se battre contre les trolls et parvient à les vaincre avec la plus grande difficulté. .. version tardive de l'histoire de Cendrillon.
.. autre parallèle .. dans .. les romans d'Alexandre le Grand. Alexandre va dans différentes places du paradis, faites d'argent, d'or et de diamant. Puis il est sommé par une voix venue du ciel ou par les voix d'esprits de retourner sur terre. .
. ces forêts d'argent, d'or et de diamant sont en relation avec un état paradisiaque et peut -être un état de complétude après la mort, seulement, dans notre histoire, elles ont une connotation négative. Nous pourrions avancer cum grano salis que le troll a ensorcelé les habitants de ces trois royaumes jusque dans le pays de la mort qui est aussi le paradis. Mais il les a déshumanisés trop tôt, avant que leur temps de vie soit accompli.
On peut aussi regarder la chose sous un autre angle. Dans chaque être humain et dans chaque culture on trouve quelque part un « paradis onirique ». Soit que cela se trouve projeté dans le passé de l'histoire sous la forme d'un quelconque Age d'Or où tout était parfait et à partir duquel la réalité humaine a lentement dégénéré, P.103 soit que le fantasme du paradis soit conçu comme un but eschatologique. .. la Jérusalem céleste de l'Apocalypse .. descend du ciel en terre, en tant que but futur. C'est comme si nous venions d'un rêve de paradis et allions vers une terre rêvée de paradis, ma grande différence suivant que le paradis est derrière nous ou devant nous.
Le paradis en lui-même, qu'il soit représenté sous la sorme d'une structure quaternaire comme celle du mandala ou comme une sorte de jardin zoologique ou encore sous la forme, plus tardive, d'une identification à la cité céleste comme dans l'Apocalypse, est un symbole féminin. .. il n 'y a nulle part, dans toute cette histoire, de figure maternelle. . ce paradis ou ces trois forêts contiennent l'élément maternel, mais sous une forme complètement négative et régressive. Cela signifie qu'il faut donner à ce rêve ou idéal ou paradis une connotation négative et supposer qu'il est un fantasme enfantin de bonheur, d'absence de souffrance, de vivre heureux sur terre - une utopie névrotique comme l'a .. décrite Jung dans Métamorphoses de l'âme et ses symboles. (chap.VI)
Le paradis idéal - les trois forêts - représente dans notre conte un désir régressif de retour au sein maternel qui nous empêche de vivre avec un but, de regarder vers le futur.
Un détail intéressant de l'histoire du thème du paradis est que, dans les sources médiévales .. on trouve souvent la mention .. de ce que le paradis où vivaient Adam et Eve .. était situé à l'Ouest. Mais, après la chute, le paradis se trouva secrètement transféré à l'Est. L'Ouest est la partie de l'horizon sur laquelle sont projetés le soleil couchant, la mort, la descente dans le monde d'en-bas, la fin de la vie, la fin d'une culture. L'Est, la place de l'aube, est toujours l'endroit d'où vient l'illumination, où la lumière naît et où l'illumination mystique a lieu .. Le texte.. Aurora Consurgens souligne que l'Est est le lieu de l'aurore, de la nouvelle forme de conscience, là où la conscience culturelle renaîtra après un temps de déclin et d'obscurité. On retrouve ce symbolisme dans la religion égyptienne, dans laquelle le vieux roi soleil descend à l'Ouest tel un vieillard décrépit et renaît en tant qu'Horus, le jeune enfant soleil, à l'Est.
Le paradis a, par conséquent, deux connotations différentes. P.105 Quand il se trouve situé à l'Est, il est le lieu de renaissance et d'une nouvelle forme de conscience. Mais quand il se trouve à l'Ouest, il est régressif, lié au passé qui nous séduit par des fantasmes enfantins et utopiques.
. remarquer.. le matérialisme dialectique du communisme soit fondamentalement voué à ce rêve utopique d'un paradis de bonheur terrestre, celui de ramener un ciel en terre, mais sur un plan primitif, matériel. C'est là une illustration de ces forêts d'argent, d'or et de diamant dans les mains du troll. Il y aurait là un terrible esprit primitif non racheté lié à une sorte de rêve enfantin de chance et de bonheur, maté- riel parce qu'il est dans le domaine de la mater-materia. .. les fantasmes utopiques dans la politique européenne. Chacun contient ce double aspect : le rêve régressif ; infantile, qui est de ramener le ciel sur terre de manière irréaliste et la relation avec les conduites les plus primitives qui sont personnifiées ici par le troll.


CHAPITRE II : LES TROIS OILLETS
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Il y a d'un côté, une mère et ses trois fils mais pas de père et, de l'autre côté, un père et sa fille, mais là, c'est la mère qui manque. Ces deux groupes incomplets s'unissent plus tard .
Toute l'histoire est centrée sur le jeu réciproque entre la famille du paysan et de sa fille et celle de la mère et de ses trois fils. .
. l'héroïne, ne se met pas en route dans l'intention d'exécuter des actions héroïques, elle est amenée à les faire sous la pression des calomnies des servantes. C'est là un thème que l'on rencontre plus fréquemment à la cour d'un roi. P. 139